Retroxygen - Le rétro en 2020

«Un univers aussi passionnant qu’illisible» le 27 janvier 2020 @ 06:072020-01-30T17:36:48+01:00" - 2 réaction(s)

Depuis une dizaine d’années, le jeu rétro fait beaucoup parler de lui. Certains l’adulent. D’autres y sont indifférents voire même le voient d’un mauvais œil, trouvant cette manie de vouloir se refaire le film du jeu vidéo un brin ridicule. En tout cas, le rétro est passé en l’espace d’une décennie d’un hobby de passionné à un business dont la tranche d’âge 30-50 ans n’est plus la seule concernée. On pense bien sûr à la vague de consoles “mini” lancée par Nintendo puis imitée par Sony, SEGA et bientôt Konami. L’Atari VCS, elle aussi, semble pointer le bout de son joystick lentement mais sûrement malgré quelques ennuis financiers. Mais, on pense également à Phil Spencer qui, en 2015, alors que la marque Xbox est au plus bas de sa popularité, annonce l’arrivée de la rétrocompatibilité sur Xbox One lors de la conférence Microsoft à l’E3. On se souvient bien du scepticisme des journalistes et des joueurs. Pourtant, la rétrocompatibilité est devenue aujourd’hui l’un des piliers de la marque Xbox. Pilier qui a même essaimé du côté de Sony qui a récemment annoncé une certaine forme de rétrocompatibilité sur sa future machine, la PS5. La ou les prochaines Xbox, elles, le seront assurément. On nous promet même des jeux “cross-gen” ; c’est-à-dire qu’ils pourront fonctionner aussi bien sur votre One que sur votre Xbox Series X moyennant évidemment quelques compromis à l’écran. Nintendo, de leur côté, tiennent depuis la sortie de la Switch un double discours. Un jour, on nous assure qu’il n’y aura pas de rétrocompatibilité sur la machine. Un autre, on nous assure le contraire à condition seulement de s’abonner à leur service en ligne : le Nintendo Switch Online. Dans le même temps, les ré-édition de jeux rétro sur la Switch - mais pas que - foisonnent de manières détournées. Entre les SEGA Ages, Arcade Archives et autres ACA NeoGeo sans compter les innombrables remakes et remasters, on ne sait plus où donner de la tête. La fermeture de LoveRom sous la menace de Nintendo fin 2018 nous a rappelé à quel point l’émulation sur PC est encore bien vivace. Sans oublier le marché de la collection qui reste malheureusement réservé aux initiés et, souvent, les plus aisés d’entre eux. Devant ce micmac incroyable, nous avons pensé vous proposer un petit guide histoire d’y voir un peu plus clair afin de mieux naviguer dans cet univers infiniment passionnant qu’est le jeu rétro.

Rétrocompatibilité et Xbox : un mariage presque parfait

Si la rétrocompatibilité a débuté timidement sur Xbox One quitte à susciter une certaine inquiétude ou incompréhension, on peut dire aujourd’hui qu’elle s’est révélée être un véritable succès ainsi qu’un argument marketing incontournable pour Xbox. La possibilité de pouvoir réutiliser ses jeux physiques ainsi que les copies dématérialisées est une idée brillante et formidablement exécutée - même si une installation depuis le store reste nécessaire. Toutefois, si le catalogue actuel s’avère très exhaustif (plus de 600 jeux selon Microsoft, 592 selon leur site internet) et la qualité de l’émulation excellente, ce service se révèle toutefois quelque peu illisible pour le client lambda. En effet, le catalogue de jeux rétrocompatibles n’est pas mis en avant sur le store de la One car relégué en bas de page, coincé entre les jeux les mieux notés et les ID@Xbox. Pire, tous les jeux disponibles ne figurent pas sur le store de la console. Par exemple, vous ne pourrez pas y trouver Ninja Gaiden 2 et 3, Asura’s Wrath, Sphinx et d’autres encore. Le seul moyen de les trouver est soit de passer par le site internet de Microsoft ou bien de rentrer le nom du jeu dans la barre de recherche de la One. Certains, même s’ils sont présents sur le store, ne sont en réalité pas disponibles à l’achat. C’est le cas, entre autres, de Sonic 3, DOOM 3 BFG Edition (compilation rassemblant les trois premiers épisodes de la saga culte) et The Orange Box (compilation de Half-Life 2, Portal et Team Fortress 2). Vous ne pourrez que les acheter sur le site internet de Microsoft. Le cas de DOOM 3 est encore plus problématique puisque le jeu n’est disponible à la vente ni sur le store de la console ni sur le site de Microsoft. Ce sera donc à vous de vous procurer une copie physique du jeu afin de pouvoir y jouer. À noter que le titre a depuis été remasterisé et est maintenant disponible à la vente comme n’importe quel jeu Xbox One.

