Une ville gigantesque se dessine dans la brume. L’aube renvoie de chaudes couleurs orangées. Des volutes dansent dans le ciel et forment un seul et unique mot, tout juste souligné par l’ombre d’une passerelle métallique restée au premier plan. Ce mot est Braid, que l’on peut traduire par « tresse », il s’agit du titre d’un des meilleurs jeux disponibles sur le XBLA sorti tout droit de la scène indépendante du jeu vidéo. Le sens de ce titre apparaîtra comme une évidence au joueur qui se perdra dans les bribes de l’histoire, histoire distillée dans des morceaux d’un puzzle que l’on devra assembler. Braid est une expérience unique, un souffle d’air frais salvateur dans un paysage vidéoludique formaté, un souffle qui nous amène loin des ersatz et des suites qui nourrissent notre console dans un univers dont on tombera immédiatement amoureux.
Une ombre se dessine et tout semble commencer
Une ombre se découpe sur la passerelle. L’ombre court d’un pas décidé. Elle avance vers la lumière d’un réverbère. L’ombre se découvre alors et perd ses atours sombres, elle laisse place à un personnage aux cheveux roux, vêtu d’un costume cravate ordinaire. Il s’appelle Tim et il recherche sa princesse perdue dans les aléas du temps, perdue dans les bribes de sa mémoire. Tim n’aura de cesse que de parcourir le temps afin de rassembler les pièces des puzzles qui l’amèneront là où tout a commencé, au début et à la fin de l’histoire de Braid.
Braid est un jeu de puzzle né de l’imagination de Jonathan Blow dont la première version a été finalisée en décembre 2005 et avait gagné le prix de l’innovation du game-design à l’Independent Games Festival. Jonathan Blow a ensuite passé deux ans à peaufiner ce jeu vidéo qu’il a fait en réaction à tout ce qu’il n’aimait pas dans la production vidéoludique actuelle comme il l’explique dans un passionnant entretien accordé à Chronicart.
Habillé des aquarelles du dessinateur David Hellman et d’une ambiance sonore superbe et sensible distillé par les longues complaintes du violoncelle de Jami Sieber, Braid impose son atmosphère poétique et paisible dés les premiers instants. Et cette atmosphère accompagnera le joueur sans heurt et avec sérénité malgré la complexité de certaines énigmes et l’inaccessibilité apparente de certaines pièces de puzzle à récupérer. Sachez que les énigmes que l’on rencontrera dans Braid viendront vous hanter même après avoir éteint votre console. Braid est un voyage hallucinant mais aussi un jeu tout aussi novateur et frais dans son gameplay.
Le temps
Malgré les ressemblances avec des jeux de plate forme connus de tous, à savoir Mario et Donkey Kong, Braid ne garde de ces illustres jeux que quelques codes en terme de gameplay et des clins d’œil dans son design général. Comme si Blow avait distillé ces éléments pour rassurer le joueur, qui évoluera dans un univers connu et pour mieux défaire et revisiter ces illustres ancêtres.
Braid est entièrement construit autour de la notion du temps et sur la faculté de son personnage principal, Tim, de pouvoir remonter le temps. Cet étrange pouvoir sera la clé de toutes les énigmes rencontrées dans Braid.
Tim devra reconstruire son passé pour retrouver la princesse qui hante ses pensées au travers de 6 mondes régis par un mécanisme temporel particulier. Il devra dans chaque monde récupérer 16 pièces de puzzle, à chaque pièces de puzzle correspond une énigme plus ou moins retorse. Il vous faudra appréhender et comprendre les mécanismes du monde visité et expérimenter les diverses situations offertes par la possibilité de remonter le cours du temps et ce afin d’arriver à trouver celle qui vous permettra de récupérer la précieuse pièce de puzzle.
Vous aurez la possibilité de recommencer indéfiniment car Tim peut à loisir remonter le temps. La mort ne sanctionnera pas définitivement une erreur du joueur, un simple retour dans le temps, jusqu’au début du niveau si vous le souhaitez, vous permettra de retenter votre chance et d’essayer une nouvelle approche. Les portes ouvertes se refermeront, les créatures tuées réapparaitront, Tim remontera en haut d’un précipice, échappera à la mort, retentera un saut manqué, fera revenir une plate forme qui s’était irrémédiablement éloignée.
Et même si Tim peut sauter, s’agripper aux échelles, se débarrasser de ses ennemis en rebondissant sur leur tête, gardez bien en tête que Braid est avant tout un jeu de réflexion, une série d’énigme et de casse tête doté d’une logique débordante d’imagination.
Suivant votre perspicacité et la pertinence de vos tentatives Braid pourra se terminer assez vite. Si vous restez bloqué sur une énigme vous aurez toujours la possibilité de vous référer au très bon et très complet guide officiel du jeu. Quoi qu’il en soit, comptez à peu près 8 heures de jeu lors d’une première partie pour arriver à la somptueuse conclusion de Braid et par là même au commencement de son histoire, sans parler des nombreuses fois où le jeu vous accompagnera de par ses énigmes dans votre sommeil. Une fois fini, vous aurez la possibilité de vous attaquer à un mode chronométré pour le jeu complet et pour certaines énigmes. Ce challenge supplémentaire n’est vraiment pas évident et constituera la base d’un classement en ligne et l’obtention d’un succès.
Même si l’aventure vous parait courte à première vue, sachez qu’elle demeure d’excellente qualité, la fraîcheur de Braid, la beauté des environnements, la mélancolie des musiques et l’ingéniosité de ses énigmes qui vous laisseront une fois résolues une joie indicible d’y être enfin arrivé par vous même, tout cela vous laissera un mot tenace dans la bouche qu’il vous sera difficile de retenir : G E N I A L
Sachez aussi que la durée de vie peut facilement être revue à la hausse si vous partez à la recherche des étoiles de la constellation dont je vous ai parlé au début de ce test. Je vous avertis toutefois que ce nouveau challenge sera bien plus ardu à compléter que la récupération des pièces de puzzle. Avis aux amateurs.