À chaque fois que je tombe sur le test d’une itération annuelle des deux jeux foot antagonistes que sont FIFA et PES, j’essaye de trouver une introduction originale. Comprendre que je veux ici à tout prix éviter le “PES : le retour du roi ?” qui fait généralement référence à des temps depuis longtemps relégués aux oubliettes de notre mémoire collective. Depuis combien d’année PES survit on ne sait trop comment dans l’ombre du friqué FIFA ? Qu’elle est loin l’époque où l’on regardait si le PES que l’on avait entre les mains venait du studio de Tokyo ou d’Osaka de Konami ! Loin aussi cette époque où il était impensable de mettre une galette estampillée FIFA tant PES lui était supérieur sur tous les points, sauf pour les licences bien entendu… Aujourd’hui FIFA a clairement remporté la guerre. Une guerre qui ne se livre plus seulement sur le terrain, au grand dam des amoureux nostalgiques de la licence de Konami et des fans purs et durs de football. Car pour celle-là, PES 2018 a encore de quoi faire une résistance acharnée…
Pas seulement un problème de licences
Autant commencer par les crampons de plombs de ce PES 2018 pour au moins finir sur une bonne impression. C’est important. PES à l’époque obligeait les joueurs à se taper une grande session de réécriture des noms des joueurs avec le guide de la saison de France Football ouvert sur les genoux. C’était long et fastidieux. Aujourd’hui on rencontre encore les mêmes soucis de licence avec ces équipes fantoches aux noms de joueurs exotiques et sur XBOX ONE on ne peut même pas compter sur un éventuel patch communautaire pour nous éviter la longue purge de la mise à jour manuelle. Bref, encore une fois, sortons nos mouchoirs et pleurons ensemble sur les regrettés Bayern de Munich, Juventus, Arsenal, Chelsea et tous les autres. Cette minute de silence et de tristesse extrême n’est en rien atténuée par l’ajout d’équipes et de championnats sud-américains qui, admettons-le, n’intéresse qu’un tout petit pourcentage des joueurs européens. Le vieux continent se demande encore à quoi bon avoir la licence officielle de la Ligue des Champions pour ne même pas pouvoir bénéficier de toutes les équipes qui y participent…
L’autre souci vient du manque de vie des modes de jeu proposés. On reste sur les mêmes mécaniques que sur PES 2017 tant soit sur le mode Ligue des Masters que sur le Vers une Légende. On enchaine les matchs au cours d’une saison à peine égayée par quelques cinématiques “d’ambiance” qui se répètent ad nauseam. L’absence du côté festif, “vivant” et le mode histoire du concurrent FIFA se font cruellement sentir surtout que PES souffre toujours de l’ergonomie de ses menus et de leur mocheté qui semble être devenue une marque de fabrique comme sur le terrain, où l’on subit toujours les commentaires affligeants et rébarbatifs du duo Grégoire Margotton et Darren Tullet. Côté technique, le Fox Engine montre encore qu’il en a sous la semelle avec une animation toujours aussi plaisante et une modélisation des stars impressionnante. Le petit bémol vient encore de la gestion de la lumière ; suivant les conditions météos et le terrain, le jeu semble plombé par une saturation extrême des couleurs et un léger effet “brouillé” autour des joueurs. Le réalisme en prend un coup et ce défaut ne peut même pas être atténué par un réglage affiné des options.
En course pour le Ballon d’or
C’est manette en main et balle au pied que PES arrive à nous faire oublier tout ses défauts, il arrive même à les balayer d’un revers de main pour nous montrer que dans le jeu il n’a rien à envier à son pire ennemi. Comme d’habitude l’action est posée et privilégie la construction méthodique au rentre dedans instinctif. Dès que l’on arrive à jouer sur le positionnement offensif et défensif de notre bloc, les passes s’enchaînent, les appels incisifs débordent sur les ailes, les centres pleuvent sur la défense adverse. Ces derniers s’avèrent être l’arme ultime pour débloquer une situation critique même à haut niveau. Si l’on n’est pas un adepte du manuel complet, les centres sont d’une précision impressionnante et arrivent très souvent à prendre en défaut la défense et surtout le gardien qui semble être, en jeu direct, toujours un mur difficile à passer. Car, oui, il est encore rageant de voir cet homme araignée sortir d’un poing ferme une reprise à bout portant, claquer un ballon qui allait directement dans la lucarne ou plonger pour récupérer cette frappe vicieuse décroisée que l’on glissait à ras du poteau. On a parfois l’impression d’avoir à faire à une armée de clones de Neuer sachant que la plupart du temps on aura toujours un talon, un dos, une cuisse, un cul de défenseur pour détourner sa frappe si l’on a oublié de faire le ménage avant. Ballon au pied il est très difficile de se défaire d’un défenseur à la course, souvenez-vous en.
Le plaisir est au rendez-vous, c’est indéniable, ce PES 2018 est une grande cuvée. Les actions sont instinctives, construites à l’extrême et l’on déguste parfois de superbes enchaînements parfaitement fluides même si la balle ne finit pas au fond des filets. On ne peut pas en dire autant de l’IA qui semble privilégier un peu trop souvent la balle en profondeur piquée et ce quelle que soit sa formation ou son niveau de jeu. Un systématisme qui nuit un peu à l’immersion. Sur les coups de pieds arrêtés PES 2018 abandonne le curseur fou de la version 2017 en revenant sur ses bases à savoir l’angle de tir simple et la puissance mais on préfère toutefois sélectionner un joueur dans la surface pour croiser sa course et glisser une tête sous la transversale.
Le mode MyClub est lui toujours là et risque de s’imposer comme le mode de jeu le plus joué. L’équivalent du FUT de FIFA n’a pas beaucoup évolué et revient avec ses armes désormais connues et son côté hasardeux parfois rageant : comme par hasard, tomber encore sur un ailier gauche en or alors qu’on en avait trois qui attendaient déjà sur le banc de touche. La grosse nouveauté de PES 2018 côté mode de jeu en ligne vient surtout de l’apparition du mode coopératif en 3 contre 3 que cela soit contre l’IA ou contre trois autres joueurs. Cette option pouvant être réalisée à la volée est du pain béni pour passer des soirées entre copains ou faire des matchs sans prise de tête. On peut même rejoindre une partie avec de parfaits inconnus. Durant ces matchs notre jeu est analysé à l’extrême, chaque belle passe, chaque beau tacle tout comme chaque erreur vont faire varier votre score, lors du coup de sifflet final, l’étendue des stats est affichée pour louer le meilleur joueur du match et clouer au pilori le vilain petit canard du groupe. Ce coopératif en 3 contre 3 a tout pour s‘imposer durablement lors de nos soirées… du moins sur le papier. Il faut croire qu’il n’a pas encore été totalement apprivoisé par les joueurs car il m’a été impossible de trouver la moindre salle de coopération en ligne et les seuls matchs auxquels j’ai participé l’ont été en un contre un avec quatre IA. Espérons qu’avec le temps ce mode puisse s’imposer à la hauteur de son potentiel.