Dès sa première présentation à l’occasion des Game Awards 2022, Immortals of Aveum a piqué au vif notre curiosité. D’autant plus lorsque l’on sait que le développeur Ascendant Studios derrière cette nouvelle licence est composé de vétérans du jeu vidéo. Pour la petite histoire, lors de la fermeture de Telltale Games en 2018, un recrutement massif s’est opéré parmi ses équipes talentueuses en vue de composer le premier noyau de développement. Lorsque l’on compte dans ses rangs Michael Kirkbride, ancien scénariste principal des productions Telltale et Bret Robbins, ancien directeur créatif de Dead Space, on suscite forcément l’intérêt. Le titre est clairement annoncé comme un projet ambitieux et le studio a conscience que l’attente des joueurs est grande. C’est probablement pour cela qu’il a pris la décision de repousser de quelques semaines la sortie du jeu afin de proposer la meilleure expérience possible. Partons sans tarder sur les terres d’Aveum afin de découvrir si la magie opère.
Rendez-vous en terre inconnue
Lorsque l’on aborde une nouvelle licence, il faut dans un premier temps en appréhender le lore. Surtout lorsqu’un studio a à cœur de proposer un univers solide et riche. On peut rapidement se sentir perdu au milieu de toutes les informations qui arrivent de toutes parts. C’est ce qui nous faisait un peu peur avant de nous lancer dans ce test, mais nous n’avons jamais perdu pied et nous ne nous sommes à aucun moment sentis noyés dans cet immense océan. Durant les premiers chapitres de l’aventure, le joueur est pris par la main et les notions importantes à acquérir pour apprécier le jeu lui sont exposées tout en douceur. Il est même possible, pour les plus férus, d’approfondir leurs connaissances grâce au journal qui regroupe et développe plus en détail toutes les informations sur l’univers et ses composantes. Si malgré tout, vous appréhendez toujours de vous lancer dans le vide, une visite sur le site officiel d’Immortals of Aveum permet de bien préparer sa rentrée.
Un gosse des rues
Au début de l’aventure, Jack, notre personnage, n’est qu’un gosse des rues survivant à Seren grâce à de petits larcins. Il habite dans un immeuble érigé sous un pont avec Luna et quelques amis. Celle-ci a atteint l’âge légal pour s’enrôler dans l’armée et participer à la guerre éternelle. Jack tente de l’en dissuader, mais elle a déjà pris sa décision et veut œuvrer pour mettre fin au conflit. Ne voulant pas quitter le groupe sans s’assurer qu’il ne manque de rien, Luna propose à Jack un dernier vol qui rapportera suffisamment pour ne pas se préoccuper du lendemain. Malheureusement le plan ne se déroule pas comme prévu et les deux compères doivent prendre la fuite. Ils se retrouvent alors au milieu d’une attaque des forces de Sandrakk.
Cet assaut est si violent qu’il conduit Jack à voir disparaître ses amis sous ses yeux. Cet événement traumatisant réveille en lui une magie insoupçonnée dont la puissance est peu commune. Il se révèle être l’un des rares triarch magnus, un magni capable de maîtriser les trois formes de magie existantes. C’est à ce moment-là qu’il est repéré par les forces armées et qu’il est enrôlé pour participer à l’effort de guerre.
Dès les premiers instants nous avons été happés par l’histoire principale et ses rebondissements. Tout est bien écrit et cohérent. Les personnages ont du relief et l’on s’attache peu à peu à eux. Encore plus lorsque l’on prend le temps de discuter entre deux missions et que l’on en apprend un peu plus sur leur passé. Les scénaristes ne se sont pour autant pas trop pris au sérieux et à de nombreuses reprises, nous assistons à des passages plutôt décalés.
La règle de trois
Il existe au sein d’Aveum trois types de magie, la bleue pour la force, la rouge pour le chaos et la verte pour la vie. La plupart des magni ne peuvent maîtriser que l’une d’entre elles, mais en tant que triarch magnus, nous avons la possibilité de recourir à l’ensemble de celles-ci. Nous sommes donc capable de lancer des attaques puissantes à longue portée (magie bleue), des attaques rapides infligeant des dégâts modérés (magie verte) et des attaques dévastatrices à courte portée qui se révèlent bien pratiques lorsque l’on est acculé (magie rouge). Cela peut sembler finalement basique mais il faut aussi prendre en compte que nos adversaires sont plus ou moins sensibles à telle ou telle magie, voire même parfois insensible à l’une d’entre elles. Même si nous sommes dotés d’un bouclier et que la difficulté des combats monte gentiment au début de l’aventure, il faut rapidement acquérir les bons réflexes pour analyser la situation et employer au mieux notre magie si l’on ne veut pas se heurter à un mur.
