On ne frise pas l’indigestion, on a déjà dépassé ce stade lorsque l’on parle de Dragon ball dans le jeu vidéo. On ne peut même pas donner un chiffre précis car entre les sorties en salle d’arcade, les jeux LCD, sur micro et sur consoles on dépasse largement les 70 titres. Moins si on ne compte pas les jeux qui ne sont jamais sortis en dehors du Japon. À ce niveau, on se demande encore comment une série dont le premier jeu date du milieu des années 80 peut avoir de l’avenir et surtout du succès en 2018. Dragon Ball est un énorme phénomène culturel transgénérationnel dont l’impact va au-delà du simple manga originel et de son anime. Sincèrement, je doutais fortement de l’impact qu’aurait ce Dragon Ball FighterZ sur mes enfants âgés de 6, 9 et 12 ans et ne connaissant que pas ou peu la série, je pensais que ce dernier opus allait seulement caresser ma nostalgie et mon côté fanboy dans le sens du poil et, en fait, je me suis trompé. Dragon Ball FighterZ comble toute la famille… sauf ma femme.
Tu regardes quel épisode ?
Premier combat. Les mains ne sont pas encore moites. On découvre et on se tait. La réalisation technique de Dragon Ball FighterZ est tout simplement hallucinante et souligne, s’il le fallait encore, toute l’expertise d’Arcs System Works en jeu de combat 2D. Que de chemin parcouru pour ces développeurs depuis le premier Guilty Gears sur PSone ! Jamais un jeu Dragon Ball n’aura été aussi proche du rendu de l’anime et on a vraiment l’impression d’en être devenu son chorégraphe.
Mais cette pureté du rendu ne serait rien sans le dynamisme qu’a réussi à mettre Arcs System Works dans les combats. La nervosité des joutes transforme les rounds en un impressionnant ballet de coups et d’esquives, le tout en insérant les moments d’interruption, dus aux attaques spéciales, sans aucun temps mort et sans mettre à mal la vitesse et la fluidité du combat. Tout s’enchaîne à la perfection, en préservant la lisibilité de l’action. Les combats sont aussi intenses à jouer qu’à regarder.
Le roster est très large, sans doublons, et satisfera les anciens comme les nouveaux venus. Il compte dès le début du jeu 21 personnages jouables : Tenshinhan, Yamcha, Son Gohan adulte, Krilin, Son Goku super saiyan, Freezer, C-16, C-18, Buu enfant, le Capitaine Ginyu, Nappa, Trunks, Vegeta super saiyan, Beerus, Cell, Gotenks, Piccolo, Son Gohan adolescent, Buu, Hit et Son Goku Black. Une liste loin d’être exhaustive qui viendra surement à être enrichie par divers DLC tout en sachant que C-21 peut être débloquée dans le mode histoire. Quelques variantes de certains persos pourront être débloquées comme Son Goku et Vegeta super saiyan blue. Insistons sur le fait que le jeu ne comporte aucun doublon de personnage, ils ont chacun leur propre panoplie de coups, forces et faiblesses. C-16 est, par exemple un droïde lourd qui sera plus efficace au corps à corps, au contraire d’un Yamcha très mobile, qui s’appuiera sur ses combos et sa vitesse.
Dragon Ball FighterZ propose aussi 13 stages différents dans lesquels les combats pourront s’enchainer suite à l’utilisation d’attaques spéciales en guise de finish. Ces derniers sont marqués par les combats comme la traînée laissée derrière un kaméhaméha, ou le cratère d’un écrasement. Mais on ne peut pas parler de destruction à proprement parler, juste d’altération. Les musiques ne sont pas en reste, très dynamiques et suffisamment variées pour éviter d’être saoulantes. Les puristes seront contents d’apprendre que les musiques originales de l’anime seront bien présentes, mais via un DLC payant… ces derniers apprécieront quand même d’entendre les voix japonaises par défaut même si certains masochistes iront directement vers les menus pour mettre ces dernières en anglais.
Et le kaméhaméha, il sort bien ?
Dragon Ball FighterZ s’articule sur le système d’équipe de Marvel vs Capcom. On constitue avant chaque combat son groupe de trois personnages et on alterne de l’un à l’autre afin d’enchainer les combos dévastateurs, permettre à l’un de nos combattants de regagner un peu de vie en se reposant, ou aider le personnage en jeu momentanément. Cette gestion d’équipe est au cœur du gameplay et est certainement l’élément le plus difficile à appréhender pour les jeunes joueurs car dans l’ensemble, Dragon Ball FighterZ est aussi fait pour eux. Tout d’abord, chaque combattant a un panel de combos automatiques simples : marteler le bouton X (attaque légère), Y (attaque moyenne) ou B (attaque lourde) entraîne directement une série de coups impressionnante.
Les kaméhaméha et autres makankosappo sortent très facilement avec les traditionnels quart de tour et interviennent même en conclusion de l’enchaînement des attaques moyennes en guise de finish impressionnant. Cette simplicité au rendu spectaculaire se retrouve sur le système de rush avec l’Enchainement du Dragon, un brise-garde simple à effectuer car associé à la gâchette haute droite ou encore la Super Charge qui permet de traverser la plupart des projectiles pour se retrouver directement au corps à corps. On ne peut pas voler mais ces rushs en donnent l’illusion et rendent les combats très aériens. Les débutants en jeux de combats trouvent très facilement leurs marques et arrivent à s’amuser dès les premières parties.
