Il était une fois un petit Dante
DmC est un reboot de la franchise. Reprendre le nom de celle-ci simplement sans ajouter de numéro, partir sur une trame scénaristique qui reprend les bases mythologiques du héros emblématique de celle-ci, Dante, marque un nouveau départ pour une série qui tournait en rond, le quatrième opus faisant même dans l’aller retour.
Nous retrouvons donc ici un Dante jeune, insouciant, ne sachant pas qui il est ni réellement d’où il vient. Ce Dante jeunot arbore un look grunge saupoudré d’un punk anglais directement issu de la période des Sex Pistols, on aime ou on n’aime pas, tout est question de goût. L’histoire quant à elle ne casse pas trois pattes à un canard comme on dit dans notre beau sud ouest. Dante se fait attaquer par des démons dans sa caravane alors qu’il profite de la vie avec deux jolies demoiselles. Après une intro qui restera au panthéon des intros de jeux, il est secondé par une étrange sorcière, Kat, qui l’amènera à découvrir ses origines, à rencontrer son frère Virgil et partir sur les chemins de la vengeance contre celui qui a tué ses parents, l’infâme démon Mundus. Pas de quoi s’émerveiller devant tant d’originalité me diriez vous et dans ce sens vous n’aurez pas tort.
Mais j’ai vanté les mérites de Ninja Theory dans leur capacité à raconter une histoire et sachez que ce DmC ne déroge pas à la règle, derrière une histoire bateau, Ninja Theory sort les grands moyens pour donner une leçon de narration et de mise en scène à grand recours de motion capture et de séquences mémorables. Sans jamais sombrer dans les excès des réalisations nippones, Ninja Theory nous offre des séquences spectaculaires ou inventives, comme le superbe passage où Virgil livre à Dante son passé dans un terrain vague dont les murs arborent des tags illustrant le drame familial en second plan, et cela ne s’arrête pas là !
Les séquences de combat nous offrent quant à elles des passages dans les limbes sublimes, tordant la réalité, fracassant des morceaux de bâtiments, broyant notre perception dans un déluge de destruction et de déformation de l’environnement. Esthétiquement, c’est superbe, sans faute de goût dans ce mauvais goût pourtant totalement assumé que constitue l’univers de DmC. Les injures volent bas, notamment contre certains boss, mais restent bien intégrées, les échanges verbaux fusent et font mouche, et certains personnages sont réellement épatants (mention spéciale à la compagne de Mundus). On regrettera juste dans ce florilège la transparence de Kat et de Virgil manquant cruellement d’aspérités et de caractère. L’ensemble n’est pas vraiment aidé, il faut le reconnaître, par une localisation française correcte mais dénuée de personnalité et de véritable jeu d’acteur. On aurait vraiment aimé pouvoir disposer de la version originale sous-titrée.
Le bestiaire quant à lui est réussi, les créatures de cauchemar possèdent chacune un look atypique et surtout un style de combat bien particulier qui nécessitera sans cesse de s’adapter pour éviter d’être débordé. Le plus gros regret se situera au niveau des affrontements contre les boss du jeu qui sont loin d’avoir l’ampleur souhaitée dans ce style de jeu. Ils sont certes originaux et bien mis en scène mais manquent cruellement d’épaisseur et d’originalité dans leur approche, si bien qu’au final on les aura presque tous oubliés. Du point de vue technique, la direction artistique fait des merveilles, les couleurs saturées ne donnent jamais mal à la tête, les combats ne sont entachés d’aucun ralentissement et les environnements sont suffisamment variés pour nous faire presque oublier le cheminement couloir/arène du jeu assez monotone. Un cheminement qui montre même parfois ses limites jusqu’à devenir indigeste dans le chapitre 17 par exemple. On pourra juste pester contre l’indigence des musiques du jeu, les deux groupes qui apportent leur contribution donnant plus sur de l’indus gras et sans saveur en guise de bouche trou que sur un véritable habillage musical et mélodique. Mais bon dans un jeu de combat, l’enveloppe est loin de tout faire...