Assassin’s Creed nous la joue furtive ces derniers jours, puisqu’une série de 3 jeux portant la dénomination Chronicles vient tout juste d’être annoncée. Ubisoft en profite même pour sortir le premier de ces jeux dans la foulée. Passée la surprise de l’annonce, le deuxième effet Kiss Cool se présente : ce n’est pas un Assassin’s Creed comme les autres et pour de nombreuses raisons…
Rien n’est vrai...
La confrérie des assassins n’est plus que poussière dans la Chine aux débuts du XVIe siècle. Les Tigres, groupe cachant en réalité les Templiers, ont réussi à tuer une grande partie de leurs ennemis pendant une purge, et seule une poignée d’assassins à pu s’échapper. Parmi eux, Shao Jun, membre de la confrérie depuis peu et ancienne concubine de l’Empereur, a réussi à fuir par la mer avec son mentor. Ils ont ainsi trouvé refuge en Italie où Shao Jun a rencontré un certain Ezio Auditore vieux, affaibli et amer. Mais devant l’insistance de Shao Jun et voyant qu’elle prenait le chemin tortueux de la vengeance tel qu’il l’a arpenté lui-même à ses débuts, Ezio décida de lui apprendre ce qui lui manquait pour être un vrai assassin. Après un certain temps d’entraînement, aussi bien physique que mental, passé auprès de la légende, Shao Jun retourne en Chine bien décidée à se venger des Tigres, mais également prête à reconstruire la branche chinoise de la guilde, seul rempart pour la liberté contre les Templiers. C’est dans ces circonstances que le joueur prend la manette et entre dans un jeu en… 2D !
Enfin pas tout à fait de la 2D, puisque bien que la progression se fasse en 2D, vous pourrez progresser sur plusieurs plans de manière plus qu’astucieuse. Mais ne croyez pas que l’esprit Assassin’s Creed s’y perde, puisqu’au contraire, on conserve les pierres angulaires de ce qui a fait le succès de la marque : plateformes, furtivité, quelques gadgets, vision de l’aigle, et des planques. Sauf que dans le cas de Chronicles : China, il n’y a pas de monde ouvert pour nous proposer quelque chose qui ressemble un peu à Mark of the Ninja ou à Prince of Persia 2D. Et le bon point dans tout ça, c’est que ça marche plutôt bien. Car après un léger temps d’adaptation au changement de gameplay, on retrouve ses marques sans trop de problèmes. Et si ça marche, c’est d’abord grâce aux environnements chinois soulignés par le rendu visuel si élégant sous une forme d’aquarelle. Comme si on se retrouvait devant des parchemins de l’époque qui narraient une histoire via des dessins. Mais le moteur d’un jeu ne fait pas tout, encore faut-il savoir s’en servir intelligemment pour reproduire les sensations d’un opus 3D d’Assassin’s Creed. Car même si dans l’ensemble on peut dire que tout fonctionne bien, c’est un peu moins vrai dès lors qu’on se penche sur les quelques cafouillages dans les changements de surfaces ou encore sur les légers temps de latence pour déclencher une action ainsi que le temps trop long de certaines animations. Rien de vraiment grave, puisque ces temps de latence existent aussi sur la série principale. Mais en 2D, sur un jeu qui privilégie plus le timing et les réflexes au poil de fesse près, ça peut poser problème. Enfin… Ça c’est si vous adoptez une approche entièrement furtive.
Tout est permis
Car les bourrins, ou ceux qui assassinent discrètement tous les ennemis auront moins ce problème qui pèsera sur leur avancée, mais ce sera au détriment des points gagnés à la fin de chaque séquence. Vous avez bien lu, vous pouvez choisir votre approche entre être une ombre (avancer sans faire de victimes et sans se faire repérer), prendre la voie de l’assassin (tuer discrètement les gardes pour vous frayer un chemin), ou encore enchaîner les combats au grand jour. Chaque mémoire séquentielle se trouve sous la forme d’un grand niveau virtuellement découpé en morceaux (pas de pause entre chaque morceau, donc). Une fois un morceau atteint, vous aurez des points et un rang selon votre approche et vos compétences. Ce qui signifie que vous pouvez librement choisir l’approche qui vous convient le mieux pour chaque passage. A la fin de chaque séquence, le total des points sera fait, vous octroyant des récompenses si vous atteignez certains seuils. Ces récompenses ne seront pas de refus puisque le jeu - assez aisé au début- devient rapidement difficile pour finir sur une séquence finale plus que retors. Rien d’insurmontable, puisque le jeu propose théoriquement un peu moins de 8 heures de contenu et se boucle donc en environ 15, puisque vous allez échouer si vous faites une fausse manoeuvre.
Et vous en ferez ! Au point où le titre risque de taper fortement dans vos réserves de self-control sur certains passages complexes, tant le level design et les tours de gardes ont été bien étudiés pour ce passage en 2D. Et pour ceux qui finiront le titre, deux modes supplémentaires se débloqueront pour justifier une replay value : le mode “Plus”, qui permet de refaire le jeu en conservant tout ce qu’on a gagné/appris pour gagner encore plus de points et de récompenses. Quant au mode “Plus difficile”, c’est le mode “Plus” dans sa version masochiste avec une seule portion de vie et des gardes encore plus sur le pied de guerre. Autant dire que dans ce mode, l’erreur n’est pas admise.
On peut regretter cependant que la piste audio du jeu ne soit pas localisée car on devra se contenter de simples sous-titres en français. Ce n’est pas vraiment préjudiciable pour apprécier le jeu, mais vu le soin apporté à ce genre de détails dans les opus principaux, on reste déçu de ne pas y avoir droit ici aussi. Heureusement que la bande sonore, elle, reste de qualité.