Lorsque l’on s’appelle Bungie et que l’on est le père fondateur d’une saga comme Halo, qui compte l’un des plus grands nombres de fans sur une franchise chez Microsoft, pas évident de créer un nouveau FPS de science-fiction. Surtout réussir à avoir autant d’intensité, avec une vraie histoire et un background conséquent. C’est pourtant ce que le studio tente en multi-plateformes, accompagné d’Activision comme éditeur, avec sa nouvelle IP : Destiny. Celui-ci a été annoncé comme un jeu magnifique avec un nouveau monde à découvrir, ainsi qu’un solo directement intégré dans le monde multijoueurs et co-op, nécessitant une connexion permanente. A voir maintenant si ce choix et les mécaniques du jeu sont un pari gagnant.
Le Gardien et son but
Il y a plusieurs années, l’arrivée du Voyageur a permis à l’homme de coloniser des planètes du système solaire, telles que Vénus et la Lune. C’était le temps de l’âge d’or. Cependant, le Voyageur a été suivi par son ancien ennemi, “les Ténèbres”, qui l’ont attaqué. C’est à ce moment qu’il s’est mis en sommeil, au-dessus de la zone du Cosmodrome situé dans l’ancienne Russie, l’endroit où a été construite la Tour, citadelle abritant les Gardiens. L’histoire débute après avoir créé notre personnage et avoir choisi le Gardien que l’on souhaite incarner parmi 3 races et 3 classes. On est réanimé après une longue mort, tel un coma, qui a affaibli nos forces. C’est un Spectre, représenté par une sorte de petit artefact muni d’une intelligence artificielle, qui nous réveille et qui va être notre guide dans ce vaste univers. Notre but est d’éliminer les ennemis et d’en apprendre plus sur le Voyageur.
L’ancienne Russie est devenue le secteur des Déchus et notre premier objectif va être de leur échapper, en se défendant avec la première arme trouvée. C’est par ce début que l’on apprend les mécanismes du jeu, qui s’avèrent des plus faciles et connus. Les informations nécessaires s’affichant à l’écran à la simple pression de la touche View (l’endroit où l’on est et l’objectif). Qui plus est, un radar en haut à gauche de l’écran indique les ennemis aux alentours, ainsi que la direction à suivre.
Chaque ennemi possède une barre de vie affichée au-dessus de sa tête comme dans un bon vieux Diablo, tandis que la nôtre se situe en haut au milieu de l’écran. A la manière de Master Chief dans Halo, c’est en se mettant à couvert que l’on recouvre notre énergie. La barre en bas de l’écran indique notre niveau d’expérience (XP) et ce qu’il manque pour arriver au suivant. A ce moment, on débloque des compétences parmi celles disponibles dans le menu, comme par exemple, chez les Arcaniens la grenade vortex qui inflige des dégâts continus aux ennemis pris à l’intérieur, ou encore le double saut. Les compétences sont nombreuses et influent sur l’armure, la régénération et l’agilité de notre personnage. Les informations à l’écran sont complètes et bien lisibles. De plus, des coffres sont dispersés de par les mondes, on y trouve armes, pouvoirs et minerais, que l’on peut ensuite sélectionner via le menu.
Hostile la nature
Les Gardiens sont divisés en 3 catégories avec chacun leurs spécificités. Les Arcanistes, après avoir longuement étudié le Voyageur, maîtrisent une part de ses énergies occulte. Les Titans sont aussi impitoyables que leurs ennemis, très forts, et ce sont ceux qui ont construit le Mur qui protège la citadelle. Les Chasseurs, souvent d’anciens hors-la-loi sont audacieux et ingénieux. Chacune de ces catégories contient 3 races. Les Exos, des machines infatigables qui possèdent une conscience, les Humains et les Awokens qui sont des humains qui ont changé dans des circonstances inconnues ; ils ont la peau plus claire et parsemée de décorations. A chacun de choisir la race, pour le côté esthétique, et la catégorie de Gardien de laquelle on se sent le plus proche.
Bien évidemment, nos adversaires sont nombreux. Sur Terre et dans le système solaire il y a les Déchus. Sur Mars ce sont les Cabals, les Vexs sont sur Vénus et enfin, les Hives ont pris possession de la Lune. Le niveau de difficulté des ennemis rencontrés augmente à peu près en même temps que le nôtre. On en croise néanmoins certains dont la force n’est pas identifiée et qu’il peut être impossible à battre tant que l’on a pas atteint un certain niveau et que l’on possède les armes adéquates. On apprécie la multitude d’adversaires et le détail qui a été apporté à chacun d’eux, tant pour les personnages que pour leurs armes. Par contre, dommage d’avoir fait quasi tous les combats contre les boss dans des sortes d’arènes. Ça manque de diversité. On regrettera également, que même si les ennemis sont nombreux sur la carte, ce sont généralement les mêmes que l’on croise un peu partout.
D’ailleurs, en se rendant à la Tour où vivent les gardiens, on peut avoir de nouvelles armes et améliorations pour celles-ci, ou pour son armure, ainsi que des missions sous forme de contrats. C’est ici que l’on passera de longs moments à chercher ce qui convient le mieux à notre personnage. On passera voir le Cryptarque pour lui montrer ce que l’on a trouvé et afin qu’il nous le transforme en amélioration d’armure, ou d’arme. Ou alors on pourra aller échanger les matériaux récupérés sur les planètes par des munitions, protections pour notre armure, ou de nouveaux emblèmes.
