Test - The Valiant - Le renouveau du STR console ?

«Le Royaume est en Feu ! » , - 2 réaction(s)

The Valiant est le tout dernier STR de Kite Games, studio hongrois fondé en 2015 et composé de vétérans de l’industrie.

S’ils étaient parvenus à réaliser l’exploit de faire renaître de ses cendres la série des Sudden Strike avec un quatrième opus de qualité, il était grand temps pour eux de nous livrer une production plus personnelle.

C’est désormais chose faite avec The Valiant. Sorti en octobre 2022 sur PC, le STR bourré d’action part désormais en croisade sur les Saintes Terres des consoles.

Deux chevaliers sur une monture

The Valiant nous narre une histoire fictive marinée d’éléments historiques. Dans celle-ci incarnons Theoderich, un templier luttant pour reprendre la Terre sainte aux côtés de son frère d’armes et commandant, Ulrich.

Durant la campagne d’Antioche, en 1204, les deux amis tombent sur une antique relique tandis qu’ils pourchassent un calife. Ulrich s’empare de ce qu’il ignore encore être un morceau du Bâton d’Aaron, frère de Moïse, arme aux pouvoirs incommensurables utilisée par l’Élu de Dieu durant l’Exode.

Mais la relique semble avoir un effet néfaste sur Ulrich qui, obsédé par cette dernière, change petit à petit. Il en vient même à abandonner ses hommes, à les mettre en péril, à sacrifier des vies innocentes qu’il avait jusqu’alors juré de défendre…

C’en est trop. L’amitié qui lie Theoderich et Ulrich se brise, comme le bâton jadis. La campagne d’Antioche désormais achevée, les deux hommes se séparent et retournent dans leurs fiefs respectifs. Notre héros range son épée une fois dans sa Saxe natale, jurant de ne plus jamais guerroyer, tandis qu’Ulrich devient un homme d’influence, à l’autorité reconnue de tous.

Onze ans plus tard, un moine solitaire arrive chez Theoderic. Ses études l’ont mené à découvrir la vérité concernant le bâton et, surtout, ses dangers. Il sait où trouver des indices menant aux deux autres fragments… mais a découvert qu’Ulrich le sait également.

Theoderic n’a d’autres choix que de fourbir ses armes de nouveau, prêt à tout pour retrouver les deux artefacts manquants et sauver son vieil ami du mal qui le ronge.

The Valiant… dispose d’une intrigue incroyablement riche et puissante. Contrairement à bien des titres qui hésitent timidement entre faits historiques et imaginaires, le titre de Kite Games sait parfaitement où il va. Il mélange les genres, adopte un style médiéval fantastique tout à fait assumé et pleinement maîtrisé.

Au travers des quinze missions qui composent la campagne principale, le jeu nous fait voyager à travers l’Europe et le Moyen-Orient. Des personnages iconiques nous rejoignent également, chacun avec des motivations et une personnalité propre, forte et construite.

L’intrigue, sublimée par une narration à toute épreuve, peut aussi compter sur la maestria d’une bande-son épique aux envolées lyriques, mais également sur l’appui de comédiens de doublages impliqués, pour ne pas dire habités, par leur personnage.

Non content d’avoir une telle équipe de talents, le réalisme a été poussé jusqu’à choisir des doubleurs aux accents prononcés, mais également dans différentes langues. Les Sarrasins parlent arabe, bien que la langue principale soit l’anglais. À ce titre d’ailleurs et pour une immersion optimale, nous ne saurions que trop vous conseiller de passer immédiatement l’audio en allemand.

Le gros point noir de The Valiant vient, en revanche, de la taille des textes. Chaque dialogue dispose en effet de sous-titres en français situés… à gauche de l’écran, en blanc sur fond noir, et en police de taille 8.

Certes, nous commençons à nous habituer au fait que les développeurs aient du mal à assimiler l’idée qu’une console est différente d’un PC, qu’usuellement les joueurs sont assis confortablement sur un canapé situé en moyenne à 2,30 m de leur téléviseur (distance optimale pour un appareil de 55 pouces, recommandé par la société américaine pour la télévision et le cinéma). Mais il est pénible de constater que rien ne change, qu’une fois encore les joueurs consoles sont pénalisés et peu pris au sérieux.

Dans les pas de Kingdom Under Fire

Contrairement à la majorité des STR, The Valiant fait le choix de nous proposer un gameplay atypique à mi-chemin entre stratégie et action. Rares sont les titres à avoir tenté l’expérience, avec plus ou moins de succès.

