Oh... Ni No Kuni évolue !
Le jeu regroupant le talent des petits gars de chez Ghibli et de ceux de Level 5, on est en droit de s’attendre à un jeu artistiquement, scénaristiquement et techniquement impeccable. Mais est-ce le cas ? La partie visuelle est clairement réussie, avec un design reconnaissable et assuré, des couleurs chatoyantes et chaleureuses. La bande son est tout simplement magique, même si on aurait aimé qu’elle soit un poil plus variée. Le scénario est assez classique, il ne cassera pas trois pattes à un canard à cause de son évidence, mais est relativement bien raconté. On en imputera la faute à la différence entre la création d’une histoire pour un film et un jeu vidéo. Mais il n’ y a vraiment pas de quoi s’inquiéter de ce côté-là, le souci du détail est bien présent. Les animations sont bonnes durant le jeu, mais durant les cinématiques en dessin animé, et ça fait un peu mal aux fesses connaissant le savoir faire de Ghibli dans le domaine, on constate quelques petits soucis de fluidité. C’est du pinaillage, mais on est en droit de demander une qualité irréprochable envers ceux qui sont souvent pionniers en la matière. Les énumérations au cas par cas pourraient être nombreuses, mais nous nous concentrerons ici sur les points qui fâchent. Ils ne sont pas nombreux, mais bel et bien là. Nous sommes en l’an 2013 maintenant, à l’ère du numérique, de l’informatique et de Matt Pokora (malheureusement). Alors expliquez-moi comment… non. Pourquoi avoir mis ces foutues bandes noires, comme si on était encore à l’ère de passer du 60 hertz (norme de la fréquence d’affichage des télés au Japon à l’époque) au 50 hertz (chez nous) ?
Si cela avait été pour simuler un film, je comprendrais, mais même pas, puisque les cinématiques ajoutent des bandes supplémentaires, diminuant d’autant la partie de l’écran exploitée. Vraiment, là, c’est carton rouge. Vient ensuite la caméra. Non pas qu’elle soit mauvaise ou quoi que ce soit, mais sur certaines sections du jeu, elle aurait pu être nettement optimisée. En effet, vos passages à Motor Town sont en vue 3/4 du dessus, sans possibilité de bouger la caméra, et sans mise en transparence des décors qui gêneraient. Etait-ce aussi difficile que cela ? Surtout quand on pense que le reste du temps, elle est entièrement manipulable. Un autre souci de caméra est présent sur la carte du monde. A savoir que vous vous déplacerez sur la carte du monde, et tout est petit sans possibilité de zoomer. Pour chasser un monstre en particulier plutôt qu’un autre (les monstres sont visibles, pas de rencontre aléatoire, donc), ou passer par un endroit qui semble explorable (alors qu’en fait, il y a une légère différence d’altitude), cela devient un peu le combat de l’impossible et une perte de temps qui peut être fatale ; si un monstre puissant vous voit et que vous vous retrouvez coincé, il va tenter de vous attaquer, et faudra payer le retry. Comme indiqué plus haut, la bande son est de qualité. Vous pourrez choisir les voix soit en anglais, soit en japonais. Bref, toute personne censée choisira le japonais pour une meilleure immersion. Et on n’est pas déçu. Par contre, ce qui déçoit est l’adaptation française. Surtout en ce qui concerne les noms. On entend un nom et on en lit un autre. Shizuku, le roi des fées qui vous accompagnera tout au long de votre voyage, sera appelé M’sieur Lumi dans ses sous-titres français. Et donc pour chaque personnage excepté Oliver, vous pouvez être sûr que ce n’est pas son vrai nom. Leila, une marchande et surtout votre voisine de Motorville se trouve être traduit en Eugénie.
Non, sérieux, y’a encore quelqu’un qui porte ce fardeau de nos jours ? Marc, votre ami (et figurant) devient Philippe, le vrai nom de Shaddar, le méchant du jeu est en fait Jabo, et ainsi de suite. Carrément révoltant de voir tant d’étroitesse d’esprit de nos jours à une époque où Luffy et Naruto partagent nos esprits avec Natsu, Kaneda, Gintoki, ou encore Sakura. Et ce n’est pas le pire de l’adaptation. Non le pire est la mièvrerie de la traduction. Et vas-y que je te rajoute des « mon petit », des « mon chéri » et autres morceaux de phrases mielleuses préfabriquées qui n’existent pas dans les dialogues originaux tout en adoucissant ces derniers. Était-ce si difficile de fournir des traductions de dialogues fidèles et reprenant le ton de la langue originale ? Pourtant ce n’est pas comme si c’était du Hokuto No Ken ou du Berserk dans la situation et les paroles. Parfois, on se demande si on ne prendrait pas les Français pour des abrutis immatures avec ce genre « d’adaptations » bien trop fréquentes pour devoir être souligné une fois de plus. Surtout qu’en dehors de cela, le jeu est extrêmement agréable à jouer et le mélange de nombreuses références vidéoludiques qui pourrait se trouver bancal, est parfaitement maîtrisé pour proposer un titre cohérent et bien fichu.