Il était temps ! Les langues se délient enfin, Sony vient de dévoiler par l’intermédiaire de son architecte en chef – Mark Cerny – les spécifications principales de la Playstation 5. Au terme d’une conférence d’un peu moins d’une heure, Mark Cerny a levé le voile sur certaines particularités de la PS5.
Ces nouvelles informations sont pour nous l’occasion de voir comment se place la PS5 par rapport à la Xbox Series X et ce que l’on peut en attendre. Vous allez le voir, les deux consoles n’ont jamais été aussi proches.
Comparaison des specs techniques brutes
Commençons par un petit rappel sur les caractéristiques de la Xbox Series X.
Specs techniques Xbox Series X
- CPU AMD Zen 2, 8 core à 3,8 GHz sans SMT ou 3,6 GHz avec SMT (16 threads)
- 16 Go de mémoire GDDR6 dont 10 Go à 560 Go/s de bande passante et 6 Go à 336 Go/s
- SSD NVMe PCIe 4.0 de 1 To avec une vitesse de 2,4 Go/s
- GPU AMD RDNA 2 composé de 52 CU à 1825 MHz pour une puissance d’un peu plus de 12 TFlops
Regardons maintenant la PS5.
Specs techniques PS5
- CPU AMD Zen 2, 8 core 16 threads à 3,5 GHz
- 16 Go de mémoire GDDR6 à 448 Go/s
- SSD NVMe PCIe 4.0 de 825 Go avec une vitesse de 5,5 Go/s
- GPU AMD RDNA 2 composé de 36 CU à 2230 Mhz (mode boost) pour une puissance d’un peu plus de 10 TFlops.
À première vue, la Xbox Series X est la plus performante des consoles. Elle dispose d’un CPU avec une fréquence légèrement plus haute, une mémoire vive un peu plus rapide et un GPU possédant plus d’unités de calcul. La PS5 prend le « lead » côté stockage. Un SSD un peu moins bien doté en espace disponible mais bien plus rapide (plus de 2x plus rapide que le SSD de la XsX). Donc sur le papier, la PS5 serait un peu inférieure à une Xbox Series X. Serait-on en présence d’un revirement de situation par rapport au début de la génération précédente entre la Xbox One et la PS4 ? Sony se serait-il fait dépasser par son concurrent ? Stop ! Pas si vite moussaillon !
Des choix différents pour Microsoft et Sony
S’arrêter uniquement à la lecture des fiches techniques c’est aller un peu vite en besogne. Bien que les éléments techniques soient similaires voire identiques, il y a de nombreux autres points à prendre en compte. Chaque constructeur rivalise d’ingéniosité pour proposer des « features » et autres petites « tambouilles personnalisées » qui viennent contrebalancer les performances « papier ».
Lorsque les ingénieurs conçoivent une console, l’objectif n’est pas forcément de proposer les composants les plus rapides, mais de proposer le meilleur compromis par rapport à ce qu’attendent les développeurs de jeux vidéo.
Dès lors, la performance « brute » a beaucoup moins d’importance que l’optimisation. Cette optimisation passe par des éléments logiciels mais aussi matériels. C’est de ce dernier point dont nous allons parler. Contrairement à un PC, le hardware d’une console ne se limite pas à son seul couple CPU / GPU, il y a de nombreux autres composants (absents de nos chères tours) qui sont là pour des fonctions précises et pour « décharger » le couple CPU / GPU.
Le SSD : l’élément différenciant entre la PS5 et la Xbox Series X
Jusqu’à présent, Microsoft et Sony utilisaient des approches différentes pour leurs spécificités hardware. Cette année, les deux constructeurs utilisent des méthodes vraiment similaires. Par exemple, au niveau du stockage, les deux constructeurs ont utilisé un SSD très rapide combiné à un contrôleur mémoire custom ainsi qu’à une puce dédiée gérant la décompression des données.
