Il semble désormais acquis que la sortie de chaque nouveau film Star Wars sera accompagnée par la sortie d’un jeu majeur de la saga de Lucas. Cette année, c’est Star Wars Battlefront 2 qui s’y colle, comme son premier épisode il y a de cela deux ans. Son prédécesseur ne s’était pas fait que des amis au sein des adeptes de la Force, malgré un souci du détail évident et une qualité technique à en faire pâlir n’importe quel joueur sur la planète. Entre l’absence d’une campagne solo et un contenu rachitique en multijoueur, celui-ci n’était finalement qu’un bon amuse-bouche, le temps de se replonger dans la Guerre des Étoiles. Son petit frère, Star Wars Battlefront 2, a donc fort à faire pour redorer le blason de la maison Battlefront.
Escouade Inferno, au rapport
Comment ne pas commencer ce test en parlant de la campagne solo de ce Battlefront 2 ? Développée par Motive Studio, celle-ci nous plonge au sein de l’escouade Inferno, unité d’élite de l’Empire, et prend ses racines lors des derniers instants de l’Épisode VI : Le retour du Jedi. On assistera donc pour les premières missions de cette campagne à la bataille d’Endor ainsi qu’à la destruction de l’Étoile de la Mort. Rien que ça. La suite, il faudra la vivre pour en savoir plus scénaristiquement parlant.
Si elle se révèle bien agréable à suivre, notamment grâce à un point de vue original en nous plaçant dans la peau d’un soldat oeuvrant pour le compte de l’Empire, la campagne de Battlefront II peine à surprendre. Il ne faut donc pas s’attendre à être ébloui par une écriture folle et de nombreux rebondissements. Malgré tout, l’histoire proposée fait le job pour tous les fans de Star Wars grâce à un background solide, un point de vue original et, aussi et surtout, de nombreuses références (voire indices) aux épisodes VII et VIII.
Cependant, là où la narration fait bien le job, la campagne se veut inégale manette en main. En effet, on alternera les moments de forte intensité avec d’autres aussi plats que peu intéressants à jouer. Fort heureusement, cette campagne nous fera voir du paysage. Que l’on veuille revisiter des planètes déjà connues ou en découvrir de nouvelles, ce ne sont pas moins d’une dizaine d’environnements que l’on a tout loisir d’arpenter dans la peau d’Iden Versio, comme d’autres personnages jouables.
Sous les sunlights de Tatooine
Sur Xbox One X, et même en 1080p, jamais un jeu n’a été aussi beau. Que l’on parle des stormtroopers, des vaisseaux ou bien des effets de lumières absolument dantesque, tout dans ce jeu casse la rétine. On a bien noté un peu de popping de végétation sur Takodana mais en dehors de ça, c’est une copie parfaite que nous a rendu Dice. L’espace est incroyable, les effets de chaleurs bluffants et que dire de la réflexion sur le marbre du palais de Theed sur Naboo ? Une vraie dinguerie ! Ni plus, ni moins. Alors quand ça se met à exploser de partout, en solo comme en multi, on admire et on en prend plein les yeux d’autant que le jeu semble parfaitement épouser les 60 images par secondes. Même en multijoueurs, quand la bataille fait rage, le framerate ne semble pas faiblir. Le tour de force est impressionnant.
C’est d’ailleurs en priorité pour son multijoueur que Star Wars Battlefront 2 a vu le jour. Et en termes de contenu, on peut dire que Dice a su tirer les leçons de l’épisode précédent. Plus de maps jouables (18 au total dont 11 environnements différents), toutes les époques enfin disponibles, beaucoup plus de héros. Il y a maintenant de quoi contenter tout le monde. Ce ne sont d’ailleurs pas les seules modifications bienvenues puisque, si les sensations restent globalement semblables à ce que l’on a pu découvrir il y a de cela deux ans, le studio suédois en a profiter pour opérer quelques ajustements salutaires rendant une partie bien plus intéressante.
Tout d’abord, le jeu met en place un système de classe avec des rôles plus ou moins prédéfinis (plutôt “moins” que “plus” d’ailleurs) sur le champ de bataille. On y trouve le commando (soldat de base infligeant beaucoup de dégâts), le soldat lourd (muni d’une mitrailleuse lourde et d’un bouclier), le spécialiste (le sniper et éclaireur de l’escouade) et l’officier (remplissant le rôle de support). Chaque classe dispose de trois capacités uniques qui les distinguent des autres et les rendent plus ou moins utiles sur le champ de bataille.
Le choc des générations
De leur côté, les héros font leur apparition au mérite dirons-nous. En effet, quand il fallait se montrer opportuniste, voire égoïste, pour espérer incarner un Jedi dans le premier épisode en ramassant des jetons sur la carte (quelle aberration…), ceux-ci se débloquent maintenant en fonction de votre score. Chaque action rapporte des points au joueur. Un kill, une assistance, même une mort (appelée sacrifice ici) vous rapporte des points pour espérer vous faire un peu plaisir en incarnant Kylo Ren, Boba Fett ou encore Yoda. De plus, tous les héros sont jouables, peu importe l’époque de la bataille. Il est ainsi possible de tailler du droïde de combat en pièces avec Rey en pleine guerre des clones. C’est un peu perturbant au début, on ne vous le cache pas, mais on s’y fait vite et, pire encore, on y prend goût.
