À peine l’équipe de France auréolée d’un nouveau titre mondiale, qu’un nouveau FIFA sort. Pour cette nouvelle mouture, nous étions en droit de nous demander vers quels préceptes footballistiques nous nous engagerions cette année, ou quel entraîneur verrait son style de jeu étalé devant tous : Zidane ? Deschamps ? Non, le grand gagnant de l’année n’a rien gagné puisqu’il s’agit ni plus, ni moins de Marcelo Bielsa… El Loco.
Presse, presse, presse !
Ce n’est un secret pour personne, FIFA lorgne depuis bien des années sur le football disgracieux mais ô combien spectaculaire de la Premiere League. Cependant, cette année on descend d’un étage puisqu’on pose nos valise en Championship et plus précisément chez le Leeds United de Marcelo Bielsa. Fini donc les récupérations basses suivies de passes en profondeur vers les flèches de l’attaque. Terminée la folie des ailiers inarrêtables. Enterrés les défenseurs se faisant trouer au moindre appel dans le dos. Cette année, le football se joue tambours battants avec un pressing haut, bien au-delà du milieu de terrain.
Le plan de jeu classique de ce FIFA 19 ? Une récupération haute suivie d’une construction rapide pour aller battre le gardien adverse. Oubliez tout de suite les longs ballons en profondeur puisque le porteur de balle voit désormais sa vitesse réduite de manière drastique. Imaginez, on parle quand même d’un jeu où l’on peut voir Adil Rami tenir la dragée haute à la flèche Sadio Mané une fois celui-ci en possession de la balle. La solution est donc de faire vivre la balle sans trop la porter. On pourrait se dire que le jeu s’oriente donc vers un jeu de possession plus classique mais non, sans son penchant pour l’attaque à tout va, FIFA ne serait plus FIFA. La construction se fait donc toujours vers l’avant en attaque rapide.
Bien sûr les joueurs les plus techniques le resteront et seront tout aussi meurtriers balle au pied. Les joueurs étant bien plus cramponnés à la pelouse que par le passé, les changements de direction ne sont plus instantanés et donnent une impression visuelle réaliste lorsqu’on regarde les joueurs se déplacer sur le terrain. C’est d’ailleurs dans les animations que se situe la véritable évolution visuelle cette année. Elles gagnent en crédibilité que l’on soit avec ou sans la balle.
Le ballon, lui aussi, a eu le droit à un petit lifting. En effet, il semble désormais bien plus indépendant que par le passé. La balle, lors des contrôles, ne sera plus immédiatement collée à la semelle de notre joueur mais pourra bien sautiller voire rebondir lors d’un contrôle un peu plus approximatif. Les frappes contrées sont aussi bien plus convaincantes que par le passé et se rapproche de ce que la réalité peut nous offrir. EA a d’ailleurs eu la bonne idée de se servir de cette nouvelle physique de balle pour proposer un nouveau type de contrôle. En se servant du stick droit lors de la prise de balle, il est désormais possible d’effectuer un contrôle orienté en levant la balle tel Dennis Bergkamp.
Toujours plus de spectacle
Les phases devant le but étaient très attendues après l’implémentation de la nouvelle feature star du titre : la frappe synchronisée. Théoriquement, il suffit d’armer son tir puis d’appuyer une nouvelle fois sur le bouton de frappe au moment où le pied du joueur touche le cuir pour améliorer de manière significative l’efficacité de celle-ci. Dans les faits, l’efficacité est beaucoup plus relative. On ne note pas de réelle amélioration si le timing est réussi lors d’une frappe classique. Le risque est donc bien trop important pour le gain apporté en cas de réussite. Lors des reprises de volée dos au but, et autres volées vraiment compliquées, le tir synchronisé peut déboucher sur des frappes en pleine lucarne qui n’auraient même pas été dangereuses autrement. Il faudra donc bien choisir son combat pour tenter le tir synchronisé qui peut annihiler toute une action de but suite à un mauvais timing d’autant plus que la fenêtre d’action est vraiment très précise.
En dehors de cette nouvelle feature, on remarque que les frappes effectuées en bout de course auront de grandes chances d’être complètement écrasées et de finir en sortie de but. Pour le reste des frappes classiques, on reprend vite nos marques au bout de quelques matchs puisque les tirs en eux-mêmes ne changent pas autant que la physique des joueurs. Au contraire, les reprises de volées simples en apparence sont bien plus efficaces et tueuses que par le passé. Ainsi, n’importe quel ballon aérien repris de volée dans la surface constitue une énorme menace pour le gardien adverse. En soi, c’est tout à fait normal mais FIFA nous avait habitués à plus de difficulté de ce côté-là, d’autant plus qu’elles ne demandent pas de réel timing pour être exécutées à la perfection. De plus, on note une exagération invraisemblable du nombre de retournés acrobatiques. On en mange à toute les sauces et dans tous les sens. Sur corner au premier poteau ou au point de pénalty, sur n’importe quel centre. On y gagne, certes, en spectacle mais on perd ridiculement en réalisme.
1-9 c’est la Champion’s League
Du côté des modes de jeu, on note un effort particulier apporté aux matchs hors-ligne. En effet, le mode Coup d’envoi, se dote de variantes pouvant apporter leur dose de fun au soirée entre amis. Au menu : seuls les buts de la tête ou en reprise de volée comptent, les buts de l’extérieur de la surface comptent double ou encore celui que l’on pourrait appeler “FIFA Battle Royale” où l’équipe qui marque perd un joueur à chaque but marqué. De quoi renouveler l’expérience lors des soirées entre amis. Le problème ? Ces modes de jeu sont exclusivement hors ligne et il est donc complètement impossible d’en profiter si vous habitez loin de vos amis.
En dehors de ça, on retrouve bien sûr les fameux FUT, carrière et The Journey. Dans ce dernier, on suit toujours les aventures d’Alex Hunter, mais aussi celles de sa soeur Kim et de son meilleur ami Danny Williams. Cette triple campagne dépasse d’ailleurs allègrement la dizaine d’heures. Dommage que les différents récits ne soient pas à la hauteur de ce que nous a concocté EA Tiburon avec Madden NFL cette année par exemple. Ici, les intrigues sont simplistes et ne présentent que peu d’intérêt. Alex Hunter réalise enfin son rêve en jouant pour le Real Madrid mais s’entoure de gens pensant plus business que football. Danny, doit faire face à son frère, son rival de toujours, en Ligue des Champions. De son côté, Kim devient la joueuse la plus jeune à jouer la Coupe du monde avec la sélection américaine et se pose un tas de question sur son avenir. Durant ces scénarios, on ne joue d’ailleurs que très peu de matchs de championnat, au contraire de la Ligue des Champions, la grande nouveauté de cette année. La plus grande compétition européenne passe sous le giron de FIFA après avoir fait le bonheur de PES pendant des années.
Au final, cette version 19 de The Journey laisse un goût amer en bouche, tout comme le jeu complet. Si la première impression laisse entrevoir un renouveau, on retombe très vite dans la même routine et les mêmes travers. Si ce n’est les animations apportant un peu plus de réalisme au terrain, on remarque vite que le rythme de jeu n’a été que faussement ralenti et est toujours aussi endiablé. Juste d’une manière différente.