Bien entendu, les mécaniques et commandes ne sont pas sans rappeler feu la série des Kingdom Under Fire, principal fer de lance du genre, tout en s’éloignant suffisamment de cet illustre modèle pour adopter une identité propre.

Au début de chaque mission, à partir du chapitre 3 (les deux premiers servant peu ou prou de tutoriel) nous avons ainsi le choix de nos héros, de leurs équipements et compétences (déblocables via différents arbres selon l’expérience gagnée lors des missions), mais également des unités qui nous accompagnent. Libre à nous d’orienter notre style de jeu et nos stratégies en débutant avec des archers, épéistes, lanciers ou cavaliers.

Nos héros peuvent donc gagner de l’expérience au cours de leurs péripéties, que ce soit de manière classique (via les affrontements), ou en remplissant certains objectifs annexes (ne pas mourir, ne subir aucun dégât, gagner des médailles en accomplissant des exploits, etc.) Rapidement, nous comprenons qu’optimiser notre jeu est essentiel pour mieux faire progresser nos avatars, de même que de prendre le temps de sillonner les différentes cartes dans l’optique de trouver de l’équipement caché ou des ennemis et campements dissimulés.

Car oui, The Valiant n’en oublie pas d’être un STR. Sur chaque carte, des camps ennemis peuvent être capturés afin de nous permettre, en échange de ressources, d’appeler des renforts dans le but de remplacer nos unités décédées ou de soigner les blessés.

Particulièrement plaisante, l’exploration est également source de gains non négligeables à la hauteur de la prise de risque qu’elle représente. Une excellente idée qui donne un petit côté RPG à un genre d’ordinaire si cadré dans ses objectifs.

Nos héros ont, de plus, accès à différents pouvoirs pour nous aider dans notre mission. Le premier s’active via la touche Y et est soumis à la fois à un cooldown et à une jauge de vigueur ; le second (sorte d’attaque ultime) s’utilise en appuyant simultanément sur les gâchettes LB et RB une fois un pourcentage au maximum. Ce dernier augmente en combat et décroît progressivement une fois l’affrontement terminé.

Si, sur le papier, tout ceci est excellent… Une fois manette en main, l’aventure prend malheureusement un autre tournant…

Une version console sacrifiée

Une fois dans le cœur de l’action, l’interface est on ne peut plus classique. Malheureusement, et c’est bien là le plus gros reproche que l’on peut faire à The Valiant : en voulant essayer à tout prix d’adopter des commandes à la manette originale, il en oublie d’être optimisé.

La prise en main est laborieuse et imprécise malgré la multiplicité des options qui s’offrent à nous.

La sélection des unités, soit la base de tout STR, est totalement anarchique. Le bouton A nous permet de choisir l’une d’entre elles. Le maintenir enfoncé tout en montant le stick analogique gauche vers le haut crée un cercle de sélection rapide, imprécis, pratiquement inutilisable dans le cœur de l’action.

Par « chance », les développeurs ont songé à une alternative via la croix directionnelle : gauche et droite nous permettent ainsi de naviguer entre nos unités, bas de tous les sélectionner. C’est d’ailleurs la seule manière viable de jouer, tant les problèmes de maniabilités se cumulent.

Mais, avant de passer au reste, nous entendons déjà les amateurs de STR hurler une question somme toute légitime : quid de la sélection partielle des unités ? Comment faire si nous voulons, par exemple, scinder nos troupes en deux afin de couvrir davantage de terrains ou rapidement ordonner à nos archers de se retrancher ?

Eh bien sur console, c’est tout bonnement impossible… sinon avec le fameux cercle de sélection, de nouveau d’une rare imprécision. Oubliez tout simplement cette fonctionnalité, pourtant essentielle, dans le cœur de la mêlée.

Six mois après la sortie de Age of Empire II : Definitive Edition sur Xbox, il est surprenant de constater une telle différence de prise en main, un tel retour en arrière qui nous ramène droit vers l’âge sombre du STR sur console.

Le pire étant que les développeurs ont, visiblement, compris leur échec, puisqu’ils ont ajouté une « pause active » à leur titre. Oui, une pause active. En 2023. Et qui n’est même pas activée par défaut !

Ce point précis nous permet de faire un bref interlude à but informatif (et vital pour nombre de joueurs, nous n’en doutons pas) : avant de lancer une partie, nous vous invitons très fortement à aller faire un tour dans les options pour gérer deux paramètres singulièrement désactivés par défaut : cette fameuse pause active, bien entendu… et le « mode assistance sélection » qui a pour effet de rendre la sélection d’unités via le stick droit plus rapide et précise. Quelle idée saugrenue que de rendre deux paramètres si essentiels optionnels !

