Annonce surprise d’Ubisoft lors de l’E3 2015, For Honor a su marquer les esprits en proposant un concept aux antipodes de ce que l’éditeur français a l’habitude de nous offrir. Sortir un jeu de combats médiévaux en 2017 a tout d’un gros pari et d’une sacrée prise de risque à l’heure où la tendance est aux shooters multijoueur en monde ouvert. Mais For Honor ne résulte pas moins d’une suite logique à la nouvelle tendance d’Ubisoft à ne plus se reposer sur ses acquis, et à injecter un peu de sang neuf dans son catalogue déjà bien fourni.
Clash of clans
- Apollyon, cette grande malade de la guerre, fera tout pour monter les peuples les uns contre les autres
Imaginez deux secondes : un monde où chevaliers, vikings et samouraïs vivent côte à côte et se bourrent gentiment le pif pour les beaux yeux d’Apollyon, une maniaque de guerre ne rêvant que de destruction. Si vous avez une image en tête, vous avez sûrement compris le pitch de base de For Honor. Pas question de réviser ses cours d’Histoire ici, le jeu propose une vision revisitée de ces trois peuples et de leurs coutumes guerrières. C’est au travers d’une campagne s’étalant sur trois arcs narratifs (un pour chaque faction) et huit à neuf heures que For Honor nous propose de découvrir la plupart des ficelles de son riche gameplay. Car si le jeu nous propose bien un premier tutoriel au lancement du jeu puis quasiment le même lors de la première mission, ce n’est pas grâce à son scénario que le mode Histoire brille. Non, on enchaîne les missions en attendant de découvrir quels challenges le jeu nous propose et quelle mécanique va-t-il nous inculquer. Néanmoins, cette campagne nous permet de poser les mains sur les différentes classes qui nous sont proposées.
La maîtrise de chaque aspect du jeu est bien la clé de voûte du gameplay de For Honor. Une victoire en matchmaking se décidera bien souvent dans la propension des uns et des autres à maîtriser sa classe et à adapter son style de combat en fonction de son adversaire. Au premier abord, le système de combat se compose, en attaque, du type de coups que l’on veut donner, coup rapide ou coup puissant, ainsi que de sa direction (gauche, droite et haut). En défense, on retrouve le même système de direction avec la garde, suivi d’un système de contre et d’esquive. Ajoutez à tout ça, des coups spéciaux, des combos, des projections, ainsi que des objets et autres pouvoirs spéciaux et vous comprendrez que la campagne, aussi minimaliste soit-elle, n’est pas de trop pour apprendre le tout. Heureusement d’ailleurs que cette dernière reste relativement agréable à parcourir, sans quoi ces allures de tutoriel géant auraient été du plus mauvais effet.
Le jeu étant plutôt réussi techniquement parlant, parcourir les différents environnements s’offrant à nous reste très agréable. Des châteaux des chevaliers aux marais japonais, en passant par les villages de montagne vikings, il y en a pour tous les goûts et c’est une formidable sensation d’authenticité qui se dégage de cette campagne. Que ce soit artistiquement ou techniquement, ce For Honor est extrêmement solide et le mode Histoire, plutôt propice à la flânerie et l’exploration, se prête à merveille à l’admiration des conflits et des paysages. Les chasseurs et complétionnistes, de leur côté, ne sont pas laissés pour compte puisque les développeurs ont intégré à cette campagne différents objets à récolter, des éléments d’histoire à écouter, ainsi que plusieurs niveaux de difficulté pour récolter encore plus d’expérience.
Dishonor
Quoi qu’on pense de cette campagne - tutoriel géant, histoire au rabais ou bonne mise en bouche - le coeur du jeu reste le multijoueur. C’est sur le champ de bataille que l’on distingue les vrais guerriers des simples bagarreurs. Seul problème, faire un match en ligne est tout sauf une promenade de santé. En effet, avant même de pouvoir se mesurer aux autres, il faut déjà affronter les services en ligne du titre qui se trouvent être pour le moins… instables. Perte de connexion ou synchronisation hasardeuse (n’annonçant de toute façon rien de bon), il m’a été difficile de pouvoir finir mes parties en ligne. Que ce soit à la toute fin du match, au début, pendant le matchmaking ou n’importe quand, la déconnexion n’est jamais très loin. J’en suis venu à penser que tout cela devait forcément venir de ma connexion personnelle mais ça c’était avant... Avant de voir des joueurs se volatiliser en plein duel et constater que ma partie de Dominion (j’y reviendrai plus tard) était passée de huit joueurs sur le champs de bataille à deux en l’espace d’un instant.