La solution est donc identique. Mais c’est sur la réalisation que l’approche diffère. Microsoft utilise un système de décompression en deux temps : une partie des données utilisent la compression ZLib, déjà utilisé sur la One X, quand les textures utilisent un nouveau système de compression de leur cru appelé BCPack.
De son côté, Sony a préféré utiliser un système tiers basé sur la compression « Kraken » de RAD Game Tools.
La méthode de Sony semble cependant plus efficace, avec des débits de lecture et des débits de décompression plus élevés que Microsoft. La solution de Microsoft propose un débit brute en lecture de 2,4 Go/s, ce qui avec les systèmes de compression équivaut à environ 6 Go/s de données. La puce dédiée qui gère cette décompression est équivalente à 5 coeurs Zen 2. Ce qui est très impressionnant. Grâce à cette puce, la consommation CPU finale n’est que d’un dixième d’un seul cœur. Autrement dit une consommation quasi nulle.
Sony, est allé encore plus loin sur son système. Le SSD et son débit de 5,5 Go/s étant plus rapide, avec le système de compression c’est carrément 8 à 9 Go de données qui peuvent être prise en charge en une seconde. De quoi remplir la ram en très peu de temps. La puce de décompression de Sony est hyper efficace, elle est équivalente à 9 cœurs Zen 2 !
Quel impact sur les performances réelles ? C’est encore trop tôt pour le dire. Mais la technique de Sony pourrait permettre de « switcher » de données plus rapidement. Concrètement, ils peuvent se servir de cette technique comme d’un « super cache » afin que le GPU ne travaille que sur les données les plus pertinentes. Un système qui rappelle fortement l’ESRAM de Microsoft avec la Xbox One. Mais ce n’est qu’une des possibilités d’utilisation d’un tel stockage.
Des stratégies différentes sur les fréquences du CPU et GPU
Les autres éléments sont également très proches, mais toujours avec de petites différences. Par exemple si nous prenons le couple CPU / GPU, les deux utilisent la même architecture. Les fréquences CPU sont très proches (3,6 / 3,8 Ghz pour l’une, 3,5 Ghz pour l’autre), les GPU le sont également. Bien que la Xbox Series X compte plus d’unités de calculs, la fréquence très élevée du GPU de la PS5 compense cette différence. Mais encore une fois on note une différence dans la « réalisation ». Microsoft a fait le choix d’une fréquence fixe et d’une alimentation en courant variable. Les composants ont une fréquence nominale et n’en changent pas alors que l’alimentation ne leur fournira que l’énergie dont ils ont besoin.
Sony à l’inverse fait le choix d’une fréquence dynamique et d’une alimentation fixe. Lorsque le besoin se fait sentir, les composants peuvent fonctionner à leur fréquence maximale, mais si la charge est plus faible, les composants peuvent baisser leur fréquence tout en profitant d’un « pool » d’énergie délivrée par l’alimentation qui peut être redirigée du CPU au GPU et inversement en fonction des sollicitations. Un fonctionnement de ce type permet de favoriser le refroidissement mais suppose également un travail supplémentaire d’optimisation pour les développeurs.
Du côté de Microsoft, comme la fréquence des composants est fixe, les ingénieurs ont dû concevoir un refroidissement très performant.
Quelle console est la plus performante ? Difficile de trancher aujourd’hui
Comme indiqué au début de cet article, bien que les spécifications techniques semblent donner l’avantage à la Xbox Series X par rapport à la PS5, les deux consoles n’ont jamais été aussi proches en termes de performances et de possibilités.
En adoptant une architecture similaire, jusque dans la gestion du stockage, les deux « princesses » semblent presque jumelles… Seules les petites différences dans l’optimisation hardware et logicielle et leur facilité d’exploitation par les développeurs pourront faire pencher la balance en faveur des verts ou des bleus. Et plus que le hardware, ce qui pourra faire pencher la balance en faveur de l’une ou l’autre des deux consoles lorsqu’il faudra sortir le porte-monnaie sera leur catalogue de jeux, services et tout l’écosystème qui gravite autour.