Test - Styx : Master of Shadows

«Là tu m’vois, là tu m’vois pas» , - 5 réaction(s)

Vous avez une passion secrète pour les gobelins, Assassin’s Creed, Thief et Dishonored ? Alors mettez le tout dans un shaker, rajoutez un peu d’humour, quelques jolies idées, et vous aurez un aperçu de la nouveauté signée des frenchies de Cyanide (Of Orcs and men, Blood Bowl) éditée par Focus Interactive. Styx, Master of Shadows déboule sur Xbox One, PC et PS4 pour cette fin d’année, et a pour belle ambition de ne pas passer inaperçu au milieu des sorties du Noël. Pari réussi ?

Une forteresse forcément imprenable…

Un terrain de jeu vaste et intéressant

Si, pour beaucoup d’entre vous, Styx est un nouveau venu, il n’en est pourtant pas à sa première aventure vidéoludique puisqu’il avait fait ses premières armes dans Of Orcs and Men, un jeu d’aventure/action sorti il y a deux ans sur PC et PS360. Styx est un gobelin rusé et débrouillard, véritable spécialiste du cambriolage, de l’espionnage et de l’assassinat silencieux. Shooté à l’Ambre (on pourrait même dire qu’il est tombé dans la marmite quand il était petit), il dispose de pouvoirs exceptionnels qui l’aident à survivre dans l’impitoyable Tour d’Akenash. Cette gigantesque zone fortifiée (et très surveillée) est bâtie autour de l’Arbre-monde, source de l’Ambre, une mystérieuse substance aux effets aussi puissants que ravageurs. Mais peu importent les multiples défenses de la Tour et la curieuse alliance entre humains et elfes : Styx se fait fort de pénétrer au coeur de l’Arbre-monde pour en percer les secrets. Ce scénario fantasy introduit donc les concepts typiques d’un jeu d’infiltration à la troisième personne : des murs, des gardes, de l’ombre et du minutage précis entre deux rondes. Alors mettez votre capuche, buvez une rasade d’Ambre, et en route !

Un gobelin multitâches

Styx a beau être petit, il ne manque pas d’atouts. La plus emblématique des capacités de Styx, c’est celle de pouvoir se créer un clone qui part en éclaireur et se glisse dans des espaces trop réduits pour le gobelin... à moins que vous ne préfériez l’envoyer sur un ennemi pour attirer son attention pendant que vous empruntez un autre chemin. Pratique, surtout quand (plus tard dans le jeu), on pourra équiper son clone avec des explosifs.

Les possibilités sont aussi nombreuses qu’intéressantes et permettent d’adapter Styx à notre façon de jouer

L’Ambre offre également d’autres pouvoirs, comme celui de se rendre invisible quelques secondes, ou de passer en surbrillance tous les éléments « jouables » que l’on a devant soi (objets, points d’appui pour sauter, mécanismes...). Les capacités naturelles du gobelin sont elles aussi évolutives grâce à l’XP accumulée dans chaque niveau via un arbre de compétences : on ne tardera pas à pouvoir s’équiper d’un « saut de la mort » pour tuer le soldat en dessous, de couteaux de lancer ou d’une furtivité accrue. Les possibilités sont aussi nombreuses qu’intéressantes et permettent d’adapter Styx à notre façon de jouer, orientée assassin ou cambrioleur.

Gobelin 47

Gloups !

Il ne sera toutefois pas obligatoire de sortir les pouvoirs de Styx (qui ont un coût en Ambre, et cette dernière se fait parfois rare) pour survivre au milieu des gardes, chevaliers, elfes, et autres saloperies d’insectes (quand vous en verrez un, vous comprendrez) qui hantent les niveaux. Styx peut se cacher sous les tables et dans les armoires, escalader les murs s’il y trouve des prises et se créer des zones d’ombres en éteignant les torches, même à distance (le gobelin sait cracher loin). En cas de besoin, il peut également égorger certains de ses ennemis et cacher leur corps à l’abri des regards, leur faire tomber des chandeliers sur la tronche, empoisonner leur nourriture, mais aussi se battre sommairement quand il est surpris. Il conviendra toutefois de ne pas abuser de cette possibilité, car l’IA est très sensible au bruit créé par le joueur (quand il fait tomber des objets ou quand il se déplace trop rapidement) et un combat n’est pas spécialement silencieux. Si on précise que certains ennemis peuvent vous tuer en un coup, vous comprendrez la nécessité de faire profil bas. On notera à ce stade une IA assez déconcertante, capable parfois de réactions futées (elle va rallumer les torches que vous avez éteintes), mais parfois totalement à l’ouest. Si certains gardes restent plantés là comme un simple « obstacle » à contourner (certains serviteurs frottent désespérément le même pavé sans jamais relever la tête), les autres suivent le plus souvent une trajectoire planifiée avec une démarche à la Robocop qui tranche violemment avec le soin apporté à l’animation du héros. Un peu plus de naturel aurait été le bienvenu.

