Je vous préviens tout de suite, pour ce souvenir de gamer, nous allons remonter très loin, car c’est sans doute mon premier souvenir marquant que je vais vous raconter.
Nous sommes en 1982 (enfin, plus ou moins, pas évident d’être précis quand ça remonte à si loin !), et j’ai bientôt 9 ans. Nous allons chez des amis de mes parents. Ce sont des gens très sympathiques, et je suis assez impressionné quand j’arrive chez eux, car manifestement nous ne faisons pas partie de la même classe sociale. La maison est immense, tout est très beau, je suis un peu intimidé. Cela ne dure pas, car ils ont un gamin de mon âge, dont j’ai oublié le prénom, mais dont je visualise encore la tête ! (Ndr : en me relisant, cela me revient tout d’un coup, le gamin s’appelait Arnaud)
Le gosse est tout content de trouver un partenaire de jeu, et on va de suite faire un foot dans le jardin. Ayant soif, je rentre dans la maison en passant par le salon, et je tombe sur une immense télé (en tout cas c’est l’impression que j’ai eue, probablement que la taille de l’écran ferait rire aujourd’hui !). Mais surtout, devant elle, une Atari 2600. Je bavais sur l’image de la console et sur les jaquettes des jeux dans La Redoute Automne-Hiver. J’avais déjà vaguement tenté le coup pour la demander à Noël, mais jusque-là cela n’avait rien donné. A ce moment précis, c’est la première fois que je la vois en vrai. Mon nouveau copain m’appelle pour que je le rejoigne… Il peut toujours attendre. Quand il me retrouve, je suis concentré, passant en revue les jaquettes des jeux bien rangés dans le meuble télé, et je lui dis que je voudrais essayer. Fier de son jouet, il allume la console, et c’est un nouveau monde qui vient s’imprimer sur ma rétine. J’essaie tout, et très vite se dégagent 3 jeux : Galaxian, Battlezone et Combat. Le premier, tout le monde connait, le deuxième est un jeu de combat de tanks en 3D (si, si !), et le dernier est un jeu qui se passe dans un labyrinthe vu du dessus. On doit tuer ses ennemis, ou le joueur adverse, et toutes les règles sont modifiables. Ma préférée, celle avec des tanks dont les tirs rebondissent sur les parois.
Nous jouons comme des gorets, pendant plusieurs heures, à 1,5m de l’écran, et quand nous partons j’ai mal aux yeux et je suis surexcité. C’est ensuite que j’en mesure les effets. Une fois couché, impossible de dormir. A chaque fois que je ferme les yeux, je me vois en train de jouer, et des tâches de couleurs s’impriment sur l’intérieur de mes paupières, comme les tanks de Combat. Cela se transforme en une sorte de cauchemar, comme si j’étais enfermé dans une seule activité qui se répétait à l’infini, une sorte de punition divine digne de la cruauté des Dieux mythologiques de L’Odyssée.
Le lendemain matin, face à mon état lamentable, ma mère décrète plus ou moins que les « jeux électroniques » sont le mal incarné. Peu importe, je suis foutu, les jeux vidéo se sont gravés en moi pour toujours.
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