Test - Mass Effect 3

«Commandant, on y va ?» , - 30 réaction(s)

J’ai un plan sans accroc

Mais lorsque les premières colonies terrestres ne répondent plus, le conseil humain fait appel à Shepard, juste avant l’arrivée des Moissonneurs sur Terre pour ce qui restera pour beaucoup l’un des prologues les plus loupés de l’histoire du jeu vidéo. Dès le début, Mass Effect 3 nous montre les deux côtés de sa personnalité. D’un côté, une narration excellente, des dialogues ciselés, des répliques cinglantes superbement écrites et un fan service assumé, distillé avec art et amour qui amènera par moments le joueur au bord de l’orgasme (j’avoue en faire un peu trop). De l’autre, une scénarisation totalement bancale, faisant la part belle aux raccourcis de toute sorte, aux incohérences, aux séquences mal introduites et dont le seul objectif sera d’enchaîner les séquences de combats les unes à la suite des autres.

Il faut juste voir la séquence d’intro, et son enfant-victime introduit de façon totalement gauche et inutile (difficile d’avoir de l’empathie pour un gosse sans famille, et qui disparaît aussi brièvement qu’il est apparu), l’arrivée même des Moissonneurs qui, malgré son côté spectaculaire, oublie tout le côté génocide, aucun mouvement de foule d’une humanité pourchassée et annihilée par ces monstres qui prennent grand soin de se poser délicatement entre les tours d’immeubles sans les abîmer. Sans tomber dans les abîmes de son prologue le reste de l’histoire de Mass Effect 3 est aussi mal dégrossi ; elle est sauvée par sa narration hors pair, son implication émotionnelle intacte, ses clins d’oeil successifs et le côté spectaculaire de cet univers en guerre qui lutte pour sa survie à n’importe quel prix.

Ça ne plaisante pas...

L’ambiance de Mass Effect 3 est tout aussi travaillée. Outre sa technique sans faille -ou presque- et sa direction artistique à tomber qui font de Mass Effect 3 le plus bel épisode de la saga et de loin, les musiques de Clint Mansell (le compositeur de Requiem for a Dream, The Wrestler, The Fountain et Black Swan) sont fabuleuses. La bande-son recèle des perles mélodiques qui soutiendront à merveille les scènes les plus spectaculaires ou dramatiques du jeu. L’ambiance sonore est sans faille et les doublages français restent dans la moyenne haute des productions actuelles, malgré le changement de doubleurs de certains personnages et la nullité du jeu de quelques personnages secondaires. La possibilité de télécharger la version originale est une formidable option que l’on aimerait voir plus souvent.

L’équilibre entre TPS et jeu de rôles, première victime des Moissonneurs.

Dans un contexte de guerre totale, Mass Effect 3 s’oriente sans fard vers le jeu d’action pur et dur. Les principaux efforts en termes de gameplay de la part de Bioware se sont portés essentiellement sur sa partie jeu de tir à la troisième personne dans un effort, un peu vain avouons-le, de se rapprocher des ténors du genre tels que Gears of War. Il y a toutefois beaucoup de progrès par rapport aux précédents opus. Les actions s’enchaînent de manière plus fluide, les combats sont plus nerveux, plus dynamiques et offrent de meilleures sensations de jeu. Même si de gros efforts ont été faits, avec l’intégration d’une puissante attaque au corps à corps, il reste beaucoup trop de carences pour qu’il puisse se hisser à la hauteur de ses modèles.

Je mets quoi comme maquillage ?

A commencer par l’animation de Shepard, étrangement ridicule en course et qui manque encore de fluidité lors de l’utilisation des couvertures et des changements de position. Notre Shepard a parfois des difficultés à se mettre correctement à l’abri. Faute aussi à l’utilisation de la roue des pouvoirs qui met le jeu en pause à chaque changement de pouvoirs, soins ou chaque ordre donné à son équipe. Autant l’IA des adversaires a été peaufinée (vive les grenades !), autant celle de ses compagnons manque encore cruellement de discernement en plein coeur du combat. On regrettera particulièrement le manque d’imagination et de prise de risque sur le level design des niveaux. Certes très spectaculaires, ils n’en restent pas moins très pauvres en mise en situation. On alterne sans originalité les couloirs et les salles bardées de pierres dressées, de jardinettes, de conteneurs et autres bureaux pour permettre de donner suffisamment de couverture au joueur. Ce ne sont pas les quelques passages en mécha ou derrière une tourelle qui viendront casser la monotonie qui s’insinuera au fil de l’aventure.

