Test - Alone in the Dark - Hommage respectueux à une perle française

«Le retour de la momie. » , - 2 réaction(s)

Même si nombre d’égarés considèrent encore que Resident Evil (1996) est le premier survival horror, il convient d’enfoncer le clou et de rappeler que le premier jeu en 3D de ce type est Alone in the Dark, œuvre d’un studio français sorti en 1992. Il aura fallu près de deux décennies à Shinji Mikami (créateur de la licence Resident Evil) pour avouer s’être inspiré de cette perle tricolore et avoir totalement repensé son projet en cours de développement après y avoir joué.

Fort de son succès, plusieurs suites ont vu le jour et ont été bien accueillies par le public jusqu’à l’épisode de trop. Le sixième opus, développé pour une fois par un studio étranger, s’est malheureusement trop éloigné de l’esprit de la série appréciée par les joueurs pour convaincre et, avec une note metacritic glaciale de 19/100, il aurait pu sonner le glas de la franchise. Cet “accident de parcours” pousse Atari à revendre les droits en 2018 à THQ Nordic qui y croit encore.

L’éditeur autrichien a bien compris le potentiel nostalgique des aventures du célèbre détective privé Edward Carnby et c’est avec un retour aux origines qu’il souhaite combler les fans de la première heure, tout en faisant découvrir cette œuvre culte aux plus jeunes. Les quelques instants passés sur la démo gratuite disponible depuis mai 2023 nous ont rassurés sur la qualité attendue du titre malgré ses nombreux reports. Reste à savoir ce que cela vaut vraiment sur la durée.

Là où tout a commencé

Pour ce retour aux sources, THQ Nordic a mis les petits plats dans les grands en s’offrant un casting de choix pour incarner les deux personnages principaux. C’est en effet David Harbour (Stranger Things) qui se glisse dans la peau du détective Erward Carnby et Jodie Comer (Star Wars IX) qui prête son flegme britannique à Emily Hartwood.

Bien que ce nouveau volet soit présenté comme un remake du jeu originel de 1992, c’est un peu plus subtil que cela selon nous. L’histoire reprend effectivement les grandes lignes de l’intrigue ainsi que les personnages principaux. Cependant, nous le définirions plus comme un hommage inspiré qui s’autorise des libertés, tout en conservant l’esprit intrinsèque de l’œuvre de Frédérick Raynal.

Le point de départ de notre histoire reste donc inchangé et c’est après avoir reçu une missive intrigante qu’Émily décide de se rendre en compagnie du détective Carnby dans le Bayou, au manoir Derceto, afin de lever le voile sur la disparition soudaine de son oncle Jérémy. Une fois arrivé devant cette maison de repos, un choix important s’impose au joueur puisqu’il faut décider qui incarner au sein du duo pour mener l’enquête. Dans le titre originel, cela influait grandement sur la difficulté étant donné qu’Edward Carnby était bien mieux armé pour affronter les dangers. C’est loin d’être le cas ici car, même si Émily encaisse moins bien les coups, elle dispose d’autant de répondant que son partenaire.

Afin de vous laisser tout le plaisir de la découverte ou de la redécouverte, nous ne développerons pas plus l’intrigue. Sachez juste que l’on retrouve les inspirations Lovecraftiennes, tant dans les visuels que dans le scénario torturé. Cependant, nous regrettons que les deux visions de l’histoire (selon le personnage choisi) soient quasiment identiques. Hormis un passage d’introspection propre au personnage et des dialogues adaptés à celui-ci, rien ne diffère dans l’écriture ou la construction du récit et des énigmes. Lorsque l’on sait que pour obtenir les 1 000G il faudra nécessairement vivre l’histoire plusieurs fois, c’est dommage de ne pas avoir capitalisé davantage sur cette possibilité. Non, nous n’irons pas jusqu’à dire qu’il aurait fallu s’inspirer un peu de Resident Evil 2, même si nous le pensons sincèrement.

Un gameplay vieillissant…

Le gameplay quant à lui est loin de réinventer la roue et reprend les standards du genre, peut-être même un peu trop. Classiquement, au fil de l’aventure, on collecte différentes armes dont il faut gérer avec soin la consommation de munitions pour ne pas devoir finir les affrontements par un duel au corps à corps armé d’un morceau de tuyau qui traîne. Idem pour les flasques de mauvais whisky qu’il faut descendre avec modération pour ne pas tomber à cours de remontant.

Le filtre LetterBox fait son petit effet

Pour faciliter la nécessaire économie de ressources, il est préférable d’user de discrétion et d’éviter autant que possible les combats. Par chance, un petit poucet a laissé des briques et des cocktails Molotov traîner dans les zones de combat pour nous permettre de distraire l’attention des ennemis ou entamer leur santé par un joli brasier. Toute ressemblance avec une certaine licence de Naughty Dog pourrait ne pas être fortuite. Du grand classique donc sans vraiment de prise de risque de ce côté-là, dommage. On peut également regretter la pauvreté du bestiaire qui ne compte que cinq entités différentes et, même si ça fait le job, cela reste bien maigre in fine.

Les énigmes et les puzzles que nous croisons en chemin ne diffèrent pas non plus de ce que l’on voit et revoit depuis des décennies. Même s’il faut porter attention aux documents ramassés et parfois recouper les informations collectées afin d’obtenir la clé, les habitués du genre ne rencontreront pas une grande difficulté dans la résolution des énigmes. Il y a cependant un souci avec l’une d’entre elles puisque la traduction biaise le processus logique. Gardez donc en tête que, si un coffre vous résiste, la solution se trouve dans le document en V.O. Les néophytes y trouveront également leur compte avec les diverses aides pouvant être activées pour mettre en exergue les éléments importants et ainsi éviter une trop grande frustration.