Tout en un
Bien que Destiny ait une histoire solo, pour effectuer cette dernière il faut être connecté au réseau. Le solo est intégré dans le jeu et découpé en missions que l’on fait seul ou en co-op. On croise d’autre joueurs à presque tout moment, sauf durant certaines phases appelées “Période de Ténèbres” qui sont jouées selon le choix effectué, à savoir seul ou en co-op, et qui doivent être terminées sans mourir, sous peine de recommencer une partie de la mission. Un point appréciable est la possibilité d’augmenter la difficulté d’une mission. Les différents modes réservés aux affrontement contre des joueurs, le player vs player (PvP), comme on l’entend dans un multi classique, sont débloqués comme tout le reste, au fur et à mesure assez rapidement, dans des arènes situées aux 4 coins du système solaire, ou encore à “L’Epreuve”, lieu qui se situe en orbite près de la Terre.
Soyons clairs, si notre box internet est en panne pour quelque raison que ce soit, ou que les serveurs plantent, on peut ranger la galette et aller faire autre chose. Un parti pris que l’on peut trouver étonnant, car bien que le jeu soit un MMO, on retire au joueur l’accès au solo et la possibilité de continuer à évoluer, voire terminer ses missions dans le système solaire. De ce fait, on peut avoir du mal avec le concept du “pas de réseau, pas de solo”. Tout comme on peut regretter le peu de missions principales présentes sur les planètes.
Il y a par contre un point qu’il est important de souligner : seules les phases de multijoueurs nécessitent d’avoir un abonnement Xbox Live Gold. Pour le solo et co-op, la connexion suffit.
Les temps de chargement sont parfois un peu longs. Peut être est-ce dû à la lenteur du réseau interne du joueur, ou au temps de réponse des serveurs un peu saturés en ce début de lancement de la franchise. Pour ce qui est du PvP, on retrouve ici tout ce qui est connu dans le genre des Matchmakings. Le Carnage, qui est un mode avec des matchs à mort à seulement 6 joueurs, la Domination, simple capture de zone à 6 contre 6, le Choc avec 6 joueurs en équipe contre 6 autres, et enfin, l’Escarmouche, idem que le Choc, mais à 3 contre 3. Le tout sur des maps plutôt petites, comme Activision les aime. Du coup, on accroche ou pas, mais toujours est-il qu’il n’y a rien de transcendant dans le multi et le facteur nouveauté est absent. Qui plus est, certains modes permettent d’augmenter son XP rapidement et prennent en compte les améliorations d’armes. De ce fait, les novices sur le multi risquent d’être vite découragés. L’absence de nivelage représente aussi un problème lorsque l’on est face à des adversaires ayant déjà atteint des niveaux supérieurs avec des armes bien plus puissantes.
Seul le co-op vient réellement donner du plaisir aux joueurs. Arpenter les couloirs de la Lune pour dessouder du Hive et des Déchus sans se faire descendre et en protégeant son ou ses équipiers, donne de réels moments d’amusement. Évidemment, il faut éviter de mourir en se jetant une grenade en pleine poire, par exemple, lorsque son équipier vient de bêtement sauter dans un trou pour se protéger et qu’il en est mort. Sinon, il faudra recommencer la mission au checkpoint. Comme beaucoup de jeux construits pour du multi, Destiny est très sympa avec une bande de potes, beaucoup moins seul. Le solo et le co-op ne sont en fait qu’une succession de missions avec des quêtes annexes, souvent répétitives et courtes, sur 4 planètes différentes, et n’est que peu palpitant, contrairement à celui d’un Halo.
Ça claque la rétine et ravit les oreilles
Heureusement, les décors sont somptueux, chaque planète possède une atmosphère bien à elle, un environnement spécifique. Le tout est vraiment très beau, c’est un plaisir de prendre son temps pour regarder ce qu’il y a tout autour de nous et les détails qui ont été apportés, même si de temps à autre on peut trouver les lieux un peu vides. Dans ces cas-là, il est généralement possible de prendre notre Passereau, clone de la motojet de Star Wars, pour se déplacer plus rapidement. Sur ces territoires, les ennemis se cachent, le plus souvent dans des grottes et des sous-sols. Ces lieux fourmillent souvent de détails, on sent bien le soin apporté à l’ensemble. Mais quel dommage qu’il n’y ait pas de réelle interaction. Il est impossible de briser un écran, l’impact de nos tirs disparaît au bout de 5 secondes et jeter une grenade à côté d’une plante ou même sur un arbre n’aura strictement aucun effet sur ce dernier.
Par contre, le recul est très bien reproduit au niveau des armes . A titre d’exemple, le fusil à pompes se relève quasi instantanément après avoir servi. Selon l’arme choisie et la distance à laquelle on se trouve, il y a une réelle différence sur l’effet que cela aura sur l’adversaire. Pour le coup, le côté jeu à la Borderland, qui permet d’améliorer l’arme que l’on utilise, est très bien développé dans le jeu. Qui plus est, Bungie a fait un gros travail en arrière-plan sur leur site, où l’on peut trouver tout un tas d’infos, comme celles qui correspondent aux grimoires que l’on récupère en effectuant certaines actions.
Côté musique, on n’est pas dépaysé puisque ce sont Marty O’Donell et Mike Salvatori, qui ont déjà travaillé conjointement sur les différents Halo, accompagnés cette fois de Paul Mc Cartney, qui ont fait la bande son. Cette dernière est d’excellente facture et donne à certaines scènes une ampleur et une ambiance digne des meilleures productions cinématographiques.