Suite directe de “Yakuza : Like a Dragon” et de “Like a Dragon Gaiden : The Man Who Erased His Name”, ce nouvel opus de la saga phare des Ryû ga Gotoku Studio réunit les deux principaux protagonistes de la franchise “Yakuza”. Ichiban Kasuga et Kiryu Kazuma sont au cœur de cette nouvelle aventure éditée par SEGA et nous emmènent pour la première fois en dehors du Japon, sur l’île d’Hawaii.
En 2020, avec la sortie de “Yakuza : Like a Dragon”, SEGA était reparti sur de nouvelles bases 15 ans après la sortie du premier épisode en nous proposant un JRPG avec des combats au tour par tour au lieu de leurs habituels Beat’em Up. Ce dernier était sorti la même année au Japon et dans le reste du monde. Il avait permis à la licence de s’ouvrir à un public plus large, et de constituer le point d’entrée dans la série pour énormément de nouveaux joueurs. Fort de ce succès, SEGA a pu peaufiner et enrichir son savoir-faire avec “Like a Dragon : Infinite Wealth”.
Alors, cette destination de rêve a-t-elle permis aux studios japonais de nous livrer leur meilleur jeu jusqu’à présent ?
Un petit détour par le pays du soleil levant !
Nous connaissons toute la profondeur du scénario de la franchise qui, pour beaucoup d’entre nous, est l’une des plus abouties sur le plan de l’histoire et de la narration. Cependant, et même sans avoir fait les précédents opus, le titre parvient à nous captiver dès les premières minutes de jeu en nous faisant retrouver Ichiban quelque temps après la grande dissolution. Employé banal d’une entreprise similaire à pôle-emploi, nous suivons cet ex-yakuza et son groupe d’amis que nous connaissons bien : Yu Nanba, Koichi Adachi et Saeko Mukoda.
Nous ressentons cette sensation identique à la découverte d’un nouvel animé où l’on s’attache immédiatement aux personnages que nous voyons vivre et évoluer. Tant par l’animation que par le doublage, les dialogues et l’ambiance sonore, nous tombons sous le charme de l’histoire et avons cette irrépressible envie d’en connaître la suite. Notons que le doublage est disponible en japonais, en anglais et en chinois et que les sous-titres le sont dans beaucoup de langues dont, évidemment, le français (point particulier dont bon nombre des précédents épisodes n’avaient pas bénéficié).
La version japonaise est extrêmement bien réalisée et contribue grandement à la justesse des échanges entre les personnages lors des différentes situations, un régal que l’on doit en grande partie à l’incarnation des Seiyū. Qu’elles soient épiques ou loufoques, nostalgiques ou sérieuses, chacune des émotions que cherche à nous communiquer le titre est habilement mise en valeur. Ichiban et Kiryu offrent un contraste agréable, de par leur traits de personnalité et leur façon de vivre. D’innombrables passages montrent tout le savoir-faire des développeurs pour créer une ambiance de films mafieux japonais, comme aucun autre jeu ne le fait.
La maîtrise du plot-twist, propre à tous les opus de la saga, contribue rapidement à faire prendre de l’envergure au scénario. Ce bref passage dans le quartier de Kamurocho fait office d’introduction à l’histoire et aux nombreuses nouvelles (et anciennes) activités et fonctionnalités du jeu. L’intrigue est complexe et comporte de nombreux rebondissements, mais nous n’en dévoilerons pas plus et vous laisserons le plaisir de la découvrir vous-même. De nombreuses informations liées à l’histoire et impactant directement le gameplay ont déjà été dévoilées dans les story trailers en fin d’année dernière.
Un soin tout particulier a été apporté à la cohérence du titre, grâce à la reproduction fidèle des quartiers d’Ijincho ainsi qu’à l’animation qui règne dans les rues de ces derniers. Cette cohérence prend toute son ampleur dès notre arrivée à Honolulu, lieu où nous allons passer une grande partie de ce début d’aventure. Le dépaysement est total, les rues d’Honolulu sont incroyablement immersives et transpirent de réalisme.
