Souvenirs de gamers : Les après-midi sur Kick-Off

«Champion bien avant 1998» le 1er avril 2017 @ 17:562017-04-01T17:55:33+02:00" - 3 réaction(s)

Attention, ce souvenir de gamer décrit un comportement que tous ceux qui sont encore à l’école, ou même étudiants, doivent éviter de reproduire. De toute façon avec les Pronote et autres outils de flicages actuels, vous ne pouvez plus vous offrir les moments de liberté scandaleux de mon époque.

Rien qu’avec cette courte introduction, vous avez bien compris que je n’ai pas toujours été un exemple à suivre. D’ailleurs je ne le suis toujours pas ! Pendant ma scolarité, je n’ai ainsi pas toujours été exempt de tous reproches, en particulier pendant une période de rébellion (qui n’est pas encore terminée diront les esprits chagrins) qui a vu mon assiduité se dissoudre, d’autant plus quand il s’est avéré que de toute façon j’allais redoubler mon année.

Au fait, pour mes enfants, s’ils lisent ce texte : apprenez des erreurs de votre père, et surtout, surtout, ne cherchez pas à l’imiter !

Bref, nous sommes quelque part en 1989, et pour tous les garçons d’Europe, la sortie d’un jeu va tout changer : Kick Off ! Un jeu de foot vu du dessus, très difficile à maîtriser, mais faisant la part belle au skill et incroyablement addictif. Bref, on y jouait tous de notre côté, nous affrontant parfois de temps à autre sur nos Atari ST respectifs. Naturellement, nous pouvions passer un temps considérable à nous défier, chacun affirmant être le plus fort. A force, notre projet insensé a pris forme…

Pas grand chose à envier à FIFA !

Après tout, il fallait VRAIMENT savoir qui était le plus fort. Nous avons alors décidé d’organiser un tournoi entre les plus grandes gueules de Kick Off, dont je faisais partie, bien entendu. C’est comme ça qu’a pris forme un tournoi entre 8 joueurs. 8 frimeurs. Ou 8 branleurs qui auraient mieux fait de travailler un peu plus leurs devoirs, c’est selon. La mise en place a pris des semaines. Déjà, il a fallu se mettre d’accord sur les règles. Par exemple, il a été vite établi que le tir lobé du milieu du terrain (mouvement rapide avant-arrière au moment où on touche le ballon) serait interdit. On savait tous le faire, et le gardien de but se faisait avoir 2 fois sur 3. Je peux maintenant l’avouer, cela m’a soulagé car c’est une technique que je ne maîtrisais pas très bien. Ensuite, il y a eu la durée du match, que nous avons fixée à 10 minutes. Enfin, l’arbitre utilisé. C’est sans doute le point qui a donné lieu au plus de discussions, mais au final c’est Mr Zappa, le plus sévère, qui a été retenu. Tant mieux pour moi : adepte du jeu propre, je faisais très peu de fautes. Cet arbitre ayant le carton rouge facile, cela me donnait une chance de voir l’équipe adverse réduite au fil du match. Sur le déroulement de la compétition, nous avons organisé 2 poules de 4, avec qualification des deux premiers, puis élimination directe en demi-finale et finale.

Une fois que tout était prêt, il fallait encore trouver la bonne opportunité, et elle est arrivée avec l’absence du prof de Français : cumulée à l’heure de permanence, cela nous laissait la possibilité d’aller chez l’un d’entre nous, de faire le tournoi, et de revenir tranquille dans l’après-midi. Comme nous étions des ados, donc sans grande logique, nous sommes allés chez celui qui habitait le plus loin, et les problèmes de circulation ont fait qu’on a eu bien du mal à arriver, le bus ayant bien pris son temps. Est-ce qu’on allait annuler le tournoi pour autant ? Certainement pas ! Si on se dépêchait, ça passait !

Les premiers matchs se sont déroulés sous haute tension. Chacun avait amené son joystick, car l’excuse du « je n’ai pas l’habitude avec celui-là » ne devait pas être entendue. Je me suis qualifié après 2 victoires et un nul. Mon match de demi-finale a été plutôt facile. En grande forme, j’ai servi à mon adversaire ma spéciale : le double contact à la réception d’une passe qui provoque la faute, carton rouge. Je retente, rebelote, deuxième rouge. A 11 contre 9, il n’a pas été très compliqué de profiter des largesses de sa défense. Au moment de la finale, soyons honnêtes, nous sommes déjà très en retard pour retourner en cours. Mais bon, comment laisser tomber ?

