Phil Spencer : sa vision pour Xbox (Game Pass, cloud, PC, studios…)

«Jouer partout, quand on veut» le 14 juin 2019 @ 12:122019-12-25T11:54:34+01:00" - 4 réaction(s)

Nos confrères de GamesIndustry.biz ont récemment eu l’occasion de discuter avec Phil Spencer, et à cette occasion, d’aborder tous les principaux thèmes d’actualité chez Xbox. Nous vous faisons ici profiter des points les plus intéressants de cet échange.

Développement de jeux first-party

Phil Spencer admet que l’investissement dans les studios appartenant à Xbox Game Studios est loin d’être terminé. Citant l’exemple de Netflix, qui a investi plus de 12 milliards de dollars dans le nouveau contenu l’année dernière, il estime que ces investissements sont justifiés : le chiffre d’affaires de Netflix continue de progresser régulièrement, et ces investissements leur permettent de se placer au mieux là où le marché se dirige. Dans cette même optique, Phil Spencer explique que, chez Microsoft, le côté positif est qu’il peut compter sur le soutien tant de Satya Nadella, CEO, d’Amy Hood, CFO, que celui de l’ensemble du conseil d’administration dans sa stratégie. Peut-être que Microsoft n’investit pas 12 milliards par an dans le développement de jeux, mais l’investissement dans ce domaine ira en augmentant au fur et à mesure que les revenus liés aux abonnements et que le nombre d’abonnés augmentent.

Microsoft ne compte pas acheter 7 studios tous les ans, mais ils comptent continuer à analyser le marché à la recherche de studios capables d’apporter quelque chose de nouveau, de différent au Game Pass. C’est la raison pour laquelle Phil Spencer a aimé pouvoir faire l’acquisition de Double Fine, parce qu’ils développent des jeux qui sont différents de ce que font les autres studios.

Racheter un studio de développement japonais ?

Dans cette perspective, Phil Spencer indique qu’il aimerait ajouter un studio asiatique, et plus particulièrement japonais, à la famille Xbox Game Studios. Il rappelle que Xbox dispose d’un petit studio au Japon, mais sait que Xbox peut faire mieux sur place. Il cite notamment l’arrivée de Phantasy Star Online 2 sur Xbox One et la présentation d’Elden Ring comme des exemples de la créativité des studios japonais, qui sont de plus en plus présents.

Car clairement, pour poursuivre la croissance de son service Xbox Game Pass, la marque a besoin de contenu. Or les grands éditeurs tiers soit développent leurs propres services d’abonnement, comme EA et Ubisoft, soit renient complètement le modèle commercial, à l’image de Take Two dont le CEO Strauss Zelnick a, le mois dernier, indiqué que ces abonnements sont une piètre affaire pour les éditeurs.

Phil Spencer, quant à lui, nie cette accusation. Il indique que, bien au contraire, sur les jeux first-party, Microsoft a noté des ventes plus élevées qu’attendues. Les joueurs ayant pu découvrir les jeux au travers du Xbox Game Pass auront tendance à acheter le jeu plus facilement que s’ils avaient suivi une campagne marketing traditionnelle. Il cite comme exemple State of Decay 2, qui a bénéficié d’une bien plus grande visibilité grâce à sa présence dans le Xbox Game Pass dès le premier jour, avec très rapidement des millions de joueurs. Autre indication forte de l’intérêt du service pour les développeurs, ce sont les 34 jeux qui entreront dans le Xbox Game Pass dès leur sortie, tels que présentés lors de la conférence Xbox E3 2019.

Mais avant tout, c’est l’intérêt des joueurs qui est là. Avec le lancement du Xbox Game Pass sur PC et de l’abonnement tout en un Xbox Game Pass Ultimate, la demande est telle qu’elle a provoqué de gros ralentissements sur les serveurs de la boutique Xbox.

