Il n’est jamais évident de faire un jeu qui tourne autour d’un film culte, encore moins quand ce dernier se situe entre Bilbo le Hobbit et la trilogie Le Seigneur des anneaux, elle-même adaptée de l’excellent livre éponyme. Pourtant, la compagnie Warner Bros Interactive Entertainment qui édite le jeu n’en est pas à son coup d’essai autour de cet univers. D’ailleurs, jusque là, la communauté des joueurs a généralement assez bien accueilli les sorties. Pour la seconde fois, c’est le studio de développement Monolith Productions, racheté en 2004 par Warner Bros, qui s’y colle, mais cette fois dans un jeu uniquement solo. Le titre, quant à lui, est développé comme un jeu d’action-aventure dans un monde ouvert. Reste à savoir s’ils ont réussi le challenge de nous offrir un bon jeu solo, malgré la pression de l’oeil de Sauron qui pèse sur eux.
A la recherche de La Main Noire
Dans La Terre du Milieu : L’Ombre du Mordor, on incarne Talion, un Rôdeur de la Porte Noire qui vient de succomber au combat après avoir assisté au massacre de sa famille par la lame d’un Capitaine Noir aidé des Uruks, de puissants orques. Mais la mort ne veut pas de lui, il est banni à cause d’une malédiction jetée par La Main Noire, un elfe maléfique qui oeuvre pour Sauron. C’est un spectre qui a la même malédiction que lui, dont on apprendra l’identité et l’histoire au fur et à mesure, et qui va accompagner Talion dans sa quête de vengeance. Le spectre étant lié à nous, on pourra utiliser la force de l’un et les pouvoirs de l’autre, comme bon nous semble. C’est ici que démarre le tutoriel, où l’on apprend le maniement de notre personnage grâce aux souvenirs qui lui viennent à l’esprit pendant qu’il regarde sa famille morte, au sol. Oui, pas spécialement joyeux, mais pratique, et on est pas dans une comédie non plus, hein. De plus, on trouve dans le menu un onglet Annexes dans lequel tous les mouvements du jeu que l’on a appris sont expliqués. Un point appréciable pour qui a une mémoire de poisson rouge (ne me regardez pas comme ça), ou lorsque l’on revient sur le jeu après plusieurs mois.
Dans les options pratiques, on retrouve sur la carte des icônes de couleur différente qui permettent d’aller vers les différents objectifs proposés. Les icônes jaunes concernent la progression de l’histoire. Les rouges représentent les zones de lutte de pouvoir entre Uruks, où l’on peut obtenir des points de Pouvoir qui permettent de débloquer les rangs de compétences. Les points de compétences eux, s’obtiennent grâce à l’XP récupérée durant les combats et servent à s’approprier des améliorations, comme l’élimination aérienne ou l’étourdissement des ennemis lorsque l’on saute dessus. L’arbre de compétences est divisé en deux parties, celle de gauche pour Talion et sa force, celle de droite pour les pouvoirs du Spectre Elfique, comme celui de soutirer des renseignements à un ennemi. Enfin, les icônes blanches sont pour les missions secondaires avec des éléments à collecter, tels que les plantes pour remonter sa barre de vie et faire les défis de chasse, ou encore en trouvant des artefacts pour gagner du Mirian. Cette monnaie permet d’acheter des attributs, comme par exemple l’augmentation de sa santé ou un emplacement de rune supplémentaire sur une arme pour accroître la puissance de celle-ci. A savoir que nos armes sont aux nombre de trois : l’épée, l’arc ou le poignard. Avec tout ça, il va falloir tuer un paquet d’orques et autres monstres avant d’avoir tout débloqué.
En route pour le combat
On part donc combattre les capitaines Uruks qui, à chacune de nos victoires, nous débloquent de nouvelles missions et nous permettent de nous rapprocher de La Main Noire. De plus, on gagne de l’XP pour les points de compétences ou des points de pouvoirs, grâce aux victoires selon la mission effectuée. Quand on tue un capitaine, on récupère une rune qui apporte des points de puissance ou de santé à l’une des trois armes que l’on possède. Comme les emplacements des runes sur nos armes sont limités à cinq, il faut faire le tri parmi celles récupérées pour mettre en place les plus intéressantes. Cependant, si lors d’un combat c’est notre personnage qui trépasse, c’est le Système Nemesis créé par les développeurs et plutôt bien pensé qui se met en place. L’Uruk qui nous a vaincu se voit octroyé des pouvoirs lui permettant d’attaquer un autre capitaine et ainsi de gagner en force et prendre sa place au sein de l’armée de Sauron. On apprécie de regarder ce jeu d’évolution de rang qui a lieu lors de notre défaite. En même temps, voir des orques se trucider entre eux c’est toujours sympa. Par contre, méfiance, plus on meurt, plus les capitaines survivants gagnent en force, et il en est de même pour les autres capitaines s’ils étaient présent lors de notre défaite. Alors certes, ils se mettent sur la tronche entre eux, mais ils deviennent plus puissants à chaque fois et notre prochaine rencontre avec eux n’en sera que plus dure.
