Test - Read Only Memories : NEURODIVER

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NEURODIVER est la suite de 2064 : Read Only Memories, un visual novel d’enquêtes en pixel art, sorti en 2015 sur PC puis sur Playstation et Xbox. Une suite que l’on doit à l’équipe du studio MidBoss et dont le développement s’est montré tumultueux, puisqu’il aura mis neuf ans pour arriver sur nos consoles. Novice de la série ou fan de la première heure : Bienvenue à Neo-San Francisco !

Welcome to the future

Nous sommes en 2070 dans la ville très cyberpunk de Neo-San Francisco. Luna, alias ES88, est une télépathe professionnelle qui travaille pour la société MINERVA. Cette dernière a développé une créature synthétique dotée de pouvoirs psychiques, le Neurodiver, qui permet à ES88 de se connecter directement aux souvenirs d’une personne et de les modifier. Accompagnée de Gate, une androïde qui fait office de garde du corps pour le Neurodiver et de meilleure amie pour Luna, l’héroïne accomplit diverses enquêtes psychiques pour le compte de MINERVA : récupération de mots de passe oubliés ou de souvenirs pouvant permettre de résoudre une enquête.

Une histoire qui déborde...

Le quotidien d’ES88 est bouleversé lorsque Fortuna, la directrice de MINERVA, lui confie pour tâche d’enquêter sur un.e étrange télépathe rebelle qui se fait appeler Papillon doré. L’inconnu.e semble capable de se cacher dans la mémoire d’autrui et de l’altérer. Cette mission va permettre à ES88 de rencontrer de nombreux personnages tels que Lexi, une ancienne inspectrice de police devenue détective privée, Tomcat, hackeureuse de génie, ou encore Jess, une avocate hybride spécialisée dans le droit des espèces génétiquement modifiées. Mais le pouvoir de Papillon doré pourrait bien s’avérer trop grand pour être contenu, même par quelqu’un équipé d’un Neurodiver !

Néons fluo et café latte

Ce que l’on note en premier dans NEURODIVER, c’est sa vision d’un futur très cyberpunk et en même temps cosy. On passe facilement d’un bar à l’enseigne fluorescente où les serveurs sont des robots, à une petite librairie pittoresque qui aurait sa place dans un film Ghibli. Le futur proposé par le studio MidBoss est agréablement paisible malgré sa surenchère de technologies, un peu comme si son humanité avait enfin réussi à faire la paix avec ses ambitions croissantes pour faire cohabiter progrès et nature. Une vision aux antipodes des ruelles crasseuses de Blade Runner ou des cités de Jusant, dans lesquelles la nature a repris ses droits.

C’est cosy

Sans être le plus beau pixel art que l’on ait jamais vu, le jeu se montre plutôt joli avec ses environnements très colorés, foisonnants de détails, et ses personnages agréables à l’œil. Les codes du manga sont bien présents, que ce soit dans le design ou les expressions faciales des protagonistes. En plus de contenir d’évidents liens avec son précédent épisode, le jeu se permet de petits clins d’œil à d’autres productions du genre comme Coffee Talk. Dans l’ensemble, l’aventure se déroule dans une ambiance joyeuse, bienveillante et colorée.

Tout est super génial !

Cette gentillesse et cette naïveté transpirent à travers le scénario. Durant une bonne moitié de l’aventure, le jeu s’efforce de nous installer dans un environnement rassurant. Malgré quelques thèmes moins heureux comme la guerre qui a eu lieu des années auparavant ou la ségrégation des androïdes, tout le monde semble incapable de se montrer malveillant, hypocrite ou manipulateur. On fouille dans la tête des gens, mais c’est pour la bonne cause ! Si cette candeur doucereuse en vient à abaisser notre méfiance de joueur, c’est pour mieux nous plonger dans l’angoisse. Après plusieurs heures, le jeu bascule et ES88 commence à faire des rêves étranges, à avoir des absences, des visions… au point qu’il devient de plus en plus difficile de séparer la réalité des souvenirs qu’elle explore.

Les fans de Coffee Talk apprécieront

On regrette cependant que cette idée, brillante au demeurant, ne soit jamais exploitée à fond par les développeurs. Il y a bien quelques secrets (pas si méchants) qui sont révélés et des explications qui viennent éclaircir certains mystères, mais, une fois que les dernières pièces du puzzle sont en place et que les ultimes choix sont faits, tout le monde s’excuse, se pardonne, et la vie reprend son cours. Là où il y aurait eu matière à créer un véritable drame psychologique, on se contente d’une angoisse et de vagues soupçons qui retombent assez vite.