Et les millions d’abonnés sont un excellent argument pour obtenir de nouveaux jeux. Phil Spencer indique ainsi que certains jeux peuvent ne bénéficier que de très peu de marketing, comme par exemple Outer Wilds dont seule sa présence dans le Xbox Game Pass poussera nombre de joueurs à l’essayer, et une grande quantité de joueurs préférant posséder leurs jeux à l’acheter. Et c’est dans la possibilité de choisir comment jouer et acheter ses jeux que Phil Spencer voit la force de Microsoft. Preuve en est sur PC, où ils vont encore plus loin dans le choix, permettant d’acheter les jeux Xbox Game Studios sur Steam en plus de la boutique Microsoft.

Montrer aux joueurs PC qu’ils comptent

Phil Spencer cite les joueurs PC à plusieurs reprises, mais en dehors de portages de jeux Xbox et Age of Empires, la liste est plutôt vide, bien que le retour de la licence Flight Simulator et son magnifique trailer présenté lors de la conférence Xbox E3 2019 soit un signe fort envers la communauté PC.

Phil Spencer indique ainsi que le prochain pas sera de montrer aux joueurs PC à quel point la division Xbox est engagée vis-à-vis de leur expérience de jeu, à commencer par le Xbox Game Pass pour PC. Il rappelle qu’initialement, au lancement du service sur console, les joueurs étaient sceptiques par rapport à la liste de jeux proposés. Les commentaires les plus courants étaient que les jeux proposés étaient plutôt anciens, ou faisaient état d’hésitations quant à prendre un abonnement pour simplement jouer. Entretemps, le nombre d’abonnés a progressé, les jeux first-party sont entrés au catalogue dès leur sortie, et avec de plus en plus de studios tiers lançant leurs jeux directement sur le service, Phil Spencer estime que le Xbox Game Pass est devenu une force positive pour le jeu vidéo.

Il s’attend donc à suivre un cheminement similaire avec Xbox Game Passe pour PC, avec ses spécificités. Le joueur PC qui n’a pas de console, qui n’en veut pas, qui ne joue que sur PC, Xbox a conscience des particularismes, d’un potentiel scepticisme, même des interrogations éventuelles quant aux motivations de la société, comme l’idée que cela puisse être une astuce pour pousser de nouveaux joueurs à acheter des consoles. Mais ce n’est pas le cas, et l’objectif de Xbox est simplement de fournir au joueurs PC le service promis.

Démocratiser le jeu vidéo

Avoir une offre tarifaire plus flexible permet aux gens d’acheter en fonction leurs moyens, ce qui est important.

Phil Spencer :

« Vous regardez, et vous vous dites : je souhaite un moyen d’accès au jeu vidéo. Je peux acheter un PC gaming, je peux acheter une console, ou peut-être y a-t-il un abonnement qui me donne accès à une console dans le cloud. De là, je veux avoir un abonnement qui me permette de jouer. Je pense que c’est un moyen de permettre à plus de gens de jouer, en facilitant l’accès aux jeux pour plus de monde. Nous sommes dans ce domaine du jeu, qui est l’une des rares industries qui peuvent encore vendre du contenu pour 60$. Mais nous savons que lorsque vous ouvrez le marché, avoir une offre tarifaire plus flexible permet aux gens d’acheter en fonction leurs moyens, ce qui est important. »

xCloud sera la troisième manière d’accéder au Xbox Game Pass, ouvrant la porte à une immense frange de la population qui n’a pas de PC ou de console.

L’exemple cité par Phil Spencer est le continent africain. 1.2 milliard d’habitants, un âge moyen qui est de 19 ans, et très peu de consoles. Les jeunes sur place connaissent Halo, Gears, Fortnite, mais n’ont pas la possibilité d’y jouer. L’appareil dont ils disposent tous, par contre, c’est un smartphone Android. Ils restent pour l’instant en marge de l’univers du jeu, mais l’exemple de PUBG en Inde, avec près de 100 millions de téléchargements, montre l’intérêt pour le jeu vidéo. Il y a aujourd’hui 2 milliards de joueurs de par le monde, nombre qui a triplé en 20 ans, et Phil Spencer souhaite que les autres 5 milliards s’y mettent aussi.

Néanmoins, Phil Spencer ne voit pas le cloud remplacer les consoles dans l’immédiat. Il rappelle que, de plus en plus, on retrouve des appareils puissants partout, dans les maisons, dans nos poches. Que nos smartphones sont plus puissants qu’une Xbox 360.