Le producteur, Hiroyuki Sakamoto et certains autres membres de Ryû ga Gotoku Studio s’étaient rendus sur place afin de prendre une quantité astronomique de photos. Puis, ils avaient utilisé la technologie pour offrir une version vidéoludique extrêmement précise de cette destination. Et il faut l’avouer, ça fonctionne bien, très bien même ! Cette fidélité sans faille participe grandement à l’immersion. Les jeux de lumière sont réussis, les graphismes sont beaux et les ruelles pleines de vie. Et, point sur lequel nous reviendrons plus tard, nous ne sommes pas harcelés sans cesse par des citadins bagarreurs !
Hormis l’atmosphère très réussie, nous constatons que techniquement le moteur graphique commence un peu à vieillir. Quelques textures peuvent paraître légèrement en deçà de ce que nous sommes en droit d’attendre d’un titre de cette envergure en 2024, mais ce point est totalement justifié compte tenu du nombre d’objets et de personnes présents sur la carte.
Rappelons-le, ce jeu étant le plus ambitieux de la franchise, l’environnement qui nous est proposé en est aussi le plus vaste, le plus ouvert et le plus dense. Météo dynamique, cycle jour et nuit qui sera fonction de notre avancée dans certaines missions tout au long de l’aventure, interactions avec certains passants, plus d’une cinquantaine de missions secondaires scénarisées et un nombre incalculable d’activités annexes… oui nous pouvons dire que jusque-là, la richesse est presque infinie.
Des coups, de soleil ?
“Yakuza : Like a Dragon” avait fait peau neuve en instaurant le combat en tour par tour, “Infinite Wealth” poursuit dans cette lancée en faisant évoluer quelques points. À l’instar d’un tactical RPG, nous jouons un groupe de 4 personnes maximum que nous pouvons modifier à volonté. Après plus d’une quarantaine d’heures de jeu, nous sommes en mesure d’incarner 8 personnages différents lors des affrontements.
Chacun de ces personnages dispose d’un job qui lui est exclusif. Ces jobs sont une mécanique qui vient changer non seulement les stats du joueur mais également ses capacités et son style de combat. Il en existe plus d’une vingtaine différents et ils sont tous livrés avec leur lot d’animations plus réussies les unes que les autres. Du Héros au Pyro-danseur, en passant par le Domestique ou l’Assassin, cette diversité est harmonieusement étoffée au fur et à mesure de la progression dans l’histoire principale.
- Et c’est une bonne situation ça, scr... samouraï ?
Quelques nouveautés plus subtiles font également leur apparition, comme le fait de pouvoir se déplacer dans une petite zone lorsque c’est notre tour d’attaquer. Cette fonctionnalité permet de mieux utiliser notre environnement (il est possible de saisir certains objets à utiliser contre nos adversaires) et renforce l’aspect tactique des rencontres, tout en offrant d’excellentes sensations. Certains objets, armes et attaques nous confèrent des améliorations ainsi que des affaiblissements venant renforcer le côté RPG.
En tant que Dragon de Dojima, Kiryu, comme dans “Like a Dragon Gaiden”, dispose de 3 styles de combats différents : Bagarreur - Rapide - Bestial. Le premier style est plus équilibré, le second offre une plus grande liberté de mouvement et deux attaques par tour, et enfin le dernier sacrifie l’agilité au profit d’une puissance et d’une défense considérable. Kiryu et Ichiban bénéficient plus tard dans le jeu d’attaques exclusives surpuissantes qui peuvent être déclenchées lorsque leur jauge de combat est pleine.