Et le jeu de rôles dans tout ça ? Malgré son excellente narration et la confrontation avec certains choix moraux particulièrement difficiles, les amateurs de jeu de rôles resteront sur leur faim. On aurait aimé que les développeurs de Bioware apportent autant d’améliorations à cette partie qu’ils en ont fait sur la partie TPS. Las, la section jeu de rôles a stagné voire s’est appauvrie. Exit l’exploration de plusieurs planètes, la Citadelle -immense- sera le seul lieu (avec le Normandy) où le joueur récupérera des quêtes annexes et pourra flâner sans brandir son arme. Les quêtes annexes seront attribuées automatiquement en écoutant certains personnages, on récupère de ce fait les quêtes sans trop le savoir. Ces quêtes permettront principalement d’augmenter l’effort de guerre contre les Moissonneurs. La galaxie est maintenant divisée en zones de guerre où l’on suivra l’avancée des forces en présence. L’exploration de la galaxie peut toujours se faire mais a été grandement simplifiée. On abandonne le scan fastidieux des ressources pour les planètes pour un simple scan plus large sur les deux-trois éléments remarquables du système dans lequel on se trouve. Chaque scan risque de révéler notre présence aux Moissoneurs qui, au bout d’un moment viendront jouer au chat et à la souris avec le Normandy.

Bilan

On a aimé :
  • Une narration et une musique exceptionnelle
  • Un superbe fan service
  • L’utilisation de Kinect et le multi
  • Un dénouement finalement digne de la saga
  • L’impact de nos choix antérieurs
On n’a pas aimé :
  • Un scénario simpliste
  • Une partie RPG très light
  • Quelques Incohérences au niveau des choix pris dans ME 1 et 2
  • Un jeu non optimisé, bugs et accès disque
Un jeu de tir à la troisième personne avec un zeste de RPG...

Après un prologue loupé, on retombera petit à petit dans l’ambiance Mass Effect et ce grâce à la magie de son univers et au charme de ses personnages. Mass Effect est une série qui a viré de RPG mâtiné TPS à TPS saupoudré d’un zeste de RPG. Alors certes on se retrouve devant un flot d’incohérences, la montée dramaturgique du scénario est aux abonnés absents mais même avec ça, les dialogues sont tellement bien écrits et les retrouvailles avec les personnages emblématiques de la saga tellement bien amenés que l’on tombe sous le charme de Mass Effect 3 en faisant fi des aléas et de ses errances scénaristiques. Le multi met les deux pieds dans la faiblesse de Mass Effect 3 en ce qui concerne sa partie TPS à proprement parler. Cela restera un TPS assez moyen et très redondant dans ses approches, mais lorsque l’on y ajoute la garniture, une garniture savamment préparée depuis deux épisodes, le jeu prend une toute autre tournure. Un plaisir immense qui ne trouvera sa quintessence que si on y a goutté dès le premier épisode..

Accueil > Tests > Tests Xbox 360

Mass Effect 3

Genre : Action RPG

Editeur : Electronic Arts

Développeur : Bioware

Date de sortie : 8/03/2012

Prévu sur :

PC Windows

Venez discuter sur le Forum Mass Effect 3

30 reactions

avatar

GTB-X

16 mar 2012 @ 00:41

« Mass Effect est une série qui a viré de RPG mâtiné TPS à TPS saupoudré d’un zeste de RPG. »

Faut ressortir les jeux parfois, les souvenirs sont traites. Mass Effect est un action-RPG bien plus action que RPG depuis le début. C’est pas parce que c’est encore plus action maintenant, que le premier devient un RPG. D’ailleurs le RPG de cette série c’est toujours limité à son sens le plus strict : l’incarnation d’un rôle.

Stéphan

16 mar 2012 @ 01:20

GTB-X, ce n’est pas vraiment faux ce que tu dis. Enfin du peu que j’ai joué au 1. Mais si on extrapole, dans tous les jeux on incarne un rôle, donc tous les jeux seraient des RPGs. Ca ce serait un sujet cool pour un devoir de philo, ça !

Là je peux me tromper vu que j’y ai joué à sa sortie, mais Mass Effect 1 de mémoire possédait de nombreux aspects Jeu de Rôle : Fiche de perso, évolution de ce dernier, choix de discussions, combats et évènements (ouvertures de verrous...) qui prenaient plus tes stats en considération...

Ici, en dehors de l’aspect dialogues et fiche perso, le reste est passé à la trappe d’après ce que j’ai compris depuis le deux. Et je pense que c’est ce qu’il faut entendre par là : on est passé d’un jeu Action RPG à un jeu d’action avec un peu de rôle dedans. C’est une question de dosage donc.

avatar

Apollon13

16 mar 2012 @ 07:19

ceux qui me lisent sur le forum le savent : Je suis carrément d’accord avec GTB-X.

Le premier enlevez lui la série de quête de la citadelle, vous reste le mako et pratiquement que du combat.

et pareil je considère que le jeu de rôle n’est pas avant tout une question d’inventaire, d’xp, de stat de compétences et compagnie... Mais bien de jouer un rôle.

