Franchise qui va bientôt fêter ses 25 ans, Need For Speed est un monument du jeu de course. Néanmoins, il faut bien avouer qu’après plus de 20 épisodes, la licence est passée par des hauts mais aussi des (très) bas. Reprise en 2015 par le studio Ghost Games, le jeu, bien que correct, avait eu peine à raviver la flamme dans le coeur des joueurs ; le pari était de toute façon osé puisque les développeurs suédois souhaitaient talonner les épisodes Underground ou encore Most Wanted. Aujourd’hui, c’est Payback qui est mis à l’honneur et sur le papier, pas mal d’idées semblent prometteuses, mais au volant, on n’est jamais trop prudent…
The Crew Playback
Quand on s’attaque à un Need For Speed, on sait où on met les pieds au premier regard. Tuning, vitesse et action, sont les maîtres mots de la licence depuis de nombreuses années déjà et l’intro du jeu va forcément en ce sens. Instantanément mis dans l’ambiance, quatre protagonistes différents (légèrement clichés sur les bords) nous sont présentés ; formant un crew, ils ont pour but de se venger du “clan” (un autre crew quoi) qui les a trahis. Voilà donc les bases très banales, d’un scénario qui l’est par la suite tout autant. Articulé autour de quatre “disciplines” (tout terrain, drift, drag et courses), on va à tour de rôle incarner les 4 personnages, chacun spécialisé dans un type d’épreuve, afin de rallier à notre cause les “boss” des disciplines, et vous vous en doutez, former un crew énorme pour, toujours, battre le clan.
La progression se fait à la manière de The Crew, c’est à dire que chaque véhicule est rangé par discipline et qu’il dispose d’un niveau capé à 399 ; on améliore ses voitures en gagnant des pièces à chacun de nos exploits. Comme dans un RPG, chaque pièce dispose d’une spécialité et d’un ou plusieurs attributs. Six types d’équipements sont disponibles (moteur, calculateur, turbo…) provenant de 6 marques fictives différentes. Si 3 ou 6 pièces d’une même marque sont équipées, un bonus est attribué à notre bolide.
Un système de ticket est également mis en place afin de crafter des pièces aléatoires. Les épreuves sont assez classiques, et on retrouve également sur la map tout un tas de défis rapides bien connus des jeux du genre comme des sauts, radars, zones de drifts et autres permettant de gagner de la réputation et monter en niveau. Gros point noir par contre, il n’y a plus de forces de police en mode libre, un comble pour un Need For Speed, ces dernières sont présentes uniquement lors de certaines missions du scénario, dommage...
Que serait un NFS moderne sans tuning ? Pas grand-chose. Heureusement, de ce côté on retrouve toujours un travail complet. Désormais, chaque partie de la voiture que l’on souhaite personnaliser est à débloquer en réussissant un défi, après quoi, pare-chocs, jantes, capots, toits, spoilers et autres sont à la merci de notre imagination à travers différents équipements de grandes marques. Le module de calques inspiré de Forza manque quant à lui de possibilités et se révèle beaucoup moins ergonomique qu’il ne faudrait. Il y a également un système d’épaves qui se démarque pas mal de la concurrence puisque, si la zone où se trouve le chassis nous est indiquée par le boss d’une faction après sa défaite, le reste des pièces du véhicule est divisé en quatre parties à trouver sur la map à partir d’une photo et d’un schéma approximatif des lieux, plutôt intéressant !
Alice ça glisse…
Ce n’est un secret pour personne, Need For Speed est un jeu arcade, mais la formule pour faire une conduite arcade et plaisante semble, par contre, bien secrète… Comprenons par là que, clairement, le gameplay du jeu manque grandement d’intérêt, et c’est plutôt problématique pour un jeu de caisses ! A aucun moment on ne ressent une quelconque inertie dans la direction, les transferts de masse et autres glisses. On passe son temps à l’approche des virages à appuyer sur “freiner” pour déclencher un banal script de drift et… c’est tout, la conduite se résume à cela. On ne note quasiment aucune différence entre les véhicules, même les épreuves tout terrain censées procurer quelques sensations et montées d’adrénaline à l’approche de sauts se révèlent finalement bien fades. Il n’y a ici aucune physique, juste des “aides” parasites qui viennent nous empêcher de nous amuser, on est bien loin de l’expérience d’un Forza Horizon qui, bien qu’arcade lui aussi, garde une part de challenge dans la conduite, de la crédibilité et surtout la sensation de réellement pouvoir jouer avec la voiture. Les sensations de vitesse sont, elles, plutôt bonnes même si nos premiers “bolides” peuvent laisser penser le contraire.
L’intelligence artificielle n’est pas non plus une réussite, souvent il suffit de tamponner les adversaires un bon coup pour ne plus jamais les revoir de la course. Que dire de la police qui, lorsque l’on tente de la semer nous ratrappe en un rien de temps et qu’il faut tamponner plusieurs fois parfois péniblement pour envoyer dans le décor à la manière des Takedown de Burnout 3 ? Et bien pas grand-chose si ce n’est qu’à part nous bloquer dans un coin sans qu’on arrive à s’en dépêtrer elle reste facilement esquivable et dispose au fur et à mesure de l’avancée dans le jeu de plusieurs pièges (herses, hélicoptères... ) tout aussi inutiles.
Clairement, le challenge général est assez maigre. Pour espérer se frotter à de vrais adversaires il faut se tourner vers le multijoueur, et la, première surprise, il n’est plus possible de se balader librement à plusieurs à travers la ville entre amis (!), il est uniquement possible de faire des speedlists avec ou sans classement, consistant simplement à faire des séries de cinq épreuves avec des joueurs au hasard et un équilibrage totalement aléatoire, super !
Graphiquement, le titre est correct, la map est assez diversifiée mais rien n’attire vraiment l’œil et le monde est d’un vide sans nom. Pourtant testé sur Xbox One X, le jeu est propre, mais sans être transcendant : les voitures, habituellement soignées, n’ont ici pas hérité d’un soin particulier. Les textures ne sont pas d’une grande qualité, seuls quelques effets de lumière sortent du lot ainsi que la mise en scène lors des cut scenes. L’audio est logé à la même enseigne et ne laisse pas un souvenir mémorable que ce soit en termes de B.O, d’ambiance ou pour le bruit des moteurs, le doublage en revanche est lui de qualité avec notamment des comédiens renommés comme Donald Reignoux au casting.