Tous ces éléments viennent donc s’ajouter aux mécaniques que nous connaissions déjà : l’aptitude basique, l’aptitude spéciale, la parade et le “plus” qui est utilisé pour la consommation d’items. Certains ennemis élusifs nécessitent l’utilisation de nos attaques magiques qui, contrairement aux attaques physiques, touchent systématiquement l’adversaire. Autre nouveauté : l’annihilation ! Si d’aventure notre niveau est trop haut pour un groupe d’ennemis, nous n’aurons qu’à appuyer sur une touche pour réussir le combat, profiter de l’expérience et des récompenses sans perdre de temps ni nous exposer à un quelconque danger.
Évidemment, les acolytes sont toujours de la partie (moyennant finance), tout comme les actions de groupe classiques ou ultimes. Ces dernières sont fonction de notre niveau d’amitié avec chacun de nos comparses et sont d’autant plus variées et puissantes si ce lien est amélioré. Celui-ci évolue grâce à de multiples dialogues disséminés sur la carte, qui permettent d’en apprendre plus sur la personnalité des membres du groupe et donnent l’occasion d’offrir des cadeaux personnalisés ainsi que de jouer au bingo de l’amitié ! À terme, nous pourrons les emmener dans des lieux de rencontre comme le Survive ou le Revolve : deux bars-chantants pour s’égosiller autour de bons whiskies japonais.
Mais que serait un RPG sans son bestiaire ? Là encore, nous sommes généreusement servis car il existe près de 320 ennemis différents, du flic déchu au sac poubelle, en passant par le pornographe ou le robot samouraï. Les antagonistes, que nous continuons d’appeler “Sujimon”, sont de retour et encore plus extravagants que dans l’épisode précédent.
Un jour je serai le meilleur dresseur !
Comme dans une autre licence bien connue de tous : “Pokémon”, les Sujimon sont classés en cinq catégories : Incendie, Gel, Nature, Lumière et Ombre. Chaque type possède des points forts et des points faibles par rapport aux autres, donc les dégâts infligés seront plus ou moins importants en fonction du Sujimon utilisé. En tant que dresseur, il faudra toujours avoir entre trois et six créatures à portée de main. Au-delà de leur type, ils sont représentés à travers les statistiques suivantes : la santé, la force et la vitesse. Ce mode est accessible via des dispositifs multifonctions, qui nous permettent également d’éveiller, faire évoluer et entraîner nos Sujimons. Notre objectif final sera de défier le stade Sujimon dans lequel plusieurs ligues nous attendent, allant de la simple survie aux duels épiques entre dresseurs. Le bestiaire copieusement fourni, le côté stratégique simple et efficace ainsi que l’histoire parallèle liée à cette activité apportent un vent de fraîcheur bienvenu. Un tout autre jeu, dans le jeu.
Une des plus grandes nouveautés ayant beaucoup fait parler d’elle est la Dondoko Island. Encore un jeu, dantesque, similaire à Animal Crossing cette fois. Sur cette île, nous allons devoir aider son propriétaire à nettoyer, collecter et construire bâtiments et décorations afin qu’il puisse l’inscrire au TripAdvisor local. Cette activité demande un investissement conséquent puisqu’il faudra pulvériser les déchets un par un, plusieurs fois tous les jours.
Nos armes de prédilection se résument ici à une batte de baseball, un filet à insectes et une canne à pêche, à l’aide desquels nous pouvons récolter pierre et bois, afin de réunir suffisamment de ressources pour nos projets de bricolage. Tissus, fer, verre et semi-conducteurs sont également de la partie. En fabriquant nos propres meubles (mais il est également possible de les acheter), nous gagnons de l’expérience de construction qui développera notre talent de constructeur et, plus il sera élevé, plus nous aurons accès à des objets de qualité supérieure.
Toutes ces actions basiques sont extrêmement chronophages et les plus déterminé(e)s pourront y passer des dizaines voire des centaines d’heures. Mais ça ne s’arrête pas là, il existe aussi “Doképédia”, une liste sur laquelle seront répertoriées toutes les spécialités trouvables sur l’île. À mesure que nous complétons ce recueil, les spécialités gagnent en popularité et augmentent à la fois leur renommée et leur valeur marchande. Dondoko Island gagnera donc en notoriété et en reconnaissance, le but étant de faire de cette île un véritable paradis sur lequel nous pourrons accueillir de nombreux PNJ ayant un lien avec notre aventure.
