Si les zombies sont les créatures qui parlent le plus aux joueurs pour massacrer, équarrir, zigouiller et compter fleurette, les vampires, eux, inspirent une admiration sans borne tant ils fascinent à la fois par leur immortalité moins odorante, mais aussi par l’aspect romantique de cette espèce issue du fantastique et basée sur des légendes qui vont au delà de simples accros au liquide vital rouge. Alors quand un jeu vidéo propose d’incarner un de ces suceurs de sang, phénomène curieusement assez rare, il est très souvent attendu au tournant. Mais que va donner ce Dark ?
Viens me sucer !
Dark vous met dans la peau d’Eric Bane (à ne pas confondre avec Eric Baner, le cousin colérique du géant vert), nouvellement transformé en vampire. Cependant, sa transformation n’est pas complète puisque son géniteur vampirique ne lui a, pour des raisons mystérieuses, pas fait boire son sang. Eric a donc quelques jours, tout au plus, pour trouver un sang qui saura achever sa transformation. Et pour cela, il devra se fournir directement sur des vampires très anciens, seule solution alternative pour éviter qu’Eric ne devienne fou et, de devenir une goule sans volonté et soumise aux vampires puissants. C’est à un jeu d’infiltration à la 3ème personne auquel nous avons affaire. Et quand j’utilise le terme infiltration, il faut le prendre au pied de la lettre, puisque toute tentative d’action pure et dure se soldera généralement par la mort d’Eric, le jeu offrant un gameplay contextuel, un peu comme les premiers Splinter Cell. D’ailleurs avec un peu de recul, les deux titres ont de nombreux points communs dans le domaine de la discrétion (rester silencieux, ne pas se faire voir, et planquer ses cadavres) pour ne pas déclencher d’alarme et se faire attaquer par tous les gardes environs, avec la particularité supplémentaire de Dark, de ne pas dévoiler l’existence des vampires au grand jour.
Il vous faudra apprendre la patience, préparer vos attaques sur tous ceux qui se mettront sur votre chemin. Et pour cela, il faudra étudier les tours de gardes et les systèmes de sécurité. Par cet aspect, et même si l’IA n’est pas supra intelligente, le jeu reste assez stratégique (à la manière d’un puzzle game) et délicat (voire difficile) dans sa progression, puisqu’il propose quelque chose de cohérent avec des gardes bien placés aux rondes efficaces, ne laissant que peu de place à l’erreur. Heureusement que le level design est lui aussi pas mal du tout, laissant à la fois une certaine liberté, mais aussi de planques pour le joueur, s’il prend le jeu comme il doit se prendre : discrètement. L’histoire du titre n’est pas super originale en elle-même et ne se développe vraiment qu’un peu sur la fin du jeu. Ceci étant dit, on est loin des environnements et des ambiances baroques, voire gothiques qui accompagnent en règle générale, toute histoire de suceur de sang. Ici, on est dans un monde moderne, et ça fait du bien de voir ces créatures dans un univers autre.
Bloody Mary
En dehors de son aspect infiltration, le titre comporte un côté RPG dans son système de pouvoirs. En éliminant des ennemis, vous remporterez des points d’expérience. En le faisant de manière discrète, vous gagnerez des points bonus, avec un gros nombre de points à la clé pour une zone franchie sans déclencher une seule alarme. Tous les 1000 points d’expérience, vous gagnerez un point de compétence. Ces derniers serviront pour apprendre des pouvoirs, et les améliorer. Même si le jeu peut être fait entièrement avec la poigne fantôme (boostée à fond pour faire disparaître automatiquement les cadavres) et la domination, vous aurez la possibilité d’utiliser jusqu’à 8 types de pouvoirs actifs, et 8 plus ou moins passifs. L’histoire prendra entre 7 et 8 heures (plus quelques défis), mais vous jouerez bien plus longtemps dessus si vous êtes du genre perfectionniste à ne vouloir déclencher aucune alarmes.
La difficulté du titre allant crescendo, il sera nécessaire de prendre de plus en plus de précautions au point de devoir observer à de nombreuses reprises l’écran de chargement. Et pour cela, rien de tel que la vision de vampire, qui vous permet de « voir » la chaleur des corps des ennemis, mais aussi des appareils de défense. Le jeu est dans l’ensemble plaisant à jouer (même si y’a quelques passages relous) mais reste cependant handicapé par une technique qui fait justement penser à Splinter Cell premier du nom et ses mécaniques très rigides. Surtout que, c’est peut être propre dans l’ensemble, mais on a quand même du mal à croire qu’on est sur une console actuelle en fin de vie. Une meilleure fluidité dans les animations, un visuel plus soigné et débugué, ainsi qu’une IA un peu plus « humaine », auraient permis au titre de se hisser dans la pile des bons jeux à jouer absolument.