Il y a quelques années, alors que la Playstation, sans numéro derrière, faisait fureur, je faisais partie de ces irréductibles possédant une Sega Saturn. J’ai adoré cette machine blindée de hits magnifiques ayant bien plus de personnalité que ceux de la machine de Sony (vous avez le droit de ne pas être d’accord, mais je dis ce que je veux, d’abord !). Mes copains d’alors, tout fiers qu’ils étaient d’avoir la machine à la mode, ne rataient pourtant pas une occasion de venir squatter chez moi pour profiter des titres de Sega. Et parmi ces hits, Panzer Dragoon 1 et 2, étaient en bonne position. Pensez-donc ! Des rail-shooters tout bêtes, mais dans un univers enchanteur, se déroulant sur un rythme effréné et soutenus par des musiques magnifiques nous donnant l’impression d’être de véritables maîtres des dragons. Du coup, avec autant de bons souvenirs, difficile de ne pas être excité par l’arrivée d’une suite sur next gen…
MAIS POURQUOIIIIII ?
OK, je sais, ce n’est pas vraiment une suite officielle, le jeu n’est pas développé par Sega, et il n’y a ni “Panzer”, ni “Dragoon”. Mais c’est la même identité visuelle, et exactement le même principe, donc c’est tout de même une vraie suite spirituelle.
Autant dire que la chute est rude. Crimson Dragon est juste un superbe ratage, un jeu qui se plante dans les grandes largeurs. Peut-être faut-il en chercher les raisons dans les errances de son développement ? D’abord prévu sur Xbox 360 pour Kinect, le jeu débarque en fin de compte sur Xbox One en l’utilisant à peine… Le principe du jeu, à dos de dragon, est d’affronter de méchantes et souvent géantes créatures. On pourra s’associer avec un autre dragon à qui on donnera des ordres afin de rendre le combat plus efficace. Les niveaux sont courts, et mal conçus : on a souvent l’impression de tourner en rond, et les décors n’aident pas à donner l’impression qu’un quelconque level-design a été étudié. Pour progresser, il faut atteindre certains objectifs, redondants, et gagner de l’expérience, afin de débloquer de nouveaux niveaux. L’ensemble est très répétitif, et j’ai donc du mal à vous parler de la durée de vie, car j’avoue avoir lâchement abandonné avant la fin.
La bonne idée du jeu se trouve dans la gestion de ses dragons, puisqu’on peut en prendre soin et les faire progresser en dehors de l’action, donnant une petite touche de tamagotchi-like au jeu plutôt sympathique. Cela fait bien peu. D’autant plus que des micro-transactions pernicieuses s’invitent dans les menus pour améliorer artificiellement nos montures à coups de bons vieux euros… Décidément, cette habitude qui s’installe est détestable.
Sur Xbox One par hasard
La réalisation n’aide pas, puisqu’elle est d’un niveau 360 moyen. Autant dire que c’est insuffisant sur une Xbox One. Qui plus est, l’action à l’écran est très confuse, entre la taille des dragons, des adversaires, de leurs tirs, et au milieu de graphismes pas toujours très lisibles. Comme la maniabilité est lourdingue au possible, le dragon ayant du mal à bouger sa grosse qu… Son gros derrière, cela fait beaucoup de défauts pour un seul jeu. L’utilisation de Kinect est elle aussi étrange. Si on utilisera volontiers la possibilité de faire des tonneaux en se penchant sur le côté, les commandes vocales nécessitent pour être activées qu’on porte la main à l’oreille, comme avec un téléphone. Donc on lâche la manette, et on se fait tirer dessus alors que c’est précisément dans ces moments là qu’on a besoin de donner des ordres au dragon qui nous escorte…
La musique épique est absente, et rien ne nous entraîne donc à continuer. Comment peut-on à ce point rater son coup en partant d’un matériau de base aussi fort ? Cela reste un mystère. Un remake HD des épisodes Saturn aurait été bien meilleur…
Étrangement, mon fils de 10 ans, sans doute moins exigeant, a bien accroché au jeu. Je le précise par honnêteté intellectuelle, pour dire qu’il y a peut-être un public pour un titre aussi simpliste et bancal, mais j’avoue penser à consulter pour m’assurer qu’il va bien. La déception est très forte, et j’invite les vieux joueurs amoureux des dragons de Sega à ne surtout pas se laisser tenter, ils abîmeront de beaux souvenirs. Quel gâchis.