Fort heureusement, les autres modes de jeux impliquant moins de joueurs sont bien plus stables. Ces derniers se trouvent être des déclinaisons de match à mort à 1 contre 1, 2 contre 2 ou 4 contre 4. Ici, c’est la technique pure qui parle. Pas question de stratégie : le plus fort l’emporte. Tout ça, bien entendu, si les autres joueurs jouent réglo et ne s’acharnent pas à plusieurs sur le même larron. Force est de constater que dans ces modes plutôt exigeants, la communauté est bonne et les joueurs ayant terminé leurs duels attendent, la plupart du temps, patiemment que leurs coéquipiers aient fini les leurs avant d’affronter un nouvel adversaire. En dehors de ça, tous les coups sont permis, faire tomber un ennemi d’un pont, le pousser dans les flammes, sur des pics, jouer la carte du coup étourdissant ou encore abuser des feintes. Il existe mille et une façons de remporter un combat et on se rend bien vite compte que, si For Honor est un jeu très technique, la dimension mental n’a pas été sacrifiée sur l’autel de l’action immédiate et du grand spectacle.
Le mélange des genres
C’est sur ce point que For Honor se rapproche le plus d’un jeu de versus fighting. En dehors de ces coups et combos, il faut à la fois gérer ses déplacements et réussir à appâter l’adversaire dans la zone voulue et le forcer à se livrer pour prendre l’avantage. Si les combats sont bien évidemment au coeur des modes Match à Mort (4vs4) et Rixe (1vs1 et 2vs2), le mode Dominion s’avère, lui, plus accessible. La carte est bien plus grande, il y a une multitude de soldats qui attendent de se faire découper sans rien demander en retour, et surtout trois zones à capturer. Pour faire simple, à chaque zone capturée, kills de soldats ou de joueur adverse, l’équipe obtiendra plus ou moins de points. Lorsqu’une équipe atteint 1000 points, elle met l’autre en “déroute” et il est alors impossible aux joueurs de réapparaître lorsqu’ils ont été tués. L’équipe ayant alors éliminé tous les joueurs adverses remporte la partie. En mode Dominion, contrairement aux autres types de partie, la confusion régnant sur le champ de bataille permet de se défouler en s’acharnant à plusieurs sur un seul et même joueur. Ce n’est pas toujours gage de réussite mais il va sans dire que ça peut vous sauver. Quand on est au bord du précipice, l’honneur n’a finalement plus tant d’importance que ça. Valhalla attendra.
À la fin de chaque partie, la surprise du chef veut que chaque joueur puisse aider sa faction (choisie en début de jeu) à grignoter un peu de terrain sur les autres, un peu à la façon d’un Risk. Divisée en trois, la carte du monde représente la domination de chaque clan et aider sa faction à prendre le dessus sur les autres est un plus non négligeable, surtout lorsqu’on sait que l’équipe ayant le plus de territoires conquis remportera de l’équipement de meilleur qualité à la fin de la saison (une saison dure un mois et demi environ). Le loot a d’ailleurs une importance toute particulière dans For Honor. En dehors de la personnalisation esthétique très poussée de votre personnage, c’est aussi ses attributs et statistiques qui peuvent être modifiés. Augmenter un peu la défense au détriment de la récupération d’endurance par exemple. On n’a rien sans rien et le jeu est terriblement bien équilibré ainsi. Les joueurs les mieux stuffés ne sont donc pas forcément intouchables par les moins bien lotis.
Dans sa construction, For Honor n’est pas sans rappeler un certain Rainbow Six Siege. Particulièrement exigeant, grisant, souffrant de gros problèmes de réseaux au lancement. On ne peut que lui souhaiter le même avenir avec un bon suivi de la part des développeurs et une amélioration de la partie en ligne pour pouvoir jouer sans aucun problème. De son côté, le mode classé, absent au lancement, devrait bientôt voir le jour apportant avec lui une exigence et un niveau toujours plus élevé.