C’est grand chez vous !

Des intérieurs réussis

Au vu des nombreuses capacités de Styx, on pourrait craindre un jeu très facile. Rassurez-vous, il n’en est rien. En fait, les capacités du personnage sont juste suffisantes pour affronter un level-design aussi gigantesque que génial, à la fois vaste, retors et abouti. On pourrait certes regretter qu’il manque un peu de variété sur les 7 niveaux que proposent le titre, mais la sensation qui prime en cours de jeu, c’est celle du respect sincère pour les level designers qui ont su créer des niveaux assez grands pour faire passer la map de Dishonored pour un mouchoir de poche.

Rares sont les jeux d’infiltration qui font un tel effet de grandeur et d’ingéniosité

Truffés de recoins, d’étages, de cachettes et d’objets à récupérer, les niveaux sont assez grands pour qu’on s’y perde (littéralement), surtout si vous avez la sublime idée de désactiver les repères d’objectifs. Attendez-vous donc à passer des heures et des heures à chercher votre chemin, consulter le plan sommaire du niveau pour vous repérer (sans éveiller l’attention des gardes, évidemment) et pousser un ouf de soulagement quand vous tomberez presque par hasard sur la sortie. La liberté de mouvement qui vous est offerte est totale : rares sont les jeux d’infiltration qui font un tel effet de grandeur et d’ingéniosité. Cela mérite vraiment d’être souligné et c’est une exploration qui demandera du temps. S’il faut vingt heures pour finir le jeu, comptez le double ou le triple pour véritablement faire le tour des niveaux et trouver l’ensemble des secrets qui s’y cachent.

Unreal Engine 3 (2007 - 2014)

On joue à cache-cache ?

Ce level-design s’appuie sur la solidité d’un moteur graphique éprouvé, mais un peu daté. Pour dire les choses comme elles sont : Styx est dans moyenne basse de ce que l’on peut graphiquement attendre d’un jeu en 2014. Si la direction artistique est agréable, les textures sont simples pour ne pas dire simplistes, et certains environnements sont tout simplement ratés.

Quelques bugs viennent aussi gâcher un peu la fête, comme cette capacité de Styx à se maintenir sur une plate-forme même avec un seul orteil posé dessus, de la lévitation pure et simple quand il marche sur un escalier ou des effets ragdoll vraiment grotesques (tuez trois gardes au même endroit pour commencer à voir apparaître une orgie de soubresauts). La physique, d’une façon générale, est déconcertante. Il suffit parfois d’effleurer un obstacle pour le voir s’envoler à cinq mètres, alors que d’autres fois il se poussera sans bruit. Dommage.

La musique, quant à elle, est une bonne surprise. Elle vient ponctuer l’action de manière parfois inattendue, mais finalement adaptée, et fait oublier des bruitages quelconques et des voix anglaises (sous-titrées) à l’accent marqué, qui sonnent parfois un peu bizarre pour un gobelin qu’on aurait imaginé plus guttural.

Un jeu vraiment fini ?

Un testeur doit parfois prendre ses responsabilités et passer au « je », afin de marquer son expérience de gameplay. À ce titre, je trouve que Styx est un jeu incroyablement frustrant, tant certains soucis de finition ont tendance à porter sur les nerfs (les miens, en l’occurrence).

Ces satanés sauts !

Le plus douloureux de ces aspects, c’est la commande de saut. Quand Styx saute, il le fait avec un peu d’inertie et une sensation de flottement très désagréable. Et là où les choses se compliquent, c’est qu’après des heures et des heures de jeu, je ne sais toujours pas pourquoi parfois le personnage parvient à attraper sa cible (une plate-forme, une prise) et pourquoi il n’y arrive pas. Les déplacements aériens sont nombreux pour contourner les ennemis, mais ils sont rapidement devenus ma hantise tant il m’est souvent arrivé de tomber sans parvenir à me cramponner, comme si je « glissais » bêtement devant ma cible. Cela serait anecdotique si la chute n’était pas si pénalisante dans ce jeu. Soit elle est immédiatement mortelle, soit vous tombez nez à nez avec le garde que vous vouliez éviter, et vous mourez très vite. Dans tous les cas, on repasse donc par un écran de loading, chronométré à 30 secondes. Trente secondes, ça peut sembler court, mais quand vous tombez pour la 10e fois sans comprendre pourquoi, vous commencerez à trouver le temps long.