La vision de Microsoft pour le cloud est ainsi plus modérée, plus dans une perspective de cloud hybride : nous avons de plus en plus de puissance de calcul sur nous, et le tout se synchronise pour être ensuite, dans certains cas, transmis via le cloud.

Nous voyons le cloud comme une manière d’étendre votre expérience à des appareils sur lesquels vous ne pouvez pas jouer à ces mêmes jeux. Mais nous ne disons pas que c’est le seul choix.

Dans tous les cas, la meilleure expérience de jeu, pour les années à venir, restera le jeu en local, sur la télévision. Le cloud étant simplement une solution supplémentaire quant à la manière et à l’endroit où l’on souhaite jouer.

Le choix avant tout !

Le maître mot chez Microsoft est « choix », comme un mantra. Mais un mantra lié aux critiques du lancement de la Xbox One. Même si aujourd’hui, les choix faits par Microsoft à l’époque semblent précurseurs, et en avance sur leur temps, cela s’est fait avec le temps, l’erreur de Microsoft ayant été de vouloir forcer le changement à l’époque.

Mais pour l’heure, comme le dit Phil Spencer :

« Quand nous parlons de xCloud, nous ne sommes pas en train de vous dire « votre console, c’est pas bien, vous devriez faire du streaming », ou « arrêtez de jouer sur votre PC ». Vous voulez acheter un jeu, télécharger un jeu, et y jouer sur votre PC ou Xbox, nous vous donnons un tas d’options pour le faire. Nous voyons le cloud comme une manière d’étendre votre expérience à des appareils sur lesquels vous ne pouvez pas jouer à ces mêmes jeux. Mais nous ne disons pas que c’est le seul choix. Le problème d’être en avance, c’est si j’essaye de vous dire ce que vous devriez faire. À ce moment-là, je ne suis pas une plateforme à votre écoute. »

La concurrence

Au contraire de xCloud, le Xbox Game Pass est un modèle commercial qui commence à faire ses preuves. Le service a rapidement été accepté et génère aujourd’hui d’importants revenus, même s’il est difficile de juger l’impact sur les studios de développement.

Regardez les entreprises qui sont là, ces entreprises qui valent presque 1000 milliards en bourse… Certaines des plus grandes entreprises de la planète sont à l’E3.

Mais ce type d’offre, en conjugaison avec les services de streaming, avec 2 milliards de joueurs sur la planète, commence à attirer de possibles gros compétiteurs. Et même en l’absence de Sony à l’E3, d’autres géants sont là.

Mais Phil Spencer n’a pas peur :

« Je n’ai pas peur de grand-chose, en réalité. C’est peut-être l’un de mes défauts. Je pense que c’est un E3 intéressant cette année. Phil Harrison a fait sa présentation jeudi avec Google Stadia. Amazon est là avec Twitch. Je peux voir du violet partout. Je sais que Netflix aussi fait un truc. Je suis suffisamment vieux pour me rappeler de l’E3 quand c’était THQ et Sega, et nous, Xbox, on était les petits nouveaux qui débarquaient. Mais maintenant, vous regardez les entreprises qui sont là, ces entreprises qui valent presque 1000 milliards en bourse (ndlr : c’est également le cas de Microsoft)… Certaines des plus grandes entreprises de la planète sont à l’E3.

Ce qui me fait y croire, c’est que nous faisons partie de cette industrie depuis des décennies. Nous avons de grands partenariats avec des créateurs et les autres plateformes. Je suis un grand distributeur sur Sony et Nintendo. Le fait que nous fassions partie de l’industrie du jeu vidéo depuis de longues années nous aide, lorsque nous regardons vers l’avenir. Mais, clairement, alors que d’autres grosses compagnies viennent et investissent, c’est une époque très fun pour être dans cette industrie, en ce moment. Mais je ne dirais pas que j’ai peur. »

En conclusion, Phil Spencer semble bien confiant, déterminé à poursuivre sa stratégie d’offrir toujours plus de choix, à asseoir la position de Xbox sur un marché accueillant de nouveaux concurrents, notamment grâce au soutien de tous les corps de Microsoft. Qu’il paraît loin le temps où certains annonçaient la mort de la Xbox...

