Souvenirs de Gamers : A un doigt de réussir !

«J’suis pas une lumière...» le 9 octobre 2016 @ 08:002016-10-07T19:37:30+02:00" - 11 réaction(s)

Nous sommes en 1985, j’ai 12 ans, et cela fait plus d’un an que je joue aux jeux vidéo. Très rapidement, j’ai jeté mon dévolu sur les shoot’em up. Vous pensez bien, des jeux dans lesquels on contrôle des vaisseaux spatiaux ou des avions qui dégomment tout, pour un gosse de 11 piges, ça parle.

A cette époque, je n’ai pas encore de console, ni d’ordinateur, et c’est donc dans les salles d’arcade que je vais dépenser mes maigres économies. Comment ça ? A 12 ans dans des salles d’arcade ? Qui plus est, il était permis de fumer, et suivant les établissements, l’alcool était également de la partie. Par contre, le plus souvent, n’importe quel gamin pouvait y entrer. Autant dire que j’y allais en cachette…

La scène se déroule à Granville, jolie ville de Basse-Normandie, dans une des deux salles d’arcade. Celle de la rue principale, la « mieux fréquentée », où des tas de joueurs en tong et maillot de bain fouillent dans leur banane pour sortir les précieuses pièces, sésames pour quelques crédits.

C’est 1942 qui est alors mon jeu préféré, et j’ignore le bruit assourdissant de Wonder Boy et Bubble Bobble pour aller vers ma borne favorite. Ce jeu de shoot n’est pas le plus spectaculaire, mais il s’en dégage un petit je ne sais quoi qui fait que j’y reviens toujours. Pourtant ce n’est pas le plus simple. Intransigeante, la borne n’accepte pas les « continue », et l’armement, même au maximum, reste bien limité. A chaque fin de niveau, on voit le nombre de missions qu’il reste à faire pour boucler le jeu, soit, de mémoire, 32.

Sur 1942, j’ai un p’tit talent, et malgré mon jeune âge c’est bien mon nom qui squatte le haut du classement (RUN, à prononcer R-1). Ce jour-là, je suis décidé, je vais aller au bout. Mes 2 francs glissent dans la fente de la borne, je me concentre, et je commence à jouer. Les 15 premiers niveaux sont une formalité, je les passe les yeux fermés, me payant le luxe d’aller volontairement dans les zones où il y a le plus de tirs ennemis pour avoir un peu de challenge. Puis, la difficulté, de plus en plus forte, m’oblige à plus d’attention. Cinq niveaux plus tard, toujours pas de vie perdue, je suis clairement en forme. Je n’utilise même pas les loopings pour éviter les tirs. Cela fait une trentaine de minutes que je joue. Un type que je ne connais pas, à côté de moi, fait signe à un de ses potes de venir voir. Arrivé au niveau 25, je commence à me crisper. En général c’est là que je perds. Je sens la pression des trois personnes qui me regardent jouer. Une pression amicale cependant, plutôt encourageante quand on me félicite après chaque niveau. Par contre, je commence à avoir mal au doigt. Au majeur pour être précis. Il faut dire que j’ai toujours tenu le stick d’une façon étrange, l’index posé dessus, et le serrant avec le majeur et le pouce. Au niveau 29, toujours pas de vie perdue, je flotte au-dessus des tirs ennemis, je suis invincible. Entre deux niveaux, j’essaie de me décontracter les doigts. Au niveau 30, je meurs connement dès le début du niveau. Je m’accroche et je regagne vite des power-up, j’arrive à boucler le niveau. Un mec derrière moi beugle « Putain, mais le gamin va finir 1942, j’y crois pas ! ».

Je joue depuis plus de 40 minutes, on est au niveau 31. J’arrive vers la fin du niveau quand je sens une douleur dans mon majeur. Je lâche la manette, et meurs… Les mecs autour de moi crient au désespoir. Je reprends vite la manette, et retente, mais ça me fait trop mal. Je meurs à nouveau, me tenant la main. Affolé, la première chose que je fais, c’est de dire au gars qui est à côté de moi depuis le début « Prends la manette ! Termine-le, il me reste encore plein de vies ! ». Le mec essaie, et se fait démonter.

Je regarde ma main, et je constate qu’en jouant, avec le frottement du stick, s’est formée une ampoule sur l’intérieur de mon majeur. Sans doute crispé, je n’ai rien senti…jusqu’à ce qu’elle éclate. Après avoir perdu, le mec me demande mon pseudo, que je lui donne, empli d’un désespoir déchirant, comme si j’avais perdu la finale de Rolland Garos 12 jeux à 10 au cinquième set. J’ai bien retenté, mais je n’ai jamais réussi à terminer 1942, je n’ai d’ailleurs jamais réussi à aller aussi loin que ce jour-là !

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Les Histoires d’Xboxygen regroupe deux rubriques : Pour quelques G de plus, qui nous raconte comment on a pu suer pour réussir à décrocher les succès les plus compliqués, et Souvenirs de Gamers qui se penche sur les anecdotes de la vie des joueurs, de l’évènement le plus mémorable à la tranche de vie la plus farfelue.

11 reactions

Xcéces

10 oct 2016 @ 09:51

Ben mince alors ! j’ai pas connue ça ! j’étais encore dans les c.... de mon papa. Dommage :-)

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