Les tarifs sont, eux aussi, quelque peu problématiques car peu souvent justifiables. Payer 20 ou 30 € pour un jeu Xbox 360 en 2020 fait un peu gag. Surtout lorsque ce même jeu est trouvable dans le commerce pour un prix dérisoire. Fable Anniversary, c’est à toi que l’on pense.

À noter aussi l’absence surprenante des jeux Arcade Archives proposés uniquement sur les consoles concurrentes à l’heure où nous écrivons ces lignes. Seule la collection ACA NeoGeo semble être commune aux trois machines. Une absence d’autant plus dommageable pour la Xbox One puisqu’elle la prive de titres arcade majeurs tels que Ninja Spirit, Terra Cresta ou Mr.GOEMON.

Le nombre famélique de jeux Xbox disponibles actuellement est aussi un point sensible pour la marque qui n’a pas su totalement tenir la promesse faite en 2015. On regrette l’absence de titres exclusifs tels que Brute Force, Project Gotham Racing ou encore Galleon, sans parler des exclusivités console que Xbox avait réussi à récupérer du catalogue PC de l’époque. On pense notamment à Pariah, Painkiller ou encore Deus Ex : Invisible War et Thief : Deadly Shadows, deux titres Ion Storm qui mirent en avant les capacités avancées de la console par rapport à ses concurrentes.

Alors que la sortie de la nouvelle Xbox approche à grands pas, la plus grande difficulté pour la marque sera donc de refondre complètement son store, mais aussi de réformer son processus de communication concernant les différents services qu’elle propose. Il n’est pas normal pour les joueurs de devoir faire autant de recherches pour se procurer un jeu ni même de se reposer uniquement sur l’offre Gold ou Game Pass pour mettre en avant un ou plusieurs jeux rétrocompatibles. Espérons donc que cela change avec la prochaine génération. Cependant, il faut souligner la qualité du travail fourni par les équipes de Microsoft depuis 2015 qui font de ce service de rétrocompatibilité le meilleur à ce jour sur console.

Le rétro chez la concurrence

Si Xbox a su embrasser le rétro jusqu’à l’inclure dans leur stratégie pour le futur de la marque, on ne peut pas en dire autant pour la concurrence. Sony a par exemple bien du mal à étoffer son catalogue de jeux rétrocompatibles qui ne concerne d’ailleurs que la PS2. À noter que vous ne pouvez pas utiliser vos jeux physiques PS2. Vous devrez donc les racheter sur le PSN. De plus, la cinquantaine de jeux proposés n’offre que peu de variété et se repose beaucoup trop sur des licences déjà connues du grand public : GTA, Jak & Daxter, King of Fighters entre autres. Toutefois, la présence notable de titres trouvables nulle part ailleurs sur console peut vraiment valoir la peine d’y jeter un coup d’œil. Nous pensons notamment à Eternal Ring (RPG à la première personne développé par From Software), le j-rpg bizarroïde Okage, le cultissime PaRappa The Rapper 2, le chef d’œuvre Max Payne ou encore Dark Cloud 1 et 2. Le premier fut d’ailleurs l’un des titres de lancement de la PS2. La question du prix est, ici, encore très discutable car la plupart des jeux se situent entre 10 et 15 €. Pire, la qualité d’émulation est très variable d’un titre à un autre. Si Dark Cloud fonctionne à merveille, Max Payne, lui, souffre grandement de chutes de framerate drastiques… ennuyeux lors de certains affrontements où rapidité et précision sont les maîtres mots. Un problème également rencontré sur Psychonauts, mais cela ne s’arrête pas là. La rétrocompatibilité ne bénéficie d’aucune mise en avant sur PS4. Au mieux, vous tomberez dessus par hasard. Au pire, vous ne saurez jamais qu’elle existe. Le seul moyen d’accéder au catalogue PS2 est d’aller dans “Jeux”, cliquer sur le sous-menu “Découvrir Plus” avant de faire défiler les catégories jusqu’à l’extrémité droite du menu déroulant pour enfin arriver à la catégorie “Classiques PS2”. Pfiou ! Le rétro a décidément du plomb dans l’aile chez Sony.

