L’homme a des besoins qu’il ne peut refouler. Il mange, il dort, il honore sa moitié, il boit du jus de fruit et il joue au jeu des sept familles. Hier soir encore, je me ressourçais dans cette ambiance, où, dans des odeurs de jus pomme bio et de pizzas trois fromages, quatre hommes s’étaient retrouvés pour s’affronter cartes sur table. Les gouttes de sueurs perlaient sur le front inquiet de mes partenaires de combat tandis que j’affichais une sérénité feinte pour assurer sur eux une terrible pression psychologique. “Dans la famille “jeux au scénario bidon”, je demande Darksiders 2 !”. Mes mains écartèrent les cartes. Mon regard se posa sur chacune d’elles. “Non. Je ne l’ai pas. Pioche.” Ses yeux se posèrent sur la pioche en même temps que ses doigts. Il souleva la carte et, abattu par le sort, s’enfonça dans son fauteuil. A mon tour. “Dans la famille “jeux qui ne plairont pas à tout le monde”, je demande Retro City Rampage !!!”. Et je ne croyais pas si bien dire.
Tout commença en 2002...
Et oui, vous avez bien lu, il faut retourner un peu plus de dix ans dans le passé pour trouver l’origine de ce Retro City Rampage. A l’origine, un seul homme, Brian Provinciano, un peu fou il faut l’avouer, mais un vrai passionné qui s’était mis dans la tête de rendre hommage à Grand Theft Auto III en créant un jeu rétro de toutes pièces via un moteur Nintendo NES maison. Il travailla seul sur ce projet de remake jusqu’en 2007. Une année où finalement, l’homme parvint à se libérer de sa référence pour créer un jeu original et le sortir en téléchargement sur PC et consoles. Il s’adjoint alors les services d’un pixel-artiste et de trois compositeurs de chiptunes pour un résultat qui au final peut s’enorgueillir de près de deux heures et demi de musique rétro ! Et de bien belle qualité il faut avouer, puisque notre personnage pourra écouter via les désormais célèbres stations de radio chères à la série GTA.
Retro City Rampage était né. Ce jeu, sous ses airs de Grand Theft Auto 8-bits est une véritable ode au jeu vidéo des années 80 jusqu’au début des années 90. Une sorte de bible rétro, de musée vidéoludique virtuel, où les références pleuvent à chaque détour de pixel, à chaque bip-bip sonore, à chaque mission de notre ridicule et minuscule avatar. On y croisera presque l’intégralité du panthéon du jeu vidéo dans ses nombreux clins d’oeil : Sonic, Mario, Metal Gear Solid, Punch Out, Monkey Island pour ne citer qu’eux mais aussi certains jeux récents comme Super Meat Boy, ‘Splosion Man et Bit. Tript !
Retro City Rampage est une parodie qui sera appréciée à sa juste valeur seulement par les joueurs ayant déjà une grande culture vidéoludique. On pourrait presque classer ce jeu dans une catégorie spéciale, le “PEGI 30”, soit un jeu déconseillé aux joueurs-pas-trentenaires-ou-presque-qui-sont-tombés-dedans-quand-ils-étaient-tout-petits de peur de voir les ¾ de ces références passer inaperçues auprès du joueur néophyte . Le vieux joueur croulant sous le poids des ans, aura même le plaisir de pouvoir jouer au jeu via les filtres des machines d’une époque révolue, à savoir le filtre Spectrum ZX, PC VGA, SVGA, le filtre Gameboy et j’en passe ici aussi. On pourra à tout moment jouer avec l’habillage de l’écran de jeu et l’apparence minuscule de son personnage.