- Votre café, avec ou sans sucre ?
Mais la tâche ne sera pas de tout repos étant donné qu’un groupe d’opposants s’est installé sur Dondoko bien avant notre arrivée. De notre côté, nous n’avons pas consacré beaucoup d’heures à cette activité, qui n’est franchement pas notre tasse de thé mais qui saura ravir les fans du genre de par son contenu incroyablement dense et de par sa liberté de création. Cependant, de forts ralentissements ont été constatés lors du passage en mode créatif. Quelques mises à jour sont à attendre sur ce point.
Infinite Wealth ?
Nous terminerons ce test en parlant de ce qui fait la force de cette série, ses nombreuses activités annexes. Nous retrouvons les plus classiques comme les fléchettes, le mah-jong, le golf ou encore le poker. Elles sont jouables seul ou avec les PNJ de notre groupe et visent aussi à renforcer nos liens d’amitié avec eux. Nous pouvons également trouver des salles d’arcade avec des UFO Catchers (machines à pince) et quelques bornes d’anciens jeux de l’éditeur comme “SEGA Bass Fishing”. Certaines des peluches servent à se faire plus facilement des amis dans Honolulu grâce à l’application Aloha Links.
Celle ayant provoqué de jolis fous rires restera l’application de rencontre où nous devons briller par nos talents de tchatcheur mythomane. De la conception de notre profil à la discussion avec nos matchs jusqu’au potentiel rencard, il faudra redoubler d’efforts pour espérer séduire les pires caricatures du Tinder-Like.
Quelques activités tout autant travaillées font leur retour, comme l’École Professionnelle d’Ounabara. En cas de réussite à un examen, elle permet à Ichiban de progresser plus vite dans les multiples facettes de sa personnalité comme son charisme, sa passion ou son intelligence.
Plus il progressera dans ces domaines, plus il développera des résistances ou des buffs dans certaines de ses compétences. Chaque évaluation se compose de cinq questions présentées sous la forme d’un QCM chronométré et, si nous parvenons à obtenir au moins trois bonnes réponses sur cinq, il est validé. Les examens, portant sur divers sujets de culture générale ayant un lien plus ou moins direct avec le jeu, sont payants. Et ils sont chers !
Vient l’un des autres (très rares) problèmes du jeu : le gain d’argent. Alors certes il ne fait pas le bonheur, mais le système RPG est basé sur l’acquisition d’objets via certaines boutiques ou via le loot. Les premières heures de jeu peuvent créer une légère frustration quant à l’achat de nouvelles armes et armures ou l’utilisation de nouveaux jobs en raison des quantités trop faibles d’argent gagné. À partir des chapitres 8 et 9, les sommes récoltées sont beaucoup, beaucoup plus élevées et permettent de subvenir de façon plus adaptée à nos besoins. Néanmoins, concernant l’atelier de Julie (amélioration et création d’armes), nous estimons être passés à côté de cette fonctionnalité au début du jeu en raison du manque d’argent et de loot pour la fabrication des items.
Enfin, d’autres activités comme le CrazyEats ne sont pas sans nous remémorer le célèbre Crazy Taxi, où il faut réaliser des combos de livraison de pizzas et autres bateaux de sushis. Basiques ou plus soignées, mais dans l’ensemble très fun, toutes ces occupations que propose le titre demeurent de grande qualité. Les adeptes du 100% devront y passer quelques heures, dans la mesure où certaines récompenses très intéressantes en dépendent exclusivement.
Comme tous les autres jeux de la saga, “Like a Dragon : Infinite Wealth” nécessitera au moins une bonne soixantaine d’heures pour profiter de tout ce que le jeu a à nous proposer, et surement plus d’une centaine pour le compléter à 100%.
Testé sur Xbox Series X