Et si… et si on se risquait en préambule de ce test à faire une analogie entre les jeux de football et le football actuel ? Et si PES et FIFA étaient les deux seules équipes survivantes d’une division autrefois pléthorique. Aujourd’hui, les quelques autres équipes qui essayent de se monter sombrent lamentablement (Pure Football - 2010, je pense à toi). Seules PES et FIFA subsistent, mais jusqu’à quand ? Cet état de fait pourrait être passionnant si chacune des deux équipes luttaient à armes égales pour s’emparer du trophée de champion. Las, on a un PSG aux moyens illimités, FIFA, et une star déchue, PES, qui tout comme Lyon, lutte pour ne pas disparaître totalement. La question est, pour nous supporters, peut-on être tout aussi exigeant avec Lyon qu’avec le PSG ?
On lutte avec nos moyens…
PES est passé en mode survie. La grandiose simulation de notre jeunesse, du moins pour nous les trentenaires, peine à trouver que faire devant l’armada FIFA. Quelle stratégie adopter ? L’attaque à tout-va ? L’attente et la contre-attaque ? Ou simplement jouer son propre jeu en essayant de faire abstraction du contexte ? Et bien cette année, c’est cette dernière option tactique qui a été choisie. Pour cela l’équipe dirigeante de PES s’est appuyée sur son centre de formation et a recruté le moteur Fox Engine conçu par Kojima Productions pour les prochains Metal Gear.
Avouons que le résultat est très impressionnant et permet à PES de passer un palier impressionnant au niveau de son animation et de son rendu. Le Fox Engine marque son territoire et affiche sa puissance avec une gestion des collisions littéralement bluffante. Les joueurs prendront conscience de leur corps, la cheville d’un attaquant peut être prise par le talon d’un défenseur pourtant laissé sur place par un contre-pied dévastateur. La physique est tout aussi travaillée, le ballon sera dévié par une épaule effleurée, les contrôles dépendront de la hauteur et du rebond du ballon, les corps entreront en contact dans un ballet de force et de puissance. On ne ressort pas aussi emballé des améliorations apportées au niveau des graphismes. La modélisation des joueurs est globalement peu convaincante voir particulièrement mauvaise pour les joueurs lambda (soit 90% du championnat de Ligue 1). Seules quelques stars bénéficient d’un soin particulier. L’équipe de Konami a dû être particulièrement fière de pouvoir afficher un public vivant et nombreux vu que tous les matchs jouent à guichet fermé. Jouer Monaco et voir le Stade Louis II rempli à ras bord pour accueillir Valenciennes a quelque chose de surréaliste.
Malgré l’apport certain du Fox Engine, PES version 2014 souffre toutefois des mêmes carences que les années passées. Rome ne s’est pas faite en un jour et la renaissance de PES se fera dans la douleur, on peut comprendre que la route est longue mais on pestera quand même sur l’absence de certains championnats majeurs comme celle de la Premier League et de la Bundesligua. L’exclusivité de la Champions League fait pâle figure avec les traditionnels faux noms des clubs anglais et de certains autres grands Clubs d’Europe. Ce n’est pas l’ajout des championnats sud américains qui fera oublier cette carence. On peut comprendre et pardonner ces absences, on sera moins tolérant envers les commentaires imbuvables du transfuge de beIn Sports, Daren Tullet. L’ambiance dans les stades -pourtant toujours pleins à craquer- est aussi bien en-dessous de ce que l’on est en droit d’attendre et d’espérer. La foule peine à se faire entendre et ses encouragements sont bien trop stéréotypés pour pleinement convaincre. L’interface, quant à elle, a dû être l’œuvre d’un stagiaire. Elle doit pouvoir figurer facilement dans le top 10 des pires jamais créées. L’ajout d’une petite flèche de souris sur les encarts sélectionnés montre la prise de conscience du problème de lisibilité par l’équipe de Konami et une finition à « l’arrache » de celle-ci. Inadmissible pour un jeu au passé si glorieux. Cette interface particulièrement hideuse ne sera pas aidée par une bande son l’accompagnant peu inspirée et terriblement terne. Le feu d’artifice FIFA est bien loin. Pour couronner le tout le jeu en ligne est plombé par un pass online, quelle idée de continuer à intégrer cette politique désuète et abandonnée par son principal concurrent !!
On était pourtant à 200% !
« Et oui mon petit Jean Mimi ! Et pourtant on s’en est pris une belle si je puis me le permettre ! ». Ce n’est pas en utilisant un nouveau moteur, aussi puissant et impressionnant soit-il, que l’on arrive a atteindre ses objectifs du premier coup. J’ai utilisé l’analogie du centre de formation en parlant du Fox Engine et les petits jeunes qui en sont issus ont besoin de temps et de maturité pour donner la pleine mesure de leur potentiel. L’impressionnante gestion des collisions a induit un changement radical de gameplay. L’ancien joueur de PES ne sera pas totalement perdu, il lui suffira toujours de doser sa passe en appuyant avec tact sur la touche A. Il n’évitera pas, par contre la phase de ré-apprentissage nécessaire afin de pouvoir construire ses actions avec la même aisance.
Le cœur de ce PES millésime 2014 se situera dans la protection de balle et la possibilité que donne le jeu à mettre le corps du joueur en opposition afin de subtiliser le ballon et surtout de le conserver. Cet élément de gameplay est encore plus prononcé que dans les épisodes précédents et que dans le dernier FIFA. On ne prend aucun plaisir à jouer à PES 2014 pour la première fois, on trime, on galère et on apprend à maîtriser son gameplay. Cet opus n’est pas le jeu idéal pour les parties de foot vidéoludique entre amis tant il s’avère difficile d’accès et frustrant dans son approche immédiate. On pourrait considérer le Fox Engine comme une équipe en rodage. La qualité de ses animations et de ses collisions est telle que l’on s’avère beaucoup moins tolérant sur ses écarts. Comme au football, les ralentis ne pardonnent rien. Voir un joueur dont le pied d’appui glisse inexplicablement en l’air avant de toucher la pelouse est très déroutant, voir un joueur déséquilibré par un autre se rétablir comme par miracle est beaucoup plus problématique s’il s’avère à l’origine d’un but ou d’une action avortée.
On a l’impression de voir à l’œuvre un moteur encore mal maîtrisé et mal dégrossi qui nécessite encore d’un gros temps de rodage et de programmation afin qu’il puisse pleinement donner sa mesure. A côté de ces problèmes, on pestera toujours sur l’IA des joueurs. La défense est beaucoup plus agressive et se place nettement mieux que dans les précédents PES. Les joueurs coupent les trajectoires, font souvent opposition de leur corps pour vous mettre en échec et ne se laissent pas si facilement déborder. Oubliez les chevauchées solitaires dans la défense même en mode normal, il vous faudra construire ! On regrettera toujours une certaine apathie de vos coéquipiers pour attaquer le ballon et des errements du gardien toujours énervants. Ne lui jetons pas la pierre car il a enlevé ses habits de superman sur la ligne et les un-contre-un.