Aller plus loin : Xbox Series X - Scarlett : l’analyse des spec par Digital Foundry

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4 reactions

Rone

14 jui 2019 @ 18:03

Ce que dis Spencer, c’est un aspect, certes peu spectaculaire, mais qui m’a semblé important lors de cet E3. En gros, il dit la même chose depuis son arrivé. Et année après année, on peut voir que, oui, il se passe ce qu’il annonce.

Cela donne une cohérence à la stratégie de Xbox qui se clarifie toujours un peu plus. Ils savent où ils vont, et ce qu’ils ont à faire pour ça. En terme de biz, se permettre de bâtir sur des certitudes est un atout qui me semble très important, y compris pour les joueurs. Il y a quelque chose de rassurant de voir que ce qui se dit se concrétise : cela donne confiance.

Ainsi, l’année prochaine, quand les nouvelles machines vont être présentées, il ne sera pas nécessaire à MS de passer des mois à expliquer l’utilité de chaque canal de jeu. On va pouvoir rester focaliser sur ce qui devrait être toujours la priorité : le jeu.

Le choix, cette année, de profiter du terrain dégagé pour exposer son jeu et mettre en place ses pions, bien que, encore une fois, peu spectaculaire, me semble de plus en plus être un excellent moove.

Grolo

15 jui 2019 @ 10:53

SUPERBE ARTICLE rien a dire bon il y’a des fautes a revoir attention a la rédaction

mise a part ca Phil Spencer reste un bon visionaire

Koubiwan

15 jui 2019 @ 12:44

Merci pour l’article.

Je reste quand mm en attente de voir plus de jeux PC débarquer sur Xbox. Et ne pas voir mentionné ça dans sa stratégie me déçoit un peu.

On a quand mm la sensation que les joueurs Xbox sont (un peu) laissés pour compte...

cyberik

27 jui 2019 @ 12:05

Très bon article, je le conçois. Très bien structuré et très lisible et compréhensible !..

Moi, par contre, je me place en porte-à-faux sur la variété des sujets abordés : Cela ne m’enchante pas de voir nos jeux Xbox (First Party) débouler sur le PC, systématiquement. En fait, pour être vraiment clair à ce sujet, cela m’horripile !!!.. On nous dépouille, nous, joueurs consoles, de toute notre identité. De plus, ce n’est pas en opérant ainsi que Phil Spencer va faire changer les mentalités des PCistes, qui ont acheté une PS4 en guise de consoles (Pourquoi acheter une Xbox One, vu que tous nos jeux déboulent sur le PC ?)... Alors, à mes yeux, c’est une stratégie qui prend l’eau. Quant à un cross-play entre Xbox/PC, il faut qu’il se fasse une raison : On ne veut pas jouer avec eux, et ils ne veulent pas jouer avec nous ! Il serait temps qu’il en prenne conscience.

Le Game Pass, lui, est une bonne idée, surtout pour le joueur qui voudrait essayer avant d’acheter. De plus, il est vrai qu’il y a des jeux auquel on joue, mais qu’on irait pas acheter pour autant. Donc le Game Pass permet de pallier la chose.

Maintenant, le X-Cloud, j’essaie d’y trouver une bonne raison d’être, mais j’avoue que je n’y arrive pas !.. Le X-cloud est une menace directe pour une console Xbox, puisque tous les jeux Xbox pourront être streamés sur tablettes et/ou Smartphones. Que Phil Spencer refuse de considérer la chose en la niant, il n’en reste pas moins qu’elle reste une menace pour nos consoles !.. Alors peut-être pas à court ou moyen terme, mais à longue échéance, si ! C’est indéniable.

Le PC a été bien trop présent lors de la dernière conférence Xbox, si on veut mon avis. Et la politique de MICROSOSFT semble indiquer qu’il le sera ENCORE plus dans les années à venir. Bref, on a l’impression que pour MS, la console, c’est fini, et ils reviennent à leur ancien amour : le PC. Moi, pour ma part, j’ai été très déçu. Maintenant, à voir ce que tout cela signifiera sur le long terme, pour Xbox. Mais franchement, je le sens mal !