Après notre test de la première saison de The Walking Dead, c’est assez logiquement au tour de la saison 2 de faire son apparition sur Xbox One. A nouvelle saison, nouveaux personnages et nouvelles intrigues : c’est désormais la jeune Clémentine que l’on dirige au milieu des morts-vivants de ce point’n click signé Telltale Games. Après que nous avons fait part de notre incompréhension vis à vis de l’adaptation peu inspirée de la première saison sur Xbox One, voyons ce que nous réserve la seconde.
So lonely
On ne trahit pas de grand secret en lâchant le pitch de cette saison 2 : le joueur n’est plus aux commandes de Lee, mais de sa petite protégée, Clémentine, 16 mois après la fin de la première saison. Cela modifie la perspective de jeu, car il ne s’agit plus d’avoir la responsabilité de quelqu’un, mais d’agir par soi-même.
Si Lee devait parfois surveiller son attitude et ses propos pour éviter d’exposer Clémentine aux réalités du monde, la problématique est très différente quand le joueur joue directement le rôle de la petite fille. On se rend compte qu’on prend intuitivement des décisions plus radicales et que l’on cherche moins le compromis que dans la saison 1. Ce changement de personnage n’est donc pas anecdotique et permet d’explorer une nouvelle façon de jouer, ce qui est une excellente nouvelle. Clémentine n’étant plus protégée, elle est contrainte de s’endurcir très rapidement pour survivre, parfois à l’excès. Les premiers épisodes iront d’ailleurs en ce sens, la plongeant dans des situations toujours plus extrêmes et déprimantes, afin de pousser le joueur dans ses derniers retranchements. Une bonne idée scénaristique qui relance d’emblée l’intérêt du jeu.
Des différences de Gameplay ?
Après le succès de la première saison, Telltale était obligé de prolonger la formule du point’n click simple d’accès, qui mise tout son intérêt sur le scénario. C’est donc sans surprise que l’on retrouve les fondamentaux de la série : déplacements limités et actions évidentes. On notera toutefois que les objets ne sont plus automatiquement sélectionnés pour résoudre une action (ce qui n’augmente pas la difficulté, on vous rassure). De leur côté, les scènes d’action sont plus nombreuses qu’auparavant et occasionnent donc davantage de QTE. Ces derniers ne sont pas très méchants et s’insèrent plutôt bien dans l’histoire, même si on a tendance à les voir arriver de loin. Les énigmes sont toujours d’une simplicité enfantine, et il faudra vraiment y mettre du sien pour se retrouver bloqué. Heureusement, car l’intérêt est ailleurs, et plus précisément dans les dialogues souvent intenses et les choix cornéliens imposés à Clémentine.
Clémentine, quand tu fermes les yeux
Ce sont ces choix impossibles qui font incontestablement tout le sel de la série. Prendre parti pour l’un contre l’autre, tenter de sauver X et abandonner Y font partie du quotidien de Clémentine, soumise à un stress de plus en plus intense alors que les épisodes défilent. Entre urgence de survie et empathie nécessaire, il est parfois difficile de se décider. A quoi bon survivre si l’on perd toute humanité est d’ailleurs une question judicieusement posée au joueur persuadé que seule la loi du plus fort doit s’appliquer. Comme dans la saison 1, les arcs scénaristiques restent néanmoins limités, même si on notera avec plaisir que plusieurs fins différenteseront déclenchées par les décisions prises dans l’épisode 5.
Cette absence de liberté générale n’est toutefois pas vécue comme une contrainte tant la qualité d’écriture reste au rendez-vous, enrichie par un niveau de mise en scène parfois exceptionnel. Si l’ambiance de la saison 2 est globalement désespérée et a tendance à heurter le joueur chaque fois davantage pour le pousser dans ses retranchements, certains passages particulièrement réussis apportent un peu de répit aux coeurs trop endurcis. Ceux qui liront ce test après avoir fini le jeu se souviendront avec émotion d’un passage 100% fanservice lors de l’épisode 5 qui viendra délicatement chatouiller vos glandes lacrymales.
Contenu et technique honteux
Nous avions longuement détaillé les carences de traduction dans notre test de la saison 1, ainsi que notre profonde déception devant le manque de contenu, surtout après un tel succès. Pour la saison 2 le verdict est clair et précis : il y a encore moins de contenu que pour la saison 1, et les ennuis techniques se sont largement amplifiés. Pour le contenu, la saison 2 ne comporte que 5 épisodes là où la saison 1 proposait pour le même prix un épisode bonus. Un petit making of ou la possibilité de télécharger un comics Walking Dead via Smartglass aurait été la bienvenue. C’est trop demander, évidemment. Côté technique, le jeu touche le fond avec des freezes inexplicables qui viennent littéralement bloquer l’action pendant une dizaine de secondes lors des sauvegardes automatiques, mais aussi parfois en plein QTE. On croit rêver ! Quant à la version française (sous-titrée uniquement), il faudrait vraiment indiquer aux traducteurs que “it sucks” ne veut pas dire “ça aspire”, ou que “let’s spread out” ne saurait être traduit par “étalons-nous” quand on parle d’un groupe qui veut se disperser. C’est tout simplement une HONTE que de laisser sortir un jeu aussi réussi avec de telles errances techniques, qui mériteraient que l’on demande à Telltale Games un remboursement intégral de l’achat. Nous espérons (sans y croire) que le message est passé.