Cela étant dit, il faut aborder un autre point qui fâche lourdement : la caméra. Les lecteurs les plus attentifs auront sans nul doute remarqué que nous abordions le stick droit au paragraphe précédent… Oui, ce dernier ne sert absolument pas à gérer l’orientation de la caméra ni le niveau de zoom.

Pourquoi ? Tout simplement parce que The Valiant oublie purement et simplement de nous permettre de gérer ces « détails ». Très pratique, particulièrement dans les passages où des unités adverses sont dissimulées derrière des bâtiments et où l’affrontement doit, de fait, se faire en aveugle.

Au final, nous nous contentons généralement de lancer l’ensemble de nos unités dans la mêlée, d’utiliser dès que possible nos soins et nos attaques ultimes, tout en priant pour sortir victorieux de l’affrontement.

Visuellement en demi-teinte

Pour terminer, il faut aborder l’aspect graphique de The Valiant. Certes, le STR a toujours été un genre qui ne fait que peu de cas de la partie visuelle. L’important, c’est que le jeu ne souffre d’aucune chute de framerate et demeure fluide en toutes circonstances, qu’importe le nombre d’unités à l’écran.

Pour y parvenir, les développeurs de Kite Games ont fait le choix particulièrement étrange et singulier de sacrifier les modèles de personnages plutôt que les décors.

Dans sa globalité, le jeu est donc fort joli, les environnements diversifiés, disposant de jeux de lumières très agréables et de teintes chatoyantes.

Mais dès qu’une scène se lance, mettant les héros en gros plans… nous découvrons avec horreur des unités polygonales, aux lèvres non animées, dignes de deux générations de consoles en arrière, a minima.

Pourquoi ce choix singulier  ? Les phases scénaristiques sont, justement, les plus impactantes ! Les gâcher ainsi est une pure hérésie.

Malgré tout, The Valiant peut compter sur une direction artistique particulièrement plaisante, d’autant que les cadavres sont persistants sur le terrain.

Pour terminer, précisons que The Valiant dispose en sus de trois modes de jeux alternatifs : des escarmouches très classiques, un mode compétitif permettant, en solo ou en multi, de gagner divers bonus quotidiens et enfin “survivant”, mettant nos talents à l’épreuve dans une succession de vagues ininterrompues d’ennemis.

Très clairement loin de la maestria de la campagne, ces derniers sont à réserver aux plus amoureux du titre.

Testé sur Xbox Series S

Bilan

On a aimé :
  • Un scénario exceptionnel
  • Des personnages très bien écrits
  • Une bande-son magistrale
  • Des doubleurs totalement impliqués
  • Une exploration vraiment utile
On n’a pas aimé :
  • Une prise en main laborieuse à la manette
  • La taille des sous-titres
  • Les gros plans sur les héros, immondes
  • L’impossibilité de gérer la caméra
Un très grand STR, mais une version console plus que moyenne

The Valiant fait indubitablement partie des meilleurs STR qu’il nous ait été donné de tester sur Xbox. Un énorme coup de cœur pour son intrigue, ses personnages, son ambiance, sa bande–son… Tout serait parfait, si ce portage console ne souffrait pas d’autant de problèmes de maniabilité. À trop vouloir en faire, les développeurs ne sont pas parvenus à trouver le juste milieu, ni à nous offrir un portage convaincant. Dommage.

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The Valiant

Genre : STR

Éditeur : THQ Nordic

Développeur : KITE Games

Date de sortie : N/A

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 5, PlayStation 4, PC Windows

2 reactions

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Wingedhussar

10 jui 2023 @ 15:19

J’avais adoré Sudden Strike 4 qui etait en plus super bien adapté sur console, donc ce studio j’ai une totale confiance.

En plus the Valiant est à 25 euros neuf day one.

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Saitamouss

10 jui 2023 @ 15:43

Merci Farrel pour ce test. Le jeu m’intéressait énormément. Les sous titres trop petit je peux faire avec mais la maniabilité où l’on a pas la possibilité de sélectionner une partie de ses troupes et ne pas pouvoir zoomer/dézoomer ça va me gâcher le plaisir d’y jouer car c’est essentiel dans ce type de jeux. Commencer avec du plaisir et me retrouver frustré au bout d’une heure de jeu.

Dommage aussi de ne pas pouvoir y jouer au clavier/souris alors qu’il était promis il y a quelques années que ce genre de jeux y aurait droit.