Au sol, les combats vont du 4 contre 4 pour le mode “Héros contre héros” au 20 contre 20 pour le mode Assauts Galactiques, en passant par les combats spatiaux, les modes de jeu à objectifs ou encore l’escarmouche classique. Il y a de quoi varier les plaisirs dans ce Battlefront 2 surtout que les affrontements sont rarement fades. Les maps sont très vivantes, que ce soit au sol ou dans les airs, avec des civils qui courent se mettre à l’abri des tirs, des animaux qui tentent de fuir ou tout simplement des batailles spatiales en arrière-plan. Les combats, de leur côté, rajoutent une couche de dynamisme avec leur lot d’explosions, de véhicules jouables ou de musiques venant se coller à l’action pour plus d’immersion. Bref, de ce côté-là, le fan-service est assuré et si l’on vient picorer sa dose de Star Wars, on n’en sort pas déçu.
“Voilà pourquoi je déteste voler…”, ou pas
Si l’on cherche un jeu compétitif, il faudra probablement se tourner vers un autre titre car, si les systèmes de jeu ont été revus pour enfin donner une raison de bien jouer, la coordination d’équipe n’est malheureusement que rarement présente et l’impression de n’avoir aucune influence, ou presque, sur le déroulement de la partie ne tarde pas à se faire sentir. Il reste cependant la satisfaction personnelle d’enchainer les kills ou de jouer l’objectif en profitant d’un univers extrêmement bien retranscrit.
Le mode Assaut Galactique se veut plutôt amusant à défaut d’être réellement intéressant compétitivement parlant. Dans ce mode, c’est surtout la vie apportée à l’environnement qui frappe. Voir des civils courir dans tous les sens ou des animaux s’enfuir en vous voyant arriver fait toujours son petit effet. Dans les faits, ce mode de jeu comporte une équipe qui attaque et une autre qui défend. L’équipe attaquant doit remplir plusieurs objectifs avant de voir son compteur de vie atteindre 0. Utiliser un système de vie plutôt que de temps est très malin de la part de Dice et évite ainsi de voir une armée de bourrins foncer tête baissée en mourant à la chaîne avant d’y retourner.
De leur côté, les modes Escarmouche ou Frappe sont très classiques. Le premier est un mode Match à Mort en équipe quand le second est un mode à objectifs (capture du drapeau ou contrôle de zones). Le mode Bataille de Héros, en revanche se veut un peu plus réfléchi puisque, non content d’opposer deux escouades de quatre héros, le jeu désigne une personne par équipe en tant que cible prioritaire. Pour gagner, il faudra donc éliminer en priorité les cibles principales (et non les trois autres qui ne rapportent pas de points).
De tous les modes de jeu, le plus fun reste sans doute le mode Assaut de Chasseurs (Starfighter Assault) qui n’est ni plus ni moins que la transposition du mode à objectif à grande échelle dans les airs. La différence par rapport au premier épisode réside dans la localisation du combat. Plutôt que de placer la bataille dans un grand espace vide, cette dernière a lieu à proximité d’une grosse structure pour donner une impression de vitesse absente du premier épisode. De plus, la maniabilité des vaisseaux apportée par Criterion procure des sensations grisantes avec un vrai contrôle de l’assiette qui permet une grande maniabilité de l’engin.
Luke Skywalker et le coffre maudit
Venons-en maintenant au sujet qui fâche. Oui le jeu met en place un système de lootboxes. Ces lootboxes, en plus de donner accès à de nouvelles emotes ou poses de victoires offrent aussi la possibilité aux joueurs d’améliorer ses différents personnages via différentes cartes offrant divers bonus. Un meilleur bouclier pour les soldats lourds, une arme qui surchauffe moins vite, un boost d’accélération pour son vaisseau. En soi, l’idée repose sur un modèle existant dans plusieurs franchises depuis bien des années. Là où Battlefront se prend les pieds dans le tapis, en revanche, c’est qu’il est possible d’acquérir ces différentes lootboxes en sortant la sacro-sainte carte bleue comme il est possible d’acheter des packs de cartes dans FIFA Ultimate Team par exemple.
Pour résumer, les différentes cartes d’amélioration disposent de plusieurs niveaux de rareté (blanc, vert, bleu et violet). Par exemple, pour une carte améliorant la dissipation de chaleur de l’arme, celle-ci augmentera le délai avant que l’arme ne surchauffe de respectivement, 20%, 25%, 30% et 35%. Pour mettre la main sur une carte de rareté verte ou bleue par exemple, il faut soit la looter dans un coffre au petit bonheur la chance, soit améliorer une carte déjà en notre possession en sacrifiant plusieurs cartes du même type et en y ajoutant une certain montant de crédits de craft, ce qui est, au passage, l’unique moyen d’obtenir une carte violette. Le système n’est pas fondamentalement mauvais. Cependant, le fait de permettre d’acheter ces lootboxes si précieuses a de quoi rendre perplexe. Pourquoi ne pas différencier les coffres offrant du contenu cosmétique (comme dans Overwatch par exemple) à celle contenant des améliorations de gameplay. Ainsi il n’y aurait plus de problème.
Au vu de la dimension “live” du jeu ainsi que de la fronde qu’a provoqué ce système, espérons qu’Electronic Arts opère quelques changements salutaires dans la philosophie de grinding du titre comme il a su le faire avec le prix des héros bien trop élevé. Bloquer Dark Vador contre 15.000 crédits a de quoi laisser perplexe étant donné qu’il s’agit du personnage le plus emblématique de la saga de Lucas. Qu’on doive grinder pour débloquer Palpatine, Lando Calrissian ou Bossk, pourquoi pas. C’est même valorisant. Mais Vador et Luke, juste non quoi…