Les fragments de mémoire deviennent de plus en plus bizarres

Pourtant, le jeu se veut porteur de nombreux messages engagés, que ce soit en faveur des minorités et de l’inclusivité sous toutes ses formes, ou contre les grandes corporations capitalistes et la corruption des institutions. Des engagements qui se retrouvent dans les personnages non binaires et LGBTQ+, les réflexions sur la guerre, l’ostracisation ou encore l’inégalité de la justice, mais qui auraient peut-être mérité d’être mieux mis en avant. Malgré tout, l’aventure reste plaisante, bien rythmée, et son scénario parvient à nous tenir en haleine sur toute la durée du titre.

Parlons mécanique et technique

Outre la chasse donnée à l’encontre de Papillon doré, le jeu se sert de véritables problèmes de psychologie et de neuroscience pour justifier ses incursions dans la mémoire. Le choc traumatique, le deuil ou l’autocréation de faux souvenirs sont autant de raisons d’aider quelqu’un en fouillant dans sa tête. Comme l’explique très bien Luna : «  Le cerveau a horreur du vide et va chercher à le combler avec ce qui lui semble logique.  » Ainsi, un passage oublié par un personnage va prendre la forme d’un élément bizarre, qui n’a pas sa place à cet endroit, mais qui est tout de même issu de la mémoire et du vécu de la personne.

Si les faux souvenirs sont une réalité, ils sont rarement aussi étranges !

En bon visual novel, Read Only Memories : NEURODIVER propose des mécaniques de gameplay assez simples, héritées de sa version PC. On déplace notre flèche avec le stick gauche pour sélectionner les personnages ou objets avec lesquels interagir, et presque toute l’aventure se construit autour des dialogues. Quelques choix permettent d’influencer l’histoire et, lors des séquences de reconstruction de souvenirs, il faudra au préalable avoir trouvé les bons objets pour réparer une mémoire corrompue. Aucune inquiétude à avoir en cas d’erreur, si le joueur ne sélectionne pas ce qu’il faut lors d’une séquence de ce type, il est possible de réessayer toutes les combinaisons d’objets disponibles autant de fois que nécessaire… ou de retourner explorer la zone afin de dénicher celui qui manque !

D’abord facile, la reconstitution de souvenirs va se complexifier peu à peu...

En revanche, trouver ces indices nécessaires aux enquêtes de Luna pourra parfois s’avérer compliqué. La faute, tout d’abord, au choix du déplacement par stick, qui se montre souvent trop imprécis lorsqu’il faut sélectionner un petit élément. Ensuite à cause de certains ratés qui font qu’on se retrouve à cliquer plusieurs fois pour valider une action, voire qu’on se confronte à des éléments pour lesquels l’action ne se déclenche pas du tout (heureusement, aucun de ceux-là n’empêche d’aller au bout de l’aventure).

Quelle adorable bestiole pour fouiller un cerveau !

Une mauvaise traduction vient aussi gâcher une partie de l’aventure : non seulement les dialogues débordent souvent des cases et ne sont donc pas lisibles jusqu’au bout, mais il s’avère aussi que certains sont tout simplement incohérents. Un « te » qui se transforme en « me » (et qui change complètement le sens d’une phrase), des clients qui deviennent des patrons, une bibliothèque qui devient un cabinet… Même dans les menus, où les quêtes deviennent des « indices » ! Des erreurs étranges quand on voit le soin apporté pour préserver l’inclusivité de certains dialogues relatifs aux personnages non genrés, sachant à quel point le français n’est pas une langue qui s’y plie facilement !

Imparfait mais pas désagréable

Malgré ses écueils, NEURODRIVER reste une aventure courte, mais plaisante. Les cinq chapitres du jeu (plus l’introduction) peuvent être bouclés en cinq heures. En revanche, l’obtention de tous les succès nécessitera au moins deux parties, puisque certains d’entre eux sont soumis aux choix du joueur en termes d’embranchements scénaristiques.

Read Only Memories : NEURODIVER est annoncé pour le 16 mai 2024.

Testé sur Xbox Series X

Bilan

On a aimé
  • L’ambiance
  • L’aspect inclusif
  • L’originalité
On a pas aimé
  • Les erreurs de traduction
  • La manipulation au stick parfois hasardeuse
If you goin’ to Neo-San Francisco

Read Only Memories : NEURODIVER présente une aventure dans la droite lignée de son prédécesseur, avec un accent tout particulier mis sur les luttes sociales et l’inclusivité. Son manque de prise de risques l’empêche cependant d’offrir un scénario qui avait tout le potentiel pour devenir vertigineux. À la place, on se contentera d’une intrigue gentille mais trop timide. Si son plus gros défaut vient de sa localisation française, celle-ci pourra au moins être corrigée via quelques mises à jour. Il reste néanmoins un visual novel à l’univers intéressant, pour qui aime les aventures en pixel art.

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Read Only Memories : NEURODIVER

PEGI 12 Drogue Langage grossier

Genre : Aventure/Réflexion

Éditeur : Chorus Worldwide

Développeur : MidBoss

Date de sortie : 16/05/2024

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 5, PlayStation 4, PC Windows, Nintendo Switch