On peut relativiser ce manque de prise de risque en soulignant le soin apporté au level design qui fait presque oublier les inévitables allers-retours d’un bout à l’autre de l’institut. Pour peu que l’on ait le plan en tête, on parvient rapidement à destination en coupant à travers un salon ou en empruntant une échelle. Mention spéciale également pour le très court passage reprenant les angles de caméra fixe en clin d’œil à l’œuvre originale.

... mais un niveau technique au goût du jour

Le titre propose un mode qualité offrant une résolution en 4K avec 30 images par seconde et un mode performance en 60 images par seconde avec une résolution adaptative. Pour une fois, la Xbox Series S n’est pas orpheline de cette option, même si l’écart entre les deux machines reste évident en termes de rendu visuel, surtout en mode performance. Lors du test, nous avons relevé à plusieurs reprises des chutes de framerate perceptibles, mais qui devraient être corrigées par un patch au lancement selon le studio. Les très rares bugs de collision que nous avons rencontrés devraient aussi disparaître avec ce correctif. Pour en finir avec les imperfections, à notre grande surprise, les interludes non jouables sont d’un niveau graphique en deçà du reste, chose peu courante vous en conviendrez.

Heureusement, l’excellent travail des comédiens voix fait oublier la synchronisation labiale perfectible et donne vraiment du charisme aux personnages. L’ambiance sonore quant à elle n’est pas en reste et l’immersion est totale. L’atmosphère oppressante s’installe insidieusement et la tension monte avant même d’avoir croisé l’objet de nos peurs. La bande-son jazzy judicieusement choisie fait mouche et nous transporte immédiatement dans l’Amérique des années 20. Pour compléter ce magnifique tableau, on soulignera la richesse des environnements et le travail d’éclairage qui sublime la toile. On sent vraiment le soin apporté par les équipes du studio pour nous offrir le plus beau rendu possible.

Globalement, la réalisation technique rend le titre moins poussiéreux et fait passer au second plan le manque d’originalité du gameplay. On prend plaisir à dérouler l’histoire et à plonger au cœur de l’intrigue. Bien que les deux trames scénaristiques ne diffèrent que très peu, on y revient avec plaisir afin d’achever la collecte d’artefacts qui ne peut être complète sans avoir incarné les deux protagonistes. Petit bémol cependant sur la gestion du “end-game” qui reste nébuleux et qui ne s’affiche pas clairement au menu lorsqu’on lance une nouvelle partie avec le second personnage. Espérons qu’une mise à jour vienne clarifier tout cela et rendre moins compliquée la complétion.

Côté durée de vie, sans être exceptionnelle, elle reste dans la moyenne du genre. Il nous a fallu huit heures pour arriver au terme de notre première partie et seulement cinq pour la seconde. Les plus curieux y ajouteront quelques heures pour débloquer toutes les fins possibles et les complétistes pourront arborer fièrement leur 1 000G en moins de vingt heures.

Malgré le poids des années, Alone in the Dark ravira les joueurs de toutes générations pour peu qu’ils soient capables d’apprécier la richesse des environnements et la qualité de l’intrigue. Il faut cependant reconnaître que THQ Nordic a pris une sage décision en repoussant plusieurs fois la sortie du titre qui n’aurait, de toute évidence, pas remporté le duel de calendrier face à un Alan Wake 2 ou un Spiderman 2.

Petite précision qui peut avoir son importance, les heureux possesseurs de l’édition deluxe disposent, en plus de filtres visuels, des commentaires des développeurs “in game”. Il faut toutefois maîtriser la langue de Shakespeare pour en profiter pleinement puisqu’aucun sous-titre n’est pour l’instant au programme.

Testé sur Xbox Series X|S.

Bilan

On a aimé :
  • Le casting qui fait mouche
  • L’ambiance pesante tout au long de l’aventure
  • Les environnements très travaillés
  • L’inspiration Lovecraftienne
  • La vibration sans fausse note de la corde nostalgique
On n’a pas aimé :
  • Les scènes non jouables techniquement moins travaillées que le reste
  • La synchronisation labiale perfectible
L’opus qu’il manquait pour partir sur un succès

C’est avec joie que nous retrouvons une licence à qui le survival horror doit beaucoup pour ne pas dire tout. Malgré le poids des années et un manque d’originalité dans son gameplay très convenu, le titre sort son épingle du jeu grâce à la richesse de ses environnements et la qualité de sa réalisation technique. Avec une ambiance sonore et une bande originale sans fausse note, le studio parvient à faire vibrer au diapason les cordes de la nostalgie et du plaisir. THQ Nordic a réussi à rendre à la licence Alone in the Dark ses lettres de noblesse. Edward Carnby peut enfin prendre une retraite bien méritée, sans avoir à rougir de sa dernière prestation.

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Alone in the Dark

Genre : Survival Action

Éditeur : THQ Nordic

Développeur : Pieces Interactive

Date de sortie : 20/03/2024

Prévu sur :

Xbox Series X/S, PlayStation 5, PC Windows

2 reactions

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Zabal

19 mar 2024 @ 15:25

« et Jodie Comer (Star Wars IX) »

Killing Eve, surtout !

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Moustic33

19 mar 2024 @ 18:54

Oui killing eve , juste excellente ! Bon à faire car jamais testé cette licence.