Pour clore cette année 2017, Capcom nous livre un dernier portage, celui de Okami HD sur Xbox One et Xbox One X, un titre qui a marqué les esprits en 2007 sur PS2, puis sur Wii en 2008, grâce à son esthétique en cel-shading et son gameplay inventif. Puisant ses inspirations dans la mythologie nipponne et empruntant sa structure aux action-RPG à la Zelda, le combo s’est avéré aussi dépaysant que rafraîchissant. Malheureusement, le jeu fut un échec commercial et scella définitivement le sort du studio Clover. On peut donc se réjouir de pouvoir redécouvrir (ou découvrir) aujourd’hui ce titre emblématique sur des écrans qui permettent de profiter pleinement de ses qualités artistiques !
Peintre amateur
Si comme moi vous avez découvert Okami sur PS2, ou même sur Wii, vous jouiez très probablement sur une vieille télé cathodique à la résolution complètement dépassée aujourd’hui. Pourtant, déjà à l’époque, son parti pris esthétique avait fait forte impression. Son utilisation évidente du cel-shading, lui donnait quelque chose de plus, un cachet qui contrebalançait et occultait une technique en retrait. Nous voilà maintenant 10 ans plus tard, et malgré la pauvreté apparente de la modélisation et les éléments du décor presque entièrement composés de sprites, le titre n’a pas pris une ride. Le boost en résolution y est d’ailleurs pour beaucoup, puisqu’il permet enfin d’admirer chaque environnement traversé comme on contemplerait une peinture dans un musée. Et la 4K sur Xbox One X est la cerise sur le gâteau !
Dans Okami, on a véritablement l’impression de jouer à l’intérieur d’une estampe japonaise. Les grands aplats de couleurs, les coups de pinceaux, les taches d’encre, l’effet en est bluffant encore aujourd’hui et on peut désormais voir parfaitement le grain du papier en toile de fond ! Bien évidemment on pourra reprocher des décors qui paraissent vides et des textures qui accusent leur âge, mais ce portage non-retouché tient plutôt la route, même si on aurait apprécié un peu plus d’efforts de la part de Capcom pour proposer quelques améliorations graphiques autres que la résolution.
Le clipping du décor avec des éléments qui apparaissent à 10 mètres de distance est également un peu frustrant quand on connait les capacités des machines actuelles. Mais peut-être que cela aurait un peu trop modifié l’esthétique épurée du jeu. Et en parlant d’affichage, pour ceux qui n’aiment pas l’effet de flou, il est impossible de supprimer complètement celui-ci dans les options et on devra donc s’habituer à une image pas toujours très nette. Il y a aussi le problème des « vibrations » ou du « bruit » sur les personnages dont les lignes en cel-shading bougent en permanence, ce qui est un peu agaçant, il faut bien l’avouer. Cela dit, le jeu est tel qu’il était à sa sortie et respecte la vision originelle, malgré ces quelques choix discutables.
Amatera-qui ?
Pour ceux qui n’aurait jamais touché au titre de Clover, vous trouverez dans Okami l’un des plus fidèles représentants des Zelda-like ou action-RPG d’antan, c’est à dire un gameplay et une progression millimétrée, avec de temps à autre des activités secondaires reposant principalement sur des mini-jeux ou de la collecte et de la découverte de secrets. Mais ce qui fait la véritable force et l’originalité du gameplay, c’est l’utilisation du pinceau. En effet, notre cher loup blanc, incarnation de la déesse Amaterasu, accompagné de son acolyte Issun, « l’artiste errant » pas plus grand qu’une puce, a la faculté de peindre dans son environnement. Ce sera d’ailleurs l’un des moyens de résoudre les énigmes dans les donjons et même un outil de choix durant les combats.
Via la touche RB, on pourra stopper le temps et peindre avec le stick gauche. Au fur et à mesure de l’aventure, on débloquera différentes capacités qui nous permettront, par exemple, de peindre un soleil dans le ciel ou une lune pour changer l’heure de la journée, ou bien entourer un arbre mort pour lui redonner vie ou encore couper des éléments du décor en traçant une ligne. C’est un système inventif, mais surtout fonctionnel. Le pinceau est un outil que l’on pourra utiliser dans de nombreuses situations, notamment pour affronter des ennemis qui nous demanderont d’user de certaines techniques pour les vaincre.
Au delà du gameplay brillant, il y a aussi une aventure passionnante, ainsi que des personnages attachants à découvrir. Et Hideki Kamiya, le créateur, qui n’est autre que le papa des Resident Evil et Devil May Cry, s’est amusé à mélanger les références à la mythologie japonaise et les personnages d’inspirations diverses. Il y a même quelques clins d’œil plus ou moins subtiles à des licences Capcom ou d’autres titres populaires. Ce n’est pas toujours très cohérent, mais nous maintiendra en haleine durant la trentaine d’heures de jeu. Seul regret, la difficulté est assez faible et nous donnera l’impression de ne jamais vraiment peiner à progresser ou devoir changer sa stratégie. Et malheureusement, on aura vite fait d’éviter les combats plutôt que de perdre du temps inutilement. Rien de rédhibitoire cela dit.