Au sens le jouer vraiment, faire des choix (moraux ou autre) et tout ce qui fera que c’est quelque part vous ne suivez pas juste l’histoire d’un gars, vous en décidez. Donc oui la trilogie (faut prendre la trilogie dans ce cas pas chaque jeux individuellement) est finalement ce qui se rapproche le plus pour d’un jeu méritant la classification de RPG.

Maintenant c’est un test de mass effect 3. C’est normal de prendre le jeu pour ce qu’il est, sans juste le considérer comme le dernier volé de la trilogie. Même si je suis pas d’accord avec le fait qu’on dise que les mass effect ont été de moins en moins rpg, de plus en plus TPS oui (session de 3h de jeux hier petite mission combat de 15 20min, tout le reste du temps j’ai fait du dialogue).

Les test sont la pour les indécis, pas pour ceux qui savent déjà qu’ils adorent ou détestent le jeu. Et même avec toute la volonté de professionnalisme possible ça reste le test d’une personne. Lui demandez pas d’être d’accord avec tout le monde.

Après

Jarel

16 mar 2012 @ 08:36

Vous entendez quoi par « un super fan service » ?

Le message de Gunnm qui vient juste après et beaucoup d’autres en sont un bon exemple. Le jeu est une sorte de concentré de scènes, de retrouvailles, de choix qui caressent les fans de la première heure dans le sens du poil. Une sorte d’enchainement de fantasmes qui se sont cumulés tout le long de la saga. (Une quête dans la citadelle montre même de façon furtive un Hanari, race très présente dans la citadelle dans le premier opus qui a disparu dans le 3 de même que les Elcors.) Bref, ces évènements « fantasmés » cacheront pour beaucoup les faiblesses pourtant évidente de ce 3ème opus tant au niveau scénaristique (élément que je ne peux détailler ici ni dans le test sous peine de spoil) que technique et ludique.

Après on pourra toujours débattre sur l’aspect jeu de rôle du jeu mais il faut avouer que toute la part exploration a été sérieusement amputée et que chaque grosse quête, chaque avancée de l’histoire passe par la case « combats » et ce sans aucune subtilité.

Quoiqu’il en soit la trilogie prise dans son ensemble vaut facilement un petit 5/5 des familles et un gros coup de coeur.

Si cela peut en rassurer certains. ^^

Drydwir

16 mar 2012 @ 09:07

En tout cas, je trouve honnête d’avoir mis une note à 4 étoiles sans coup de coeur là où d’autres auraient mis le maximum parce que c’est Mass Effect.

Jarel

16 mar 2012 @ 09:31

En tout cas, je trouve honnête d’avoir mis une note à 4 étoiles sans coup de coeur là où d’autres auraient mis le maximum parce que c’est Mass Effect.

Il fait parti des jeux qui ne sont pas évident à noter.

Sanju

16 mar 2012 @ 10:15

Plutôt d’accord avec Bigmini, j’ai eu les mêmes interrogations en finissant le jeu, laissant un goût amer alors que le reste m’avait littéralement transporté, malgré de rares impairs.

Jarel

16 mar 2012 @ 10:22

Une fin à la Edika.

work44

16 mar 2012 @ 11:30

Je trouve la note sévère surtout en comparaison à celle de Mass Effect 2 (5 étoiles et coup de coeur). Sûrement le changement de testeur...

avatar

GTB-X

16 mar 2012 @ 13:56

Stéphan> Hm oui et non. Le côté RPG de Mass Effect 1 était déjà très discret. L’inventaire en plus d’être mal foutu était parfaitement inutile. J’ai fait tout le jeu sans y foutre les pieds quasiment. C’est dire son importance. Pour le reste, on retrouve ce qui fait les bases des deux suites. Donc non ME1 n’était pas réellement plus RPG en ce sens. En revanche l’équilibre Action/combat-Dialogue/ville était différent oui.

Différence qui s’intègre dans la logique de la trame principale. Plus la tension monte, plus le danger approche...moins on prend le temps d’aller siroter dans les bars de la galaxy ^^.

Sinon pour en revenir à l’incarnation d’un rôle ; effectivement nous incarnons toujours un rôle dans les jv mais on parlera plus souvent d’avatar que de rôle tant notre volonté n’a que peu d’importance. Mass Effect 1 proposait au contraire d’incarner un Shepard dont nous choisissions la tête et à peu près tous choix importants et secondaires : les histoires d’amour, les décisions politique, les destinations, les missions, l’équipe qui nous accompagne pour les missions, les ordres de combats etc...Bref notre volonté était perpétuellement prise en compte.

Bref dans Mass Effect, le côté RPG c’est surtout qu’on incarne joue Shepard. Et c’est toujours le cas dans ME2 et ME3.

Il y a bien des différences entre les épisodes, comme les explorations mako -que j’adorais perso-, les dialogues dans les assensceurs etc...Mais les différences sont au final minimes. La plus grosse étant le rythme et le rapport combat/exploration, trouvant sa justification dans la trame principale.