En plus de cet arsenal de base, nous apprenons aussi à maîtriser plusieurs sorts complémentaires au fil de l’aventure. Les servitudes, comme le lasso ou la lentille par exemple, sont utiles lors des combats mais également lors des phases d’exploration afin d’atteindre une zone jusque là inaccessible. Les fureurs sont quant à elles des attaques spéciales puisant dans notre mana et qui ne peuvent donc pas être lancées à l’infini. Le résultat de nos affrontements dépend donc de la gestion de nos capacités spéciales, de l’emploi à bon escient de notre bouclier et de notre faculté à passer d’une magie à l’autre rapidement.
Le revers de la médaille, c’est que ce gameplay généreux se retrouve très à l’étroit sur nos consoles, ou plutôt sur notre manette. Les développeurs ont tassé tout ça, mais même après avoir épuisé toutes les combinaisons de touches possibles, il fallait encore trouver une petite place. L’exemple le plus marquant est qu’un appui long sur la touche X peut tout aussi bien déclencher une interaction (ouverture de coffre, dialogue,...) que recharger notre jauge de mana en puisant dans notre stock très limité de pierres magiques. Nous avons ragé plus d’une fois, lorsqu’au lieu d’ouvrir un coffre, nous avons “bêtement” gâché une pierre de mana pour compléter une jauge presque pleine. Ce qui nous a demandé un petit temps de maîtrise également, c’est que le passage d’une magie à l’autre se fait par pressions successives sur la touche Y. Pas gênant en soit s’il n’en avait que deux, mais avec trois, la gymnastique est tout de suite plus complexe.
Immortals of Aveum propose de plus une facette de gameplay typée RPG. En explorant les différentes zones du monde ou en éliminant des ennemis, nous collectons du mana, de l’essence, de magie et de l’or. Ces ressources sont essentielles à la progression de notre personnage et de son équipement. Le mana cumulé permet d’obtenir des points de talent que nous dépensons pour ouvrir environ quatre-vingt nœuds sur l’arbre de compétences. Il faut d’ailleurs préciser que chaque magie est utile et qu’il faut autant que possible conserver un équilibre dans le développement de nos compétences, au risque de se retrouver devant un mur de difficulté infranchissable dans le dernier tiers de l’aventure.
L’essence de magie et l’or sont quant à eux indispensables à la fabrication ou à l’amélioration des équipements. Plusieurs forges sont disponibles en Aveum et il est important d’y faire un passage régulier afin que nos armes et armures restent à la hauteur de nos adversaires. Il serait fastidieux de dresser ici l’ensemble des combinaisons possibles et de leurs différents avantages, mais chacun trouvera chaussure à son pied ou plutôt gantelet à son bras, en fonction de son style de jeu.
La magie opère
La direction artistique puise son inspiration dans un panel très large allant de l’heroic fantasy au siècle des lumières en passant par l’âge du fer. Il en résulte des environnements riches et variés que l’on a plaisir à parcourir. Les zones habitées sont également le théâtre de petites scènes de la vie quotidienne, ce qui augmente d’autant plus la cohérence de l’univers et contribue à l’immersion.
Côté bande-son, hormis durant les combats et certains passages épiques, cela reste plutôt discret mais c’est finalement un bon point en ce qui nous concerne, car les périodes d’exploration sont ainsi plus reposantes. Les effets d’éclairage quant à eux profitent pleinement de la technologie Lumen de l’Unreal Engine 5, même si parfois l’abondance d’effets pyrotechniques peut rendre la lecture d’un combat difficile. Ce qui est rassurant c’est que malgré toutes ses explosions de couleurs, notre series X ou notre series S n’ont subi aucune chute de framerate perceptible même au plus fort de l’action.
Nous n’avons pas vu passer la vingtaine d’heures nécessaire pour atteindre la conclusion de la trame principale et nous avons eu plaisir à nous replonger dans l’univers en quête d’équipement légendaire et de défis à relever. En ce qui nous concerne, la proposition d’Ascendant Studios est à la hauteur de ses ambitions et manque de peu d’être un coup de cœur.
Testé sur Xbox Series X et Xbox Series S.