Testé réalisé sur Xbox 360
J’ai toujours détesté Strider. A l’époque, c’est sur TurboGrafx CD (une déclinaison de la PC Engine seulement disponible à l’import) que j’ai le plus joué au jeu de Capcom, dans ce qui en était sans doute la meilleure version. J’adorais l’ambiance du titre, les postures du héros, le principe de s’accrocher partout… Mais je passais mon temps à mourir lamentablement. Les manettes étant filaires, elles ne sont pas passées par la fenêtre, mais pas loin. Plus d’une fois je me suis dit que je n’y reviendrai pas. Et puis si. Typique des jeux d’arcade de la fin des années 80 (le jeu est sorti en 1989) : des jeux difficiles, exigeants, mettant les nerfs à rude épreuve, mais terriblement attachants. J’ai donc toujours détesté ce jeu, tout en l’aimant quand même. Une recette qui a été suivie dans ce remake ?
Ninja contre Soviets
La première chose qui frappe celui qui connaît le jeu d’origine, c’est que sa paternité est évidente. Bien qu’ayant heureusement bénéficié d’un lifting technique flagrant, ce Strider nouveau reprend tout ce qui faisait l’identité visuelle du premier épisode. On retrouve les mêmes postures du Ninja Hiryu, et la même forte inspiration de l’ex-bloc communiste dans le pays de Kazakh qu’on doit libérer d’un tyran. C’est en cela que consiste le scénario, dont on aurait peut-être pu se passer tant il est sans intérêt, et même mal raconté, cassant l’ambiance générale avec un jeu d’acteurs outré un peu ridicule. C’est un jeu d’arcade, autant y aller franchement ! A l’époque on ne s’embarrassait pas de détails, un écran de texte pour résumer la situation, et hop, on enquillait les niveaux !
Notre ninja manie un sabre tellement tranchant qu’il est sans doute en adamantium, saute partout, s’agrippe à toutes les parois comme Spider-Man, et n’a peur de rien ! Le jeu, dans une représentation 2D, propose un mix de beat’em all et de plateformes à l’ancienne, n’hésitant pas à jouer régulièrement sur la verticalité des niveaux. Dans la grande tradition des jeux d’arcade, on croise très régulièrement des adversaires plus gros (voire nettement plus gros) : de bon vieux boss pour lesquels il faudra d’abord passer par un round d’observation afin de cerner la meilleure façon de les réduire en pièces. On peut également noter que le jeu se déroule sur un modèle similaire à un Castlevania, avec des quartiers qui font office de niveaux, et qui comprennent des zones qui ne sont accessibles qu’à partir du moment où on progresse et où on débloque certains mouvements (le double-saut, la glissade…). Certes c’est une actualisation du jeu d’origine, mais un peu comme pour Bionic Commando Re-armed, on garde ce bon vieux feeling des jeux de l’époque.
Heureusement, la maniabilité n’est plus aussi rigide, et est même très réussie. Si on se plante, si on échoue, c’est parce qu’on n’a pas fait ce qu’il fallait. Les mouvements s’acquièrent au fur et à mesure et avec un peu de pratique on arrive à faire exactement ce qu’on veut d’Hiryu. Sauter par-dessus un adversaire, lui planter sa lame avant de faire une glissade pour éviter un tir et de grimper sur une plateforme pour trucider l’assaillant est même assez jouissif ! Petit bémol toutefois, le ninja s’accrochant automatiquement aux parois, il arrivera qu’il se suspende alors que ce n’était pas l’objectif. Ce n’est pas une vraie faiblesse, mais une difficulté supplémentaire à prendre en compte.
Comme s’il y avait besoin d’en ajouter…
Dur, dur d’être un ninja
Le début du jeu est une escroquerie. Ça a l’air de plutôt bien se passer, ce n’est pas très grave de se prendre quelques tirs de temps en temps, tout va bien. Puis la difficulté monte vite d’un cran… puis d’un autre… puis d’un autre ! Strider reprend une autre composante des jeux d’arcade de l’époque : c’est dur ! On ne compte pas le nombre de fois où on regarde, au bord de la crise de nerf, l’écran « partie terminée ». Même le mode easy propose un challenge plus que respectable. Il faut bien connaître les niveaux, les enchaînements de sauts et de coups à donner, et analyser les faiblesses des boss pour pouvoir avancer. C’est possible, et c’est très gratifiant quand on y arrive, mais les joueurs d’aujourd’hui, habitués à plus d’assistance, vont sans doute avoir du mal à tenir le coup. Par contre, que tous ceux qui sur les forums de jeux vidéos bombent le torse en se plaignant de la facilité des jeux s’y attaquent, ils vont adorer !
Il y a plusieurs façons de jouer : on peut chercher à aller à l’essentiel, mais on peut aussi re-parcourir les niveaux une fois débloquées de nouvelles capacités afin de trouver divers bonus qui facilitent (un peu) les choses. Petit détail que ceux qui aiment démontrer leurs skills vont apprécier : une fois le jeu bouclé, on peut même s’essayer à un mode de jeu qui s’apparente à un speed-run ! Strider assume tellement sa difficulté qu’il va parfois un peu loin, en mettant les points de sauvegarde APRÈS les passages les plus ardus. A chaque mort, il faut donc revenir bien avant pour retenter sa chance…
Techniquement, le jeu tient la route, proposant des environnements relativement variés et une très bonne animation. Rien d’extraordinaire, mais une réalisation solide pour un jeu de ce type. On regrettera toutefois qu’à l’intérieur de chaque niveau il y ait une certaine répétitivité, comme une thématique particulière, heureusement différente d’un niveau à l’autre. Dommage également que les temps de chargement soient si longs. Dans un jeu où on meurt souvent, ce petit défaut prend malheureusement vite une certaine importance… A moins que ce ne soit volontaire, pour laisser le temps au joueur d’exprimer sa frustration et pour lui donner le temps de se reconcentrer !