On sent à de nombreux petits détails que ce jeu est mal fini

Cette peur panique de la détection couplée à ces sauts imprécis ne sont hélas pas les seuls soucis. Pour se suspendre d’une plate forme, Styx doit s’approcher du bord et se laisser tomber le plus lentement possible. Une fois sur deux, inertie aidant, vous n’attraperez pas la plate-forme. Loading, 30 secondes. Quand il escalade un muret, Styx prend systématiquement l’initiative de finir l’escalade tout seul en montant sur la rambarde au lieu de rester accroché à l’abri. Un garde est de l’autre côté du mur ? Hop, loading, 30 secondes. Dans le même ordre d’idée, Styx peut assassiner ses ennemis en se laissant tomber sur eux. Parfait, sauf que cette capacité ne se déclenche qu’une fois en saut, et il est donc très facile de rater sa cible et de se ramasser juste devant elle, lui permettant de donner l’alarme. Loading, 30 secondes.

Alors oui, peut-être que je suis juste mauvais et que des années de gameplay assisté ont eu raison de ma capacité à sauter de plate-forme en plate-forme. On pourra aussi pondérer mon avis en mettant en avant les 7 fois sur 10 où les sauts sont irréprochables. Mais il faut être lucide : on sent à de nombreux petits détails que ce jeu est mal fini. j’ai pris l’écran de loading tellement en horreur que j’ai fini par jouer en faisant une sauvegarde tous les vingt mètres, ce que je déteste faire. Je me souviens même d’une partie où j’étais tellement hors de moi que j’ai taillé la route au niveau du sol, massacrant systématiquement toute IA croisée en chemin et laissant des monceaux de cadavres derrière moi. Un peu moyen pour un jeu d’infiltration.

La finition de ce jeu m’a semblé tellement problématique que je l’ai désinstallé puis réinstallé à partir de la toute dernière version possible, afin de voir si un patch pour le jour de la sortie avait été appliqué. Aucun changement, hélas, n’était à signaler. Frustrant.

Bilan

On a aimé :
  • Level-design de folie
  • De l’infiltration, pour de vrai
  • Un bestiaire plus étoffé qu’il n’y paraît
  • Des pouvoirs variés et parfois amusants
  • De longues heures de jeu
On n’a pas aimé :
  • Une jouabilité frustrante
  • L’IA, raide et mécanique
  • Des graphismes bof bof
  • Des chargements interminables
De quoi être un peu vert

Solidement bâti pour être un jeu d’infiltration d’exception axé un peu old-school, Styx, Master of Shadows prend parfois des faux airs de die and retry un peu cruel où même le par coeur ne suffit plus. Cela laisse le goût un peu amer d’un jeu vraiment très prometteur, mais si mal fini qu’on lui aurait souhaité six mois de gestation supplémentaire pour atteindre son plein potentiel. Cela étant dit, le plaisir d’explorer un fantastique level-design prend bien souvent le pas sur le temps passé à rager contre un saut raté, surtout pour un jeu vendu moins de 30 euros, et on ne peut que saluer Cyanide pour avoir réussi à construire des niveaux qui feront probablement date dans le monde de l’infiltration.

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Styx : Master of Shadows

PEGI 0

Genre : Action/Infiltration

Éditeur : Focus Home Interactive

Développeur : Cyanide Studio

Date de sortie : Septembre 2014

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4, PC Windows

5 reactions

Sh1vas

10 oct 2014 @ 10:13

il me fait penser au gobelin aux trésor dans diablo 3 :-))

malheureusement je ne sais pas si ce test va m’aider a faire mon choix :-/

Longshot Spirit

10 oct 2014 @ 10:30

Pour résumer les choses : Styx mérite le coup d’oeil car il apporte vraiment des choses intéressantes et il propose de très longues heures de jeu. Mais il faut vraiment y jouer à petites doses pour soigner ses nerfs. Ca rappelle un peu les jeux des années 90, du coup, quand on reprenait 14 fois le même saut sans bien savoir pourquoi ça passe et d’autres fois non.

Mais ce qui m’étonne, c’est qu’aucun testeur (à l’exception très notable de Gamekult, ce matin) ne parle vraiment de ce problème de sauts. Donc c’est peut-être vraiment moi qui suis MAUVAIS :)

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bastoune

10 oct 2014 @ 10:45

Merci pour le test Longshot, je vais sans doute me laisser tenter, j’attendais ce jeu depuis un bon moment, et je trouvais qu’il se faisait bien discret (Styx oblige ;-) ) ...

Robotrock

10 oct 2014 @ 11:32

Merci Longshot, tu m’as convaincu, je me le procure directement aprés Alien ! :-))

EvilKafka

10 oct 2014 @ 13:08

Merci pour le test Longshot Spirit.