Après une courte concertation, nous décidons que, retard pour retard, de toute façon nous n’allons pas éviter de prendre une colle. Donc tant qu’à faire, autant l’assumer : la finale sera donc en deux fois 10 minutes !

Nous faisons un match de fou. Mon adversaire, m’ayant vu jouer, ne tombe pas dans le piège du double contact, et coupe parfaitement la trajectoire de mes centres. À l’inverse, j’avais bien remarqué sa stratégie de redoublement de passes en 4-4-2, et je l’attends en 4-3-3 en le laissant monter pour intercepter le ballon quand il cherche ses avants en passant par le centre. La partie est très serrée, il y a peu de tirs, et à la mi-temps, on est toujours à 0-0. On est comme des dingues, hyper-tendus, et les spectateurs retiennent leur souffle.

La stratégie qui va définir la victoire !

Pour la deuxième mi-temps, je décide de changer de tactique, et au lieu de me contenter de celle que je maîtrise le mieux en débordant puis en centrant, je repique au centre avec mon ailier. Par une passe à l’opposé, je surprends la défense et le gardien, et ma magnifique frappe enroulée termine dans le but. J’exulte comme si j’avais gagné la coupe du monde. Le temps défile, et je tiens le score, hyper attentif en défense…et sauvé par un gardien en état de grâce et par mes poteaux. C’est seulement à la dernière minute que je me fais avoir par une passe lobée suivie d’une reprise de son avant-centre, lucarne, but !

Et c’est parti pour les prolongations. Et c’est très mal parti, puisque je prends un rouge sur un vilain tacle, dans la surface, double peine, expulsion, penalty, tristesse, cris de rage. Triple peine puisque le penalty est transformé. 2-1. Je passe en 4-4-2 et sacrifie un attaquant. Survolté, je tente de multiples frappes sans arriver à trouver la cible, et c’est sur l’une d’entre elles, à priori loupée, que mon pauvre adversaire marque contre son camp. 2-2. On est en train de devenir fous.

Il reste probablement moins d’une minute à jouer, et je tente tout en passant discrètement à nouveau en 4-3-3. Ayant un trou à droite, je passe par la gauche, mon mauvais côté, mais cela le surprend et il manque son tacle glissé. Je centre en retrait aux 30 mètres, et je tente une Roberto Carlos : un tir en banane extérieur du pied. Le ballon prend une magnifique trajectoire et le gardien se détend. Tout passe au ralenti et nous nous levons en même temps, conscients que la prochaine seconde va déterminer l’issue du match. Je vois mes camarades en pause dans un effet que Matrix nous pompera quelques années plus tard.

Lucarne, but, je saute dans tous les sens, et tombe dans les bras de mes supporters, alors que toute la misère du monde vient se loger dans le cri déchirant de désespoir de mon adversaire. Dans cette frénésie, on met des chips partout, et on renverse la bouteille de coca.

Très vite on prend nos sacs pour retourner au Lycée. Durant tout le trajet, on ne parvient pas à se calmer, et on revit notre tournoi. En arrivant, sans surprise, on se prend une colle bien méritée, d’autant plus qu’on ne parvient pas à fournir quelque chose de crédible pour expliquer notre retard. Plus tard, notre hôte se prendra une soufflante vu le bordel qu’on a laissé dans le salon. Quand on s’est retrouvé en retenue, on s’est regardé d’un air complice. OK, on avait pris une colle, mais franchement, ça valait le coup.

Vous avez vous aussi des souvenirs de gamer à partager ? Vous pouvez nous les envoyer à [email protected].

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Les Histoires d’Xboxygen regroupe deux rubriques : Pour quelques G de plus, qui nous raconte comment on a pu suer pour réussir à décrocher les succès les plus compliqués, et Souvenirs de Gamers qui se penche sur les anecdotes de la vie des joueurs, de l’évènement le plus mémorable à la tranche de vie la plus farfelue.

3 reactions

Mr Moot

01 avr 2017 @ 20:48

Quelle belle histoire ! J’y ai pas mal joué aussi, mais j’avais entre 6 et 10 ans, ça me laisse peu de souvenir. C’était surtout une affaire de famille chez moi. Un des premiers jeu auquel j’ai joué avec mon père. Merci pour le flashback !

RealRastax

02 avr 2017 @ 13:45

Moi je l’ai toujours, ainsi que mon bon vieux amiga 500 :-))

pushfred

03 avr 2017 @ 08:22

Je me fais des séances de tirs aux buts avec mon fils de temps en temps, sur mon fidèle Atari ST qui commence à tirer la patte...