Nintendo, eux, ne font pas forcément mieux de leur côté. En plus d’être le dépotoir de Steam, la Switch n’accueille aucune vraie exclusivité en terme de jeux rétro à part les portages mobiles de Dragon Quest 1, 2 et 3 ou encore Phantasy Star, remastérisé grâce à l’initiative SEGA Ages. Pour ce qui est du reste, vous ne trouverez malheureusement rien de plus qu’ailleurs. Le constructeur japonais ne fait pas non plus d’efforts pour mettre en avant son catalogue rétro et se contente simplement de mélanger les jeux entre eux. Jeter un œil de temps en temps aux nouveaux jeux sortis récemment via la catégorie dédiée sur l’EShop est, à la rigueur, le seul vrai moyen de repérer d’éventuelles trouvailles en matière de jeux rétro. Le Nintendo Switch Online, quant à lui, continue de faire mauvaise presse à cause notamment de son offre rétro fort peu inspirée. En effet, seuls des titres NES et SNES désormais sont disponibles. Autant dire qu’il y a d’autres alternatives bien moins onéreuses pour y jouer. De plus, à l’instar du PS Plus ou du Xbox Live Gold, vous ne pourrez plus accéder à vos jeux une fois votre abonnement terminé. Une raison de plus pour vous le déconseiller, donc.

Le cas Wii U

Mal exploitée par Nintendo, la Wii U propose en réalité un catalogue de jeux de grande qualité ; notamment son répertoire rétro. Ce dernier inclut des titres allant de la NES jusqu’à la Wii en passant par la Game Boy Advance et la PC Engine (Turbografx ou Coregrafx selon la région du monde). Il y a donc de quoi faire ! Ce catalogue propose non seulement une très grande variété mais aussi des titres de très haute qualité. On pense notamment aux classiques de la marque Nintendo, Sin & Punishment, Uncharted Waters, mais aussi R-Type et Golden Sun. De plus, la Virtual Console de la Wii U propose tout un tas d’options améliorant l’expérience de jeu. La mablette de la console est également un très bon appareil pour profiter des jeux nomades. À noter que l’émulation y est exemplaire. Côté tarifs, il faut compter entre 5 et 20 € en fonction de la plateforme souhaitée. Le seul bémol réside dans les moyens de paiement. En effet, depuis septembre 2019, Nintendo a rendu impossible les achats par carte sur l’EShop de la Wii U et de la 3DS (la Switch n’est, bien sûr, pas concernée). Il faut donc passer par l’achat de cartes prépayées Nintendo pour pouvoir se faire un peu plaisir. Rien de grave, certes, mais cela peut devenir embêtant ; surtout lorsqu’il vous manque un seul centime sur le solde de votre compte Nintendo pour acheter un jeu… Une évolution désagréable mais prévisible depuis la sortie de sa petite sœur : la Switch.

Petites et grandes à la fois

Si la possibilité de découvrir des classiques du jeu vidéo sur consoles de salon est un confort indéniable mais qui peut devenir avec le temps quelque peu onéreux, il existe une alternative : les consoles “mini”. Nous voulons parler évidemment des Nintendo et Super Nintendo mini ou encore dernièrement la Mega Drive mini. Passé le côté gadget de ces consoles, elles offrent toutes un catalogue à la fois qualitatif et varié. Pour 90 € en moyenne, elles sont sûrement le meilleur moyen de se lancer dans l’aventure retrogaming. Nous vous conseillons principalement la Mega Drive mini et la Super Nintendo mini car elles offrent toutes les deux un catalogue excellent et équilibré. De plus, elles sont pratiques pour découvrir des perles qui seraient inabordables autrement. Par exemple, Tetris sur Mega Drive ou Final Fantasy III sur SNES ; sans parler des jeux exclusifs tels que Star Fox 2 ou Monster World IV.

