Test - Stick It to The Man

Déjà disponible sur plus ou moins tous les supports existants (le jeu est sorti sur PC fin 2013), Stick It to The Man ! débarque sur Xbox One pour toucher vraiment tout le monde. Quoi ? Ils n’ont rien de mieux que de vieux jeux à nous fourguer sur le live ? Ce serait dommage de réagir comme ça, car Stick It to The Man apporte ce que tant d’autres n’arrivent même pas à effleurer : l’originalité.

Décalcomanie

Le concept de base du jeu est le suivant : le joueur contrôle un personnage capable de lire les pensées de ceux qu’il croise. Encore mieux, il peut utiliser ces pensées en les attrapant, puis en les collant sur qui bon lui semble (d’où le titre). Ça c’était l’idée de base. Puis, probablement lors d’une séance de brainstorming de l’équipe créative de Zoink Games, l’alcool a commencé à couler à flot, et des substances au minimum euphorisantes, voire hallucinogènes, ont commencé à circuler. Cela aurait pu être seulement une réunion particulièrement détendue et agréable, mais quelqu’un a noté tout ce qui a été dit et a envoyé le mémo au patron. Celui-ci, sans doute également grisé, a signé et donné le feu vert.

Voilà comment on arrive à un titre déjanté, ignorant tout du terme « sérieux », et enquillant les séquences tout droit sorties d’un trip de première catégorie.

Un monde de papier

L’histoire est l’illustration de la folie ambiante… Ray travaille comme testeur de casque de chantier, et reçoit sur la tête en rentrant chez lui une capsule contenant une étrange créature tombée d’un avion gouvernemental. A son réveil, la créature l’habite, un tentacule rosâtre lui sortant de la caboche. Celui-ci va lui permettre de lire les pensées d’autrui, de les utiliser, mais aussi de se balancer dans le décor. Recherché, Ray va devoir sauver sa peau et se convaincre qu’il n’est pas devenu fou. L’ensemble est un mélange de jeu de plateformes et de jeu d’aventure, le tout représenté en 2D, qui se boucle en un peu plus de 4 heures, sans offrir de replay value (mais bon, il est à 8 euros !).

Monkey Island style

Ce qui frappe immédiatement le joueur en démarrant le jeu, c’est le style graphique adopté, faisant penser à une sorte de spectacle de marionnettes interprété par des personnages bidimensionnels. Furieusement original, le résultat est excellent, et donne immédiatement une identité forte au jeu. Ce sont ensuite les oreilles qui seront charmées, les musiques (parfois jazzy, parfois disco) collant bien à l’action, et les dialogues (en anglais sous-titré) étant déclamés avec conviction et talent.

Manette en main, le gameplay est bien étudié, et franchement simple, utilisant au maximum les capacités du bras rose frontal (si, si, ça se dit). Rapidement, on se rend toutefois compte qu’on est dans quelque chose de très basique, et assez répétitif. Il faut trouver un objet dans un endroit, pour l’apporter à un autre, ce qui donnera accès à un autre objet, qu’on amènera ailleurs, etc… C’est un mécanisme simpliste, ce qui n’est pas plus mal, car ce n’est pas le cœur du jeu.

Le sexy-vieux se la donne

En effet, la vraie finalité de Stick To The Man, c’est tout simplement de nous faire rire. De façon un peu surprenante, le scénario, bien que totalement farfelu, tient plutôt bien la route et suit son petit bonhomme de chemin. Les énigmes à résoudre, elles, font penser à ce qu’on pouvait trouver dans les Monkey Island : le chemin le plus court n’est jamais la ligne droite, et plus que la logique, il faut surtout essayer diverses combinaisons entre les sticks trouvés et les destinations potentielles. On ne sait jamais trop ce que cela donnera… Le point commun de ces énigmes, c’est leur délire. Ainsi, dès le début, pour empêcher un homme éconduit de se suicider, il faudra voler le dentier d’un autre et le lui coller afin qu’il reprenne confiance et qu’il regagne le cœur de sa belle. Inutile de dire que pour arriver à avoir ce dentier, il va falloir passer par un certain nombre d’étapes n’ayant aucun rapport avec lui !

Exploration de pensées

Le principal, c’est qu’on croise forcément une galerie de personnages invraisemblables, tous plus loufoques les uns que les autres. Si les dialogues et les nombreuses cinématiques sont déjà amusants, lire dans leur pensées est souvent encore plus savoureux. J’ai particulièrement aimé cet ami imaginaire, un gros lapin, qui pourrit la vie de son « ami » en lui répétant sans cesse à quel point il est laid et inutile. Si cela fonctionne aussi bien, c’est bien entendu car toutes les tirades (même si parfois un peu longues) sont très bien écrites, et font mouche dans 80% des cas. Bref, c’est réellement drôle. Ce principe de ne jamais rien prendre au sérieux et de monde absurde posera peut-être problème à certains joueurs ne goutant pas à ce genre d’humour… Pour faire le test, regardez un épisode des Monty Python. Si cela vous amuse, jouez à Stick To The Man. Si cela vous laisse de marbre, alors le jeu n’est pas fait pour vous.