Il était si beau mon Titan Quest. Mes yeux plongent dans son regard et je me rappelle la flamme qu’il avait à l’époque et qui m’avait tant séduit. Je ne peux aujourd’hui que la deviner. Machinalement, je cherche sa souris et son clavier pour les étreindre. Je ne peux cacher mon dégoût lorsque je m’aperçois qu’il n’y a là rien d’autre qu’une manette fripée. Je la prends quand même, je la serre. Par respect de tout ce que l’on a vécu ensemble, dans notre jeunesse. Durant cette année 2006... Il me sourit. Difficilement. J’ai peine à y voir autre chose qu’une grimace maladroite. En souvenir de ce qu’il a été, je le prends et l’insère dans ma Xbox One. Espérant secrètement que, comme par magie, les affres du temps s’effacent et que l’on puisse se retrouver comme avant, les plus heureux des amants.
Ci-gît un grand jeu, sacrifié sur l’autel du portage
Que dire de plus sinon que lorsqu’on lance Titan Quest aujourd’hui sur Xbox One on se demande bien à quels joueurs de hack and slash il s’adresse. Aux nostalgiques qui ont déjà passé en son temps plusieurs jours sur ce qui était vu comme le digne successeur de Diablo 2 ? Pour leur donner la possibilité de refaire le jeu doté d’une bonne résolution avec une manette ? Aux nouveaux venus, curieux de s’essayer à une gloire du passé ? De la découvrir ?
Une chose est sûre, Titan Quest, en l’état, n’a strictement rien à faire sur console vu que les développeurs ont cru qu’un simple portage suffirait. Cela aurait pu être le cas du coté technique, le jeu, assumant plutôt bien son âge, est loin d’être horrible. Par contre, on regarde consterné son gameplay et sa transposition bête et méchante de la maniabilité souris/clavier sur la manette. Aucun travail sérieux n’a été effectué à ce niveau-là, que ce soit dans l’ergonomie minable des menus, des raccourcis alambiqués, des attaques automatiques (votre personnage ira lui même d’un adversaire à l’autre, choisir sa cible est loin d’être évident), du ramassage des objets et j’en passe. On peut même voir encore sur les menus et la description des pouvoirs la mention de la souris et de son célèbre click gauche.
Titan Quest souffre aussi d’une technique balbutiante. On pouvait espérer, pour un jeu de 2006, ne pas voir de ralentissement intempestifs, de pop up d’éléments, de petits bugs d’affichage, bref tout un tas de petites coquilles qui ont su traverser le temps et qui n’ont même pas été gommée par ce qui ressemble en tout point à un portage à minima. On peut même rajouter à ce triste constat l’impossibilité -comme à l’époque- de jouer en coopération en local. Je n’ai même pas pu embarquer un collègue dans mon infortune.
C’est bien dommage, car des qualités, Titan Quest en a énormément, durée de vie, nervosité de l’ensemble, boss gigantesques, cycle jour/nuit, mais il paraît clair que pour en profiter pleinement en 2018, il est préférable de se pencher plutôt sur sa mouture PC bien plus ergonomique...