Depuis le temps que je joue aux jeux vidéo, je dois avouer en avoir par-dessus la tête des militaires. Pire, dans les jeux de shoot, j’évite soigneusement l’usage du fusil sniper, parce que je suis très mauvais à longue distance, et parce que j’ai toujours trouvé cela un peu lâche. Malgré tout, et de façon surprenante, j’ai bien accroché à Sniper Elite V2 pour lequel j’ai rédigé un test franchement positif. Cette fois, suite à l’expérience du premier, c’est donc avec une certaine impatience que j’ai pris la manette pour m’attaquer à sa suite. Il n’y a plus d’effet de surprise, et ce troisième épisode se retrouve attendu par ceux qui ont joué le V2… Confirmation de la bonne recette de cette série ?
Saga Africa
Toujours pendant la Deuxième Guerre Mondiale, l’histoire migre sur le front d’Afrique du Nord, à la poursuite d’un Nazi tellement barge que même ses collègues trouvent qu’il abuse un peu. Pendant les huit missions que comporte le jeu, on va donc faire tout ce qu’on peut pour mettre la main sur ce fou dangereux, en semant bien entendu derrière nous autant de cadavres que nécessaire. On ne peut pas dire que l’histoire passionne, d’autant plus que le héros est sans saveur. Dommage, le background permettait de faire beaucoup mieux. Le changement d’environnement n’a rien d’anodin, car cela permet des décors variés, qui changent un peu des paysages et bâtiments vus et revus, et des reliefs intéressants donnant parfois un petit feeling Indiana Jones.
La grande force de Sniper Elite 3 se trouve dans la conception de ses cartes. Chaque mission est un immense terrain de jeu (environ une heure en moyenne par mission) offrant de multiples possibilités. C’est un vrai progrès par rapport au précédent épisode, et la liberté d’action est presque totale. On peut parler de niveaux ouverts, mais avec une certaine limite, puisque par exemple on ne peut pas grimper où on le souhaite. La diversité des approches envisageables et la remarquable conception de ces missions font que c’est un véritable plaisir d’y revenir dans un niveau de difficulté supérieur : contraint à une plus grande prudence ou à des fuites éperdues, on découvre alors des passages qu’on n’avait pas vus la première fois, et des tactiques à mettre en place auxquelles on n’avait pas pensé au premier abord. Jouer en mode simulation permet également d’ajouter du piment à l’action, la trajectoire de la balle étant alors influencée par la gravité, le vent, ou la stabilité de notre respiration. La hauteur des spots de tir devient alors capitale. La taille des cartes rend également le jeu en coopération (à 2 en ligne) plus qu’agréable, permettant aux deux joueurs d’élaborer des stratégies variées et affolant les ennemis. C’est d’ailleurs la meilleure façon de découvrir le jeu, et surtout de s’y frotter au niveau de difficulté le plus élevé, le replay value étant forte à deux.
Toutes ces qualités n’empêchent toutefois pas la répétitivité de s’installer, comme pour le précédent, ce qui est de toute façon inhérent au thème choisi. Malgré quelques variations, on passe son temps à repérer les lieux, à choisir le meilleur endroit possible, avant de canarder et de passer au spot suivant. Si faire une mission par jour procure un plaisir évident, vouloir les enquiller à la chaîne n’est pas la meilleure idée.
Les cartes se révèlent tout à fait adaptées au jeu en ligne (avec les modes de jeu habituels, deathmatch and co). Le principe d’additionner la distance totale des tirs ayant touché leur cible pour déterminer le vainqueur est le plus amusant, car totalement adapté au concept même du sniper. Cela donne des parties relativement statiques, mais empreintes d’une certaine tension, car chaque déplacement, pourtant nécessaire pour trouver le meilleur spot ou pour ne pas être repéré, devient un moment de stress tant on devient d’un seul coup vulnérable. Sur la longueur le multi a du mal à captiver, mais la très bonne conception des cartes et son principe qui change un peu des concepts éculés habituels font qu’on peut y revenir régulièrement avec plaisir.
PANDANSLAG
Le gameplay est exactement le même que dans V2 : la maniabilité est parfaite quand on snipe, d’une précision redoutable, et de plus en plus imprécise au fur et à mesure qu’on se rapproche du corps à corps. Cet équilibre fonctionne parfaitement : si on doit se retrouver à jouer de la mitraillette à 10 mètres d’un soldat, c’est qu’on n’a pas été très bon, le but étant d’être discret et de les fumer de loin ! Ce n’est pas un TPS à l’action épileptique, mais un jeu stressant, où on doit avancer à pas feutrés : la maniabilité retranscrit logiquement cela.
Tout est plus ou moins configurable : le niveau des adversaires, le niveau de simulation, et les armes sont modifiables (même si je dois bien dire que j’ai beaucoup de mal à discerner les effets des modifications). Pour ce qui est de l’IA des adversaires, elle fait illusion, et ils réagissent plutôt bien quand l’alerte est donnée…Mais dans le même temps ils retournent à leur routine scriptée dès que celle-ci cesse, et ont tendance à ne pas voir ce qui se passe très prêt d’eux. Il y a encore pas mal de progrès à faire sur ce point !
D’une façon générale, la réalisation n’est pas le point fort du jeu, même si le résultat global se tient tout à fait. En fait, on a la furieuse impression de retrouver Sniper Elite V2 avec comme seul apport graphique le passage en 1080p. C’est déjà non-négligeable, cela aidant à être précis dans ses tirs, mais cela reste bien léger pour un jeu sur les nouvelles consoles. On a toujours des textures pas vraiment extraordinaires, et des décors parfois un peu trop vides. A l’inverse, la lumière est très bien gérée… L’environnement sonore, de son côté, s’en sort très bien, avec des musiques qui renforcent la tension, et des dialogues entre les ennemis qui sonnent naturels.
Et puis il y a la kill-cam ! Ahhhhh, la kill-cam ! Pour son grand retour elle est plus en forme que jamais. A chaque tir mortel, un ralenti se déclenche et la caméra suit la balle jusqu’à sa cible, pour nous montrer en rayon X quel est l’organe réduit en bouillie. Il faut être clair, c’est particulièrement jouissif, cela étant d’ailleurs le terme exact tant l’opération dans sa globalité ressemble à une représentation guerrière du point culminant de l’acte sexuel pour l’homme ! Son côté ludique incite naturellement à tenter les tirs mortels les plus amusants (« Est-ce qu’un homme meurt si on lui tire dans les c… »).