Chaque orque que l’on interroge grâce au pouvoir du spectre donne des informations sur un capitaine de l’armée. Par contre, seuls certains ennemis, reconnaissables à un petit logo vert au-dessus de leur tête, peuvent nous fournir des infos sur les points forts ou faibles des capitaines. Ça peut s’avérer utile pour préparer le combat contre eux ou les chefs de guerre. A contrario, dans les points qui ne servent à rien (et qui sont même plutôt pénibles), les ennemis respawnent aux mêmes endroits au bout d’un certains temps. Certes, ça ajoute de la difficulté, mais ça rend le jeu un peu fastidieux.
Qui plus est, pour avancer dans le jeu il faut s’améliorer, et pour ce faire il va falloir augmenter ses points de compétences en débloquant les 5 rangs de pouvoirs, le plus souvent en effectuant des missions spécifiques et en tuant des capitaines Uruks. Là aussi, on finit par avoir l’impression de (trop) souvent faire la même chose. Ce qui fait qu’au bout d’un certain temps on va juste dégommer de l’Uruk quand cela devient obligatoire pour débloquer de nouvelles missions liées à l’histoire. D’ailleurs, il faut compter une bonne grosse vingtaine d’heures pour terminer cette dernière, si on ne traîne pas trop. Pour ce qui est des combats, on a là également une balance pas forcément équitable. Un coup on pourra joyeusement poutrer de l’orque sans grande peine, voire même attaquer des orques par derrière, sans qu’ils nous aient vu arriver alors que l’on est passé juste à côté d’eux. Tandis qu’à d’autres moments on se verra attaqué par une horde d’ennemis, tel des zombis ayant senti la chair fraîche. Dans ce dernier cas, si nos réflexes ne sont pas bien coordonnés et que notre vie diminue rapidement, la fuite peut être l’ultime solution pour rester en vie, si toutefois on arrive à s’extirper de la masse.
Un second souffle
Peu de temps après être arrivé dans la seconde contrée, celle de Nûrn, la premère étant Udûn, on obtiendra le pouvoir de marquage. Celui-ci permet de prendre possession des orques, même des capitaines Uruks, après les avoir affaiblis. Lorsque l’on possède un capitaine, on récupère par la même occasion toute son armée. Là où ça devient très intéressant, c’est que l’on peut accompagner notre nouveau soldat et ses acolytes affronter d’autres clans pour étoffer ses rangs. Qui plus est, une fois que la notoriété de notre capitaine a évolué, il peut devenir garde du corps d’un chef clan. On n’a plus ensuite qu’à aller guerroyer contre ledit chef et une fois sur place, on fait appel à notre allié afin qu’il combatte à nos côtés, avec toute son armée. De ce fait, ce pouvoir redonne un peu de peps au jeu, il permet d’élaborer de nouvelles tactiques pour arriver à nos fins. C’est une très bonne chose qui réussit à relancer le titre passé une bonne dizaine d’heures de jeu.
J’ai déjà vu ça quelque part
On s’aperçoit assez rapidement que le jeu tape dans tout ce qui est déjà connu. Par exemple, quand on passe dans un buisson en marchant, notre personnage est automatiquement caché. On peut également attirer un ennemi vers ce buisson, ou encore aller libérer des petits groupes de prisonniers. Il est aussi possible de se suspendre le long d’une corde avant de se jeter sur un vilain pour l’occire, et une fois que l’on a débloqué les différentes citadelles dans certaines zones, les items disponibles dans celle-ci apparaissent. Bref, on retrouve énormément de gameplay de la licence Assassin’s Creed. Il y a également le fait de pouvoir faire appel à un spectre qui peut rappeler l’ombre du Darkness, ne serait ce que lorsque l’on draine la vie d’un ennemi pour remonter la sienne. Le système de combat ressemble lui à ce que l’on trouve chez notre ami Batman, avec des combinaisons de touches, permettant d’éviter le coup ennemi ou d’effectuer des enchaînements afin d’engranger des points pour effectuer des combos. Tout ça est relativement bien fait, mais on a une grosse impression de “déjà vu”.
Graphiquement, le jeu est plutôt joli, mais les 2 régions que l’on explore en Mordor font toutes très vides. On a des décors bien réalisés mais souvent spartiates avec juste des ruines, des ennemis, de rares PNJ et beaucoup d’herbes et de rochers. C’est pas terrible, surtout sur une Xbox One qui en a quand même sous le capot. Du coup, à moins de vouloir trouver tous les objets et de tenter d’améliorer son personnage au maximum, on passe par la téléportation d’une citadelle à une autre pour se rapprocher de la mission suivante du mode histoire. Par contre, les ennemis sont très bien détaillés. Les Uruks et leur armure, quel que soit leur rang, sont reproduits avec soin et de plus, on a droit à des exécutions très agréables à l’oeil et à l’oreille. Tout comme on apprécie de combattre ou chevaucher les Caradors, des prédateurs ressemblant à de très gros chiens avec des mâchoires extrêmement puissantes, qui ne feront qu’une bouchée des orques. Quant à Gollum que l’on rencontre plusieurs fois dans l’histoire, il est très bien reproduit et la doublure française est la même que dans les films. Par contre, ce n’est pas un mal que Talion ne discute pas trop, car dans ces moments là le doublage labial n’est pas spécialement bien fait. On peut regretter également que l’histoire ne soit pas plus approfondie. La qualité des cinématiques est bien là, mais en contre partie, la bande son est plutôt négligée. Dommage, quand on voit l’impact que celle-ci peut avoir sur certaines scènes dans les films.