La présentation de Cyberpunk 2077 a pour le moins suscité un engouement très fort chez les joueurs. Mais une question lancinante demeure : les salariés de CD Projekt Red vont-ils devoir faire d’énormes sacrifices personnels pour le réaliser ?
Le management affirme être à l’écoute de son équipe
Le studio de développement polonais est en effet réputé pour son usage intensif du « crunch », pratique très souvent observée dans le milieu de la production de jeu vidéo demandant à ses employés de travailler des nuits et des week-ends entiers durant des semaines voire des mois.
Il semblerait cependant que cela ne soit plus le cas, et que l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle fasse l’objet d’une attention particulière de la part de l’équipe de management. C’est du moins ce qui ressort d’un long entretien de Marcin Iwiński, cofondateur de la société, accordé au site Kotaku
Marcin Iwiński souhaite que désormais l’entreprise soit aussi bien réputée pour la qualité de ses réalisations (souvenons-nous de la série des The Witcher) que de sa façon de traiter les membres de son équipe. « C’est ce vers quoi nous travaillons actuellement. Et je voudrais que nous soyons reconnus pour le respect avec lequel nous traitons nos développeurs » selon Iwiński. Une « politique de non-obligation du crunch » a été instaurée au sein de l’entreprise et Iwiński tient à ce que les développeurs de Cyperpunk 2077 sachent que, même si à l’avenir le studio venait à leur demander de travailler la nuit ou bien les week-ends, cela n’aurait rien « d’obligatoire ».
Il indique qu’en cas de surcharge de travail liée à des moments importants, comme lors de la préparation de la démo de Cyperpunk 2077 pour l’E3, les personnes qui ressentiraient le besoin de faire une pause, de prendre un peu de temps pour se reposer, pourront le faire « sans que cela soit mal vu par quiconque ».
Nous savons tous que dans le monde du travail une demande émanant d’une autorité hiérarchique n’a pas besoin de se voir affubler du terme « obligatoire » pour être perçue comme telle par un salarié. Iwiński ne promet pas la fin du crunch mais s’engage à ce que les employés de CD Projekt Red puissent librement se tourner vers le management pour leur demander de pouvoir lever le pied. « C’est l’engagement que nous sommes prêts à prendre aujourd’hui et nous écouterons les gens », a-t-il déclaré. Mais ces propos ne seraient-ils pas la partie émergée de l’iceberg ? Car si l’on prête attention à l’autre son de cloche, il semblerait que l’ambiance et les conditions de travail au sein du studio ne soient pas le reflet des belles intentions de sa direction.
Une équipe déjà sous pression ?
De nombreux témoignages d’employés du secteur du jeu-vidéo font régulièrement état de conditions de travail particulièrement stressantes et contraignantes, comme chez Rockstar où la pratique du crunch était très souvent de mise ou bien encore chez CD Projekt Red eux-mêmes à l’époque de The Witcher 3.
Kotaku s’était déjà fait l’écho de ces mauvaises pratiques par le passé, et encore récemment avec des informations mettant en cause Bioware et la gestion managériale de la surcharge de travail des équipes dédiées au développement d’Anthem. C’est à la suite de la parution de cet article que quatre anciens employés de CD Projekt Red ont contacté par mail le site et affirment avoir été témoins de problèmes similaires à Varsovie. L’un d’eux allant jusqu’à affirmer y voir des similitudes flagrantes avec les problèmes managériaux rencontrés sur le développement d’Anthem. « Parfois, je me disais qu’il me suffisait de remplacer simplement le nom du studio et le titre du jeu, et cela aurait pu tellement se ressembler, être presque identique » a déclaré cet ancien salarié de CD Projekt Red.
Viennent s’ajouter à cela des rumeurs qui font état de problèmes financiers importants pour le studio polonais, principalement dus aux performances décevantes du récent Thronebreaker, très vite démenties par le duo Iwiński et Badowski. D’autres éléments tendent à faire craindre un développement pour le moins compliqué de Cyberpunk 2077. Par exemple, et toujours selon des propos rapportés à Kotaku par des employés du studio eux-mêmes, l’entreprise a demandé cette année au personnel de travailler pendant les vacances polonaises et imposé des périodes obligatoires pour les congés. La quantité de travail étant trop importante pour permettre aux salariés de prendre leurs congés comme bon leur semble. La prochaine période se situera cet été, juste après l’E3, et la suivante en hiver.
En résumé, et en dépit d’une volonté de façade de la part du management du studio polonais de renvoyer l’image d’une société à l’écoute de ses employés, il semblerait que la vérité soit bien différente et que l’ambiance de travail ne soit pas forcément au beau fixe. La pratique du crunch semble être toujours de mise, et ce au détriment des équipes de développement. CD Projekt Red assure ne plus vouloir rééditer les erreurs du passé. Espérons que cela soit le cas.