Dragon Ball FighterZ n’oublie pas pour autant les spécialistes du genre et un joueur aguerri aura toujours un gros avantage et surtout saura utiliser tout le panel de coups spéciaux et de combos mis à sa disposition. Dans ce panel on trouve la téléportation qui, moyennant l’utilisation d’une barre de Ki (l’énergie traditionnelle de la série que l’on charge en cours de partie) nous fait apparaitre directement derrière l’adversaire ou encore un système d’annulation d’attaque adverse lors d’un contre. Les combos sont nombreux et vraiment destructeurs si on les enchaîne au bon moment avec le bon soutien. Pour beaucoup, un passage dans le mode entrainement risque d’être plus que nécessaire, au moins pour connaître les différentes combinaisons et parvenir à les sortir sans trop de problèmes. Mais ça, c’est une autre paire de manche.
On va juste regretter de devoir découvrir nous même l’effet de certains coups. Voir Krilin balancer un haricot magique est assez déstabilisant, ne pas savoir à quoi il sert l’est tout autant. De même pour l’Explosion Étincelante, une sorte de Kaioken que l’on suppose booster nos stats sans vraiment en connaître l’étendue exacte ou encore la façon de gagner les sept boules de cristal dans les combats aux effets pouvant renverser un match que l’on croyait perdu. Dragon Ball FighterZ reste dans le flou pour pas mal de ses éléments de gameplay en étant avare d’informations pour le joueur qui attendra la sortie du jeu pour se référer à une page wiki. Je dois être vieux jeu mais l’époque du petit livret de règles en papier dans le boitier me manque. Néanmoins, le plaisir est là et bien là que cela soit pour les débutants ou les confirmés, les combats s’enchainent sans temps morts sous un déluge d’effets en tout genre et peu à peu, les personnages préférés de chacun se détachent. Seule la durée pourra nous dire les éventuels soucis d’équilibrages que rencontreront les experts du jeu combat.
Une histoire à dormir debout…
Dragon Ball FighterZ est un petit bijou de technique et de plaisir brut, c’est indéniable et on se demandait si cette perfection manette en main pouvait aussi se retrouver dans ses modes de jeu. Pour commencer, on ne va pas pouvoir parler du jeu en ligne car il n’était pas disponible lors de l’écriture de ce test. Un complément sera ajouté à ce texte dans les jours qui suivront. Alors on va se concentrer sur le reste, à savoir son mode histoire, les autres modes locaux et sa boutique ! C’est dans cette dernière que l’on va dépenser nos Zénis durement gagnés dans les autres modes pour tout un tas d’éléments cosmétiques concernant le multijoueur en ligne. Chaque élément est tiré au sort de la manière d’une loot box. Oui, encore. On peut très bien tomber sur une image pour accompagner le système de discussion en ligne (et donc inutile) comme une nouvelle couleur ou un nouvel avatar pour le hub central du jeu. Rien de plus si ce n’est la possibilité de débloquer Son Gohan super saiyan blue et la même chose pour Vegeta en gardant dans son porte monnaie suffisament d’argent. Une somme particulièrement importante qui risque de pousser à l’achat de monnaie virtuelle du jeu comme d’habitude…
Le mode Histoire, lui, a seulement le mérite d’exister. C’est en fait la grosse déception pour les non aficionados du jeu en ligne comme les enfants par exemple. Dénué de toute originalité, il nous entraîne dans une histoire Z poussive et pas vraiment intéressante avec des séquences à des années lumières de la mise en scène des combats. C’est statique, inintéressant, très long, et ça se résume à une suite de combats très faciles jusqu’à l’affrontement du grand méchant de l’arc, C-21. Arriver au bout du mode histoire peut être considéré comme un long chemin de croix… On pouvait pourtant espérer mieux comme différents challenges plus ou moins difficiles, venir à bout d’un groupe en un temps limité, finir un combat par un type d’attaque particulier, résister un certain temps à un adversaire surpuissant, bref, un peu de diversité. Rien de cela, mais plutôt une aventure niaise, mal écrite, qui ne satisfera qu’avec ses petits clins d’œil en guise de fan service.
De dépit, on se rabat plutôt sur le mode arcade bien plus rémunérateur en termes de Zénis et au challenge plus relevé. Le mode arcade propose trois parcours comprenant 3, 5 ou 7 combats d’affilés, la note finale (S, A, B, C et D) reçue à leur issue modifie l’embranchement vers le suivant avec évidemment une plus grosse récompense si on enchaine les S plutôt que les C. À plusieurs, on peut se laisser tenter sur le combat local en commençant un tournoi jusqu’à 16 joueurs ou en se contentant d’un un contre un. Petite déception toutefois pour l’absence de coopération pour un jeu en équipe qui l’aurait bien supporté ; on ne peut faire des équipes de trois joueurs ou deux. Pour initier les enfants au jeu de combat et leur permettre de partager un bon moment en évitant la case de l’affrontement l’un contre l’autre cela aurait été un plus non négligeable.