Voir débarquer sur nos consoles une adaptation vidéoludique des 6 tomes de la BD de Brian Lee O’Malley ne surprendra guère les connaisseurs de cette bande dessinée déjantée. En effet, Brian Lee O’Malley, dessinateur canadien, a trouvé un succès insoupçonné outre-atlantique avec cette saga teintée de rock, d’amourettes d’adolescent et... de jeu vidéo. Il aura fallu attendre la sortie du film aux États-Unis pour voir cette adaptation du comics débarquer sur le XLA.
8 bits génération
Scott Pilgrim contre le Monde, le jeu, est un beat them all on ne peut plus classique reprenant le pitch originel de la BD. Scott est tombé fou amoureux de Ramona, aucun doute là-dessus c’est la fille de ses rêves et il n’y en aura aucune autre ! Seul petit problème, pour décrocher le cœur de la belle il devra affronter les 7 ex petit(e)s ami(e)s de sa douce !
Et vous voilà donc parti pour 7 niveaux d’un vieux beat them all des familles enchaînant des combats aussi fous les uns que les autres, et piochant allègrement dans des références mangas et vidéoludiques.
Ce qui surprend d’emblée dans Scott Pilgrim est son esthétique que l’on pourrait qualifier de vintage, tout en pixels aux aplats de couleurs tranchées et aux musiques rétros sentant bon la chiptune de mamie. Le cachet est certain et globalement très réussi surtout que les références sont nombreuses allant de Mario à Final Fantasy, en passant par un peu d’Akira et j’en passe. Le vieux joueur en versera une larme et ne pourra s’empêcher de trouver toutes les références de Scott Pilgrim. Le jeu est très réussi visuellement, tout bouge bien, l’animation reste fluide malgré quelques passages surchargés. Scott Pilgrim est très attachant et ce dès les premiers niveaux, si attachant par sa personnalité que l’on pourrait presque lui pardonner ses défauts. Presque.
Beat generation
Ne cherchez pas une once d’originalité outre visuelle dans Scott Pilgrim ; il ne propose qu’un beat them all à l’ancienne avec sa panoplie de coups débloquables au fil de l’expérience gagnée et du nombre de poings dans la gueule distribués. Ce petit côté RPG est la seule concession contemporaine que l’on pourra trouver. Mais il ne se résume pas à l’expérience.
Quatre personnages au choix (sans grande différence) et trois niveaux de difficulté vous seront proposés. La difficulté est assez ardue au début et ce quel que soit le niveau choisi, mais elle le sera beaucoup moins au fil de l’aventure lorsque vous aurez accumulé suffisamment d’argent pour augmenter vos cinq caractéristiques de base : vos points de vie, votre force, votre défense et votre volonté (pour effectuer des coups spéciaux et revivre une fois KO) et votre vitesse.
Vous augmenterez ces caractéristiques en achetant victuailles ou objets dans les divers magasins disséminés dans les niveaux. Certains sont cachés et font partie du petit panel de secrets du jeu. Fort peu nombreux malheureusement pour motiver leur recherche et enrichir de façon conséquente le jeu.
Les niveaux s’enchaînent par la suite sans temps mort et sans réelles surprises non plus. Mis à part les rencontres avec les boss et mini boss, les niveaux sont désespérément plats et seuls les décors égayeront votre parcours. Et ce n’est pas la profusion d’armes utilisables qui changera grand chose.
Tout pour devenir un grand
Ou presque. Que l’on aime ou pas l’esthétique de Scott Pilgrim, on ne peut lui enlever son cachet bien particulier. On aurait seulement aimé qu’il soit aussi fou en situations que la bande dessinée, qu’il arrive à couper le train-train quotidien du beat them all de papa en insufflant un réel rythme, une vraie folie. La bande dessinée est complètement folle mais malheureusement, le jeu ne parvient jamais à distiller cette folie au niveau de son rythme. On enchaîne les combats contre des groupes d’ennemis suivant un même process du début jusqu’à la fin.
Le jeu en coopération jusqu’à 4 simultanément fait gagner le jeu en intensité et en fun. Le fait de pouvoir réaliser des combos en duo, de voler la vie de son ou ses compagnons est réellement plaisant. Sauf que... sauf que pour des raisons de délais et afin de sortir en même temps que le film aux États-Unis le jeu a été au final amputé de cette option en ligne. Jeu coopératif à 4 oui mais seulement hors ligne, en local. L’absence de cette option enlève une grande partie de l’intérêt du jeu et en freinera bon nombre quant à l’achat de celui-ci -800 Mtps seulement au passage-.
L’aspect sonore du jeu est aussi, avouons-le, globalement raté en ce qui concerne les musiques. Alors oui c’est bien de vouloir faire des compositions rétro en chiptune sauf que Scott Pilgrim nous écorche les oreilles avec le pire de ce que l’on peut composer de la sorte. Un supplice même pour un vieux comme moi, tombé dedans quand il était petit. Une horreur qui disparaît heureusement sous le bruit des coups par moments.
Pour finir avec les griefs, on notera que le jeu freeze de temps en temps, assez rarement heureusement, mais il s’agit d’un bug récurrent que la longueur des niveaux n’aide pas à faire passer comme un aléa sans importance. Heureusement que le jeu dispose d’une sauvegarde automatique.
Coup de gueule spécial aussi sur les plus longs crédits jamais rencontrés dans un jeu vidéo. Dix minutes pour un jeu XLA, soutenus par une horrible musique que l’on ne peut zapper, c’est trop. Une horrible expérience qu’il vous faudra pourtant réitérer 4 fois pour débloquer le dernier personnage jouable. Il faudra avoir des nerfs d’acier.