Le PC, champion incontestable du rétro

Si les consoles sont un bon moyen de plonger dans l’univers du rétro, le PC reste incontestablement la meilleure plateforme pour approfondir ses connaissances en la matière. En plus de proposer des stores offrant des catalogues très larges, l’offre rétro y est foisonnante aussi bien sur Steam ou GOG, le store phare pour ce type de jeux. L’avantage du PC ainsi que du Mac réside essentiellement dans la possibilité d’émuler les titres qui seraient éventuellement introuvables ou inabordables autrement. On pense par exemple à Vagrant Story, les jeux de la série Far East of Eden ou encore la version PS2 de Dragon Quest V sortie uniquement au Japon.

Chiner en 2020

Pour les puristes et les collectionneurs, il ne reste qu’une seule solution : chiner. On peut chiner en ligne ou directement en boutique. Notre conseil serait de toujours garder un œil sur les sites de revente tels que Ebay, Price Minister et Amazon histoire de se faire une idée du prix moyen demandé pour les titres qui vous intéressent puis d’aller en boutique. Car, la plupart des boutiques ne savent pas vendre de jeux rétro et par conséquent ont souvent du mal à fixer un prix sur leur marchandise. Vous tomberez soit sur des tarifs trop élevés soit trop bas. C’est donc à vous de faire un peu recherche en amont afin d’arriver préparé avant tout achat. N’hésitez pas à mettre en concurrence plusieurs boutiques si vous avez la chance d’en avoir plus d’une à proximité de chez vous. Sinon, nous vous recommandons de passer par Internet en faisant preuve de prudence. N’achetez pas à quiconque refuse de poster plusieurs photos du produit qu’il ou elle vend. Il est vivement conseillé d’acheter des produits présentés “comme neuf” car la qualité réelle de l’objet est souvent légèrement en-dessous de ce qui est annoncé par le revendeur. Aussi, si le japonais ne vous fait pas peur, nous vous conseillons d’acheter auprès de revendeurs japonais - surtout en cas d’achat d’une console - car ils ont pour réputation de bien conserver leurs produits. Le site japonais d’Amazon est également un très bon moyen de mettre la main sur des vieux titres souvent rares et chers en Occident. À noter aussi que c’est un très bon moyen de se procurer des bandes originales à distance. Attention toutefois, tous les articles ne sont pas importables depuis l’étranger. Mais, il y a bien deux endroits incontournables pour chiner en toute tranquillité et sans se ruiner : les brocantes et les cash converters. Là où les gens ne verront que des vieux jouets pour enfants à refourguer de toute urgence, vous, vous y verrez souvent des perles voire des raretés à des prix défiant toute concurrence. Il est donc bon de temps à autre de s’y arrêter juste histoire de tâter un peu le terrain avant de peut-être revenir le portefeuille à la main.

Le jeu rétro en 2020 n’a jamais été autant présent dans l’histoire du jeu vidéo. Les collections et les remasters n’ont jamais été aussi nombreux sur nos stores respectifs et, pourtant, le rétro reste encore et toujours cantonné au rôle de gadget ou de “gimmick” marketing notamment à cause du manque de mise en valeur de la part des constructeurs et autres gérants de stores. C’est tout son paradoxe : être massivement présent et invisible à la fois. C’est à travers ce bref tour d’horizon du retrogaming en 2020 que nous avons souhaité mettre un peu plus en lumière cette frange de notre passe-temps préféré. Si la Switch se débrouille un peu mieux que la PS4, c’est incontestablement la Xbox One qui remporte la palme en matière de catalogue rétro sur console. Le PC, quant à lui, jouit encore beaucoup de l’émulation pour palier à ses éventuels manquements en matière de jeux et reste par conséquent incontournable si l’on souhaite un jour se forger une culture rétro solide.

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2 reactions

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The BatF4n

27 jan 2020 @ 12:13

Excellent article, très exhaustif. La retrocompatibilité est clairement l’un des éléments qui m’ont fait acheter une Xbox One, et je me rend compte que mon attrait pour le retro augmente avec les années ahah Frustré de ne jamais l’avoir eu à l’époque, je garde dans un coin de ma tête l’idée qu’un jour je me prendrais une Dreamcast.. (une vraie hein, pas une « mini » x))

Kasprod

28 jan 2020 @ 07:04

Rien ne vaut le combo Rpi + recalbox :-))