La première saison de The Walking Dead par Telltale a été un choc, et tout le monde se souvient (avec émotion) de Lee, devenu en un instant un personnage emblématique. La petite Clementine, terriblement attachante, a généré bien des réflexes paternalistes chez les joueurs ! Dans la deuxième saison, on a pu accompagner Clementine en train de grandir et de devenir une femme. Bien qu’excellent, ce deuxième épisode n’a pas réussi à retrouver le fantastique équilibre du premier. Cette troisième saison est plus risquée qu’elle ne le parait : il va falloir éviter que la lassitude ne s’installe, tout en continuant à suivre notre héroïne préférée. A Telltale de trouver la bonne formule !
Retour à la case départ
Le jeu s’ouvre sur une scène familiale alors qu’on fait la connaissance avec Javi, le héros de cette saison. Il est arrivé trop tard, son père est mort, et son frère, au tempérament clairement vif, le lui reproche sévèrement. Jusqu’à ce la nièce de Javi leur signale que Papi est réveillé… Cette introduction est un modèle d’efficacité ! Elle pose les bases des rapports entre les personnages, les caractérise en un rien de temps, et en repartant du jour où tout a commencé, le message est clair : c’est un nouveau départ, une nouvelle famille, un nouveau groupe qu’on va suivre. Chaque épisode proposera des flashbacks donnant de l’épaisseur aux protagonistes, dans une structure narrative bien vue, simple mais bien conçue.
On retrouve plus tard Javi, sa belle-sœur, sa nièce et son neveu sur la route, et c’est le véritable début de l’aventure. Ils croisent la route de Clementine, qui a bien grandi et qui est devenue une véritable guerrière avec un lourd vécu depuis qu’on l’a laissée à la fin de la deuxième saison. L’histoire va les mener vers une quête de tranquillité qu’ils auront bien du mal à trouver…
Ne pas avoir fait de Clementine le personnage principal est probablement la meilleure décision prise par Telltale. Cela lui donne un côté mystérieux et attise notre curiosité : que lui est-il arrivé ? Comment est-elle devenue cette gamine badass redoutable ? On aura les réponses, bien entendu. Le nouveau groupe est très réussi, Javi étant attachant et complexe, et on se laisse très facilement embarquer grâce à une écriture fine et un scénario plutôt classique au regard de la série TV, mais qui se tient de bout en bout. Bref, le roller coaster émotionnel est bien là, même s’il use de ressorts qu’on a parfois l’impression d’avoir déjà vus. Les limites narratives sont au final les mêmes que dans la série TV, ce qui en fait d’ailleurs une excellente adaptation ! En effet, il y a de belles baisses de rythmes, avec des enjeux secondaires qui sont, justement, très secondaires au regard de la situation générale ! Au global l’ensemble reste prenant, avec une galerie de personnages bien campés, et quand le générique de fin défile, on reste prêt à attaquer une nouvelle saison.
Défauts récurrents
Quel dommage que Telltale ne corrige pas des défauts qui sont pourtant les mêmes depuis le début ! Le moteur du jeu mériterait d’être dépoussiéré afin d’éviter les saccades sporadiques, mais au global il fait le job en permettant à une très bonne Direction Artistique de s’exprimer. Mais surtout, ce sont les petits bugs qui agacent, témoignages d’un certain manque de finition. Ainsi, lors d’une cinématique j’ai pu voir passer un personnage mort l’épisode précédent, ou bien les sous-titres en français passent ponctuellement en anglais… De même, si on peut régler la taille d’affichage des sous-titres, ce n’est pas le cas pour les choix possibles. Alors, oui, je sais, certains vont dire que je suis un vieux avec la vue qui baisse, mais il n’en demeure pas moins qu’il est regrettable de devoir déchiffrer un choix crucial à faire en un temps réduit. Certes, ce ne sont que des détails, mais qui ont leur importance car cela « sort » du jeu et nuit à une immersion par ailleurs de haut niveau. A côté de ces défauts, la qualité est bien là, en particulier au niveau sonore avec des doublages toujours aussi bons et des musiques discrètes qui renforcent avec grande efficacité l’ambiance du jeu.