Microsoft souhaite renforcer jour après jour son statut d’acteur incontournable de l’industrie du jeu vidéo, avec en ligne de mire Sony et sa PlayStation, son rival de toujours (Nintendo ayant un statut à part). Pour preuve, Microsoft est à la fois présent et actif sur tous les fronts, que cela soit d’un point de vue matériel avec la Xbox One X ou la très attendue Xbox Series X, mais aussi logiciel avec DirectX 12 Ultimate et le DirectX Raytracing. À cela s’ajoute l’angle plus commercial d’offres telles que celles du Xbox Game Pass, du Xbox Play Anywhere et du Project Xbox Cloud Gaming qui redéfinissent les modes de consommation du marché.
Mais s’il existe un domaine dans lequel l’entreprise de Redmond brille par son absence, c’est bien celui de la VR (ou réalité virtuelle) sur console, là où son concurrent japonais a su relever le défi avec le PlayStation VR. Encore plus troublant est le fait que la VR ne soit pas l’un des axes majeurs de la future Xbox Series X. Phil Spencer, le patron de la branche gaming de Microsoft, s’était déjà exprimé à ce propos en jugeant que la VR n’était pas prioritaire.
Il est vrai que le marché de la VR n’a pas rencontré l’expansion et le succès tant attendus, en dépit des prédictions faites avec l’annonce de la sortie de l’Oculus Rift en 2016. Le marché a tardé quelque peu à prendre son envol depuis, même si les investissements en développement se poursuivent et que des annonces alléchantes comme celle de la venue du prochain Half Life : Alyx alimentent encore l’engouement du public.
Peu à peu cependant, l’offre VR se renforce et devient un marché de plus en plus intéressant avec un public potentiellement plus nombreux. Une enquête récente menée par Steam rapporte que près d’un million de ses utilisateurs possèdent désormais un appareil compatible avec la VR, tandis que du côté de chez Sony, le PlayStation VR représente à lui seul 4,2 millions d’unités vendues en mars dernier (soit 4% des joueurs sur PS4).
Microsoft aurait-elle loupé le coche et commis une erreur stratégique rédhibitoire ? Pour le savoir, les journalistes du site wcchtech.com ont interrogé Jesse Schell, CEO de Schell Games, l’un des principaux studios spécialistes de la VR à ce sujet.
"Des entreprises comme Microsoft n’ont aucune raison de se précipiter. Elles peuvent attendre, regarder et observer ce qui fonctionne puis agir en conséquence. Si vous avez une base qui aime votre plateforme, vous pouvez regarder ce que font les autres et vous pouvez ensuite venir avec un système qui a du sens. Vous n’avez pas à prendre autant de risques lorsque vous le faites. Je ne les considère donc pas nécessairement comme myope.
C’est juste qu’ils ont choisi de suivre plutôt que d’être des leaders dans cet espace et lorsque vous avez l’avantage de posséder un marché suffisamment important, vous pouvez vous permettre de le faire, vous pouvez être un adepte et toujours avoir beaucoup de succès. C’est, par exemple, la stratégie d’Apple. Apple a tendance à ne pas inventer les choses, ils ont tendance à faire de meilleures versions de choses que quelqu’un d’autre a créées." Jesse Schell - CEO de Schell Games
L’offre de Sony aura-t-elle pris définitivement une longueur d’avance sur celle d’Xbox lorsque l’offre VR aura trouvé son public ? Microsoft sera-t-elle en mesure de proposer un produit réussi le moment venu ?
De nombreuses questions restent pour le moment sans réponses, mais la stratégie de Microsoft visant à demeurer en retrait d’un marché encore en phase d’éclosion ne semble pas dépourvue de sens. Vraisemblablement, Microsoft préfère attendre que le marché de la VR arrive à maturation et se positionner ensuite avec un produit qui tiendra compte des expériences réussies par le passé, des possibles innovations technologiques et des attentes du public.