Il est des franchises que l’on ne voit pas venir. Des jeux moyens, critiqués pour leurs carences qui arrivent quand même à avoir des suites improbables alors que certains jeux superbes ne trouvent pas leur public. Ainsi va la vie et le mystère lié à la réussite ou non d’un jeu. Kane & Lynch fait partie de la catégorie des jeux décriés qui voit poindre ce mois-ci une suite improbable. Plus noire, plus violente, Kane & Lynch Dog Days est-il un essai pour redorer un titre et un duo de personnages doté d’un fort potentiel ? Quand on connaît le talent du développeur IO Interactive on ne pouvait que partir confiant quand aux corrections apportées au gameplay de Kane and Lynch.
La franchise mal aimée
Lorsque Kane & Lynch Dead Men est sorti, les tests ne l’ont pas loupé et c’est une volée de bois vert qui a accueilli la sortie du jeu de Io Interactive et d’Eidos. Un testeur a même été viré sur un site américain connu, -gamespot- suite à une mauvaise critique du jeu. Pourtant il n’a pas été le seul à ne pas l’avoir apprécié. IA défaillante, technique balbutiante et absence de jeu coopératif en ligne. En sus le mode multijoueur fragile alliance, multi original et assez bien pensé est sorti bien après le jeu en DLC gratis. Mais trop tardivement pour sauver ce qui pouvait l’être.
Néanmoins, Kane & Lynch a réussi à trouver son public. Le duo de tarés a su se rendre attachant auprès des joueurs et l’histoire, noire, sombre et violente aura marqué ceux qui seront parvenus jusqu’au bout du jeu. J’admets volontiers avoir apprécié Kane & Lynch à l’époque de sa sortie, avoir apprécié ce couple improbable, cette ambiance noire soutenue par l’excellente composition de Jesper Kyd (compositeur attitré des Hitman et de Assassin’s Creed) et certaines scènes de fusillades encore mémorables malgré une IA des adversaires aux prunes.
Je fus donc parmi cette petite minorité de joueurs à avoir attendu fébrilement la sortie de la suite de ce petit jeu mal aimé. Io Interactive, les développeurs de l’excellente série des Hitman et plus récemment, du très bon Freedom Fighters et de l’adorable Mini Ninjas, ne pouvaient raisonnablement qu’améliorer les choses et nous sortir un Kane & Lynch qui allait mettre tout le monde d’accord et hisser le duo à la place qu’il mérite. Autant dire tout de suite que je suis tombé de haut...
Une journée de chien à Shangaï
Petit changement d’orientation et de point de vue par rapport à Dead Men. Dog Days abandonne la gestion d’escouade issue de Freedom Fighters. Ici, vous n’aurez à vous occuper que de votre peau et cette peau sera celle de Lynch, le tueur fou, le psychotique qui a réussi à se refaire une vie à Shangaï et calmer son âme auprès d’une femme. Et il s’est bien calmé le bougre vu qu’il ne pète plus du tout les plombs et n’aura plus grand chose de psychotique. Enfin suivant votre façon de le jouer bien sûr.
Shangaï, havre de paix ? Pas vraiment vu que Lynch va voir débarquer son vieil ami, Kane pour « une dernière » affaire... Une affaire qui va replonger le duo dans une course meurtrière jonchée de cadavres.
Voilà pour l’histoire, ne vous attendez pas à des retournements de situations, il n’y en a aucun. Ne vous attendez pas non plus à des surprises, des passages mémorables, du pétage de plomb en règle de la part de Lynch, à des échanges croustillants entre les deux compères, il n’y en a pas non plus.
L’histoire fait parti des gros loupés de Kane & Lynch Dog Days. Elle peine à retrouver ce qui avait fait le charme et la personnalité des deux tueurs, faisant table rase de certains de leur travers, lissant leur personnalité. Un réel dommage collatéral pour le jeu et les joueurs. Elle peine aussi à installer de réels passages mémorables, des fusillades dantesques et enchaîne plutôt les passages formatés se ressemblant plus ou moins. Elle n’évite même pas les raccourcis scénaristiques, les ellipses sans queue ni tête. Exemples certifiés avec spoiler : nos deux compères ressortent d’une tour de bureaux littéralement détruite sans que l’on sache comment, après avoir été mis nus ils arrivent à s’habiller au détour d’un chapitre sans trop d’explications et j’en passe. Un vrai loupé. Navrant quand on ose la comparaison avec Dead Men.