Les jeux vidéo Naruto ont abreuvé les différentes générations de consoles tout du long de la publication du manga (qui s’est terminée en novembre 2016). On se souvient de l’excellent Rise of a Ninja, sur Xbox 360, qui nous permettait d’explorer librement le village de Konoha tout en mettant l’emphase sur l’enfance de Naruto, soit la première partie de l’œuvre. Ou encore des Ultimate Ninja Storm, au nombre de quatre épisodes (canoniques), qui suivaient l’adaptation en cours de l’anime. C’est affublé d’un ‘X BORUTO’ (venant allonger le nom du jeu, déjà imposant), témoin d’une volonté de proposer du nouveau contenu, que nous revient notre ninja blond préféré ainsi que sa progéniture. Mais était-ce bien pertinent de ressortir la licence Naruto des cartons ?
Boruto
Reprenant les combats de type ‘Arena Fighters’, si chers aux développeurs de CyberConnect2, c’est désormais la nouvelle génération de ninjas qui est sous les feux des projecteurs. Ayant déjà eu l’occasion de se laisser approcher via l’extension de Naruto Shippuden Ultimate Ninja Storm 4, Boruto nous revient aujourd’hui dans un épisode cross-over, rappelant le spin off Generations sortit en 2012.
Pour les trois du fond qui n’ont pas écouté, Boruto est la suite directe du manga/anime Naruto, mettant en scène le fils du septième Hokage, vivant de folles aventures avec les autres enfants du village. Cette suite n’est cependant plus écrite par Masashi Kishimoto (bien qu’il supervise tout de même l’ensemble) et la réception des fans de la première heure s’en est fait sentir, ce produit dérivé étant quelque peu boudé.
Au vu du titre, on était en droit d’attendre une adaptation de la première partie du manga Boruto, avec le même degré de soin apporté aux précédentes campagnes des Ultimate Ninja Storm qui, rappelons-le, étaient fidèles à l’anime presque plan par plan. Il n’en est malheureusement rien, puisque les deux aventures présentes éludent complètement cette suite pour proposer ce qui s’apparente à un ‘best of’ de la série.
Deux modes de jeu, zéro intérêt
Le premier mode solo nous permet de revivre les moments importants de l’aventure de Naruto, de l’examen Chûnin à la fin de la Quatrième Grande Guerre Shinobi.
Oubliez les cinématiques impressionnantes et les affrontements de boss titanesques, le jeu fait moins bien que du recyclage et propose désormais des images fixes non doublées, sous la forme de slides rappelant une mauvaise présentation PowerPoint. Quant aux combats, pas d’efforts de mise en scène non plus puisqu’il pourrait simplement s’agir d’un duel du mode versus avec des personnages imposés.
C’est d’ailleurs sidérant de voir à quel point peu de soin a été apporté à ce contenu tant il n’y a rien à se mettre sous la dent, surtout quand on le compare aux excellentes campagnes des jeux précédents !
Le tout est composé de huit courts chapitres (d’autant plus si vous perdez patience et que vous passez les ‘cinématiques’) qui oublient même certains passages clés du manga, ponctués de quelques rares affrontements de boss, eux-mêmes pâles copies des réalisations d’avant.
Le deuxième mode de jeu n’est pas beaucoup plus ambitieux, quoiqu’il propose un scénario original créé de toute pièce pour ce STORM CONNECTIONS. Sans trop rentrer dans les détails, on est face à une éventuelle cinquième guerre ninja, où Naruto est devenu le vilain de sa propre histoire. Rien de bien folichon dans ce qui s’apparente à un ‘filler’ de mauvaise qualité, surtout qu’ici aussi les dialogues (cette fois-ci doublés, ouf !) sont plats et dépourvus d’animations, bien que réalisés avec le moteur (vieillissant) du titre.
Il n’est donc absolument pas question de revivre les moments clés de l’intrigue de Boruto, dont l’histoire passe à la trappe. Pire, même si le protagoniste de l’aventure est bien le fiston, les premiers chapitres lui font mettre un casque VR et le joueur y incarne… Naruto.
On oublie également les phases d’exploration libre qui ont fait les lettres de noblesse de la série. Désaveu complet pour le matériel de base ou, au contraire, pragmatisme face à l’indifférence quant à la licence Boruto, difficile à dire.
Kage Bunshin no Jutsu x 130
Pour pallier ces modes de jeux rapiécés, les petits gars de CyberConnect2 ont mis le paquet en termes de contenu, que ce soit via les multiples possibilités de customisation ou le casting des combattants, comptant plus de 130 personnages distincts.
Alors différents oui et non, puisqu’avec un roster pareil, difficile de ne pas faire dans le doublon (on compte 11 versions de Naruto différentes, et 10 de Sasuke), bien que la grande majorité des personnages soit présente. Quelques absents se font remarquer cependant. On aurait apprécié avoir en avant-première un ou deux skins de Two Blue Vortex (le nouvel arc de Boruto, qui a eu droit à une ellipse façon Shippuden), qui seront sans doute proposés dans les DLC déjà prévus. On se contentera donc de la variante Baryon de Naruto, utilisable dès le lancement du jeu.
Tous ces personnages se trouvent néanmoins édulcorés par le gameplay générique au possible des affrontements, qui n’a pas bougé d’un iota durant les sept ans séparant STORM CONNECTIONS et Ultimate Ninja Storm 4. On reste sur la formule classique des duels en arène, en 3 vs 3, prônant l’accessibilité au détriment d’une quelconque profondeur manette en main. C’est bien simple, tous les combattants se jouent de la même façon (à quelques détails près), réduisant grandement l’intérêt de tester les différents choix mis à notre disposition, en dehors de voir l’animation de leurs coups spéciaux.
Un deuxième Jutsu par personnage (attaque spectaculaire drainant du Chakra) fait bel et bien son apparition, mais ces attaques existaient déjà précédemment sous une autre appellation. Le seul changement est dû au fait qu’ils consomment désormais de l’énergie. Idem pour les objets à utiliser lors des combats, ils n’ont plus une quantité limitée, mais se rechargent durant l’affrontement. Pour le reste, c’est du copier-coller.
Vivement la suite… que l’on puisse passer à autre chose
Cette façon de stagner et de reprendre ce qui s’est fait avant donne fortement le sentiment d’une extension vendue plein tarif, recyclant en grande partie le travail tout en bâclant des modes de jeux qui étaient pourtant réussis précédemment. Cette constatation est d’autant plus évidente quand on compare les graphismes qui n’ont pas ou peu changés en une génération entière de console, eux qui étaient impressionnants par le passé.
Difficile de penser que ce projet ait mobilisé beaucoup de passion au sein du studio de développement, à croire qu’il s’agit d’une version test histoire de tâter le terrain pour un véritable nouvel épisode, qui cette fois-ci n’essayerait pas de capitaliser sur ses fans. Qu’il est doux de rêver…
Test réalisé sur Xbox Series X.