Test - Tales of Kenzera : ZAU - Quand le deuil devient une ode à la vie

«Un seul être vous manque et tout est dépeuplé » , - 2 réaction(s)

Tales of Kenzera : ZAU est une œuvre dont la conception est un peu atypique. En effet, Abubakar Salim, fondateur de la société transmédia Surgent Studio, s’est inspiré de sa propre vie pour développer son premier jeu vidéo. Endeuillé par le départ brutal de son père atteint d’un cancer, il se tourne vers la création vidéoludique pour se libérer de toutes les émotions qui l’envahissent. Il n’est cependant pas en terre inconnue puisqu’il a notamment incarné Bayek, le personnage principal d’Assassin’s Creed Origins et a prêté sa voix à plusieurs autres licences de renom dont le dernier Diablo 4.

Outre cette promesse d’un metroidvania chargée en émotion, le fait que le titre soit porté par EA Originals, la division de soutien à la production indépendante de l’éditeur (Unravel, It Takes Two ou Wild Hearths), semblait d’ores et déjà indiquer que nous risquions de vivre une expérience vidéoludique de grande qualité. Nous n’avons pas été déçus et, en ce qui nous concerne, ce titre est un véritable coup de cœur.

Une histoire dans l’histoire

Le choix de développer un metroidvania était une évidence pour Abubakar Salim qui souhaitait faire le parallèle entre les étapes du deuil et la montée en puissance du gameplay inhérent au genre. Les liens avec sa vie personnelle ne s’arrêtent pas à cette douloureuse étape de son existence puisqu’on retrouve, au cours de l’aventure, nombre d’anecdotes plus joyeuses. Nous vous laisserons le plaisir d’esquisser un petit sourire en les découvrant par vous même, mais sachez que l’écriture n’est pas mise de côté.

Nous incarnons donc Zau, un chaman qui est meurtri par le décès de son père. Refusant de se résigner à cette douloureuse perte sans tenter d’user de ses pouvoirs pour faire revenir à la vie l’être qui lui manque, il invoque le dieu de la mort. De leur échange, il ressort que l’âme du défunt pourrait lui être rendue s’il vient à bout des trois divinités qui résident en ces lieux. Cette quête ne sera pas des plus faciles et il faudra maîtriser nombre de nouveaux pouvoirs pour y parvenir.

Au cours de cette exploration, le courage et les talents de Zau seront mis à l’épreuve à de multiples reprises mais, même si les développeurs déclarent s’être inspiré d’Ori et de Hades, ils ont savamment dosé la difficulté afin d’obtenir un titre qui reste accessible au plus grand nombre.

Du classique mais pas que

Les premiers pas dans l’aventure sont pour le moins étonnants puisque, contrairement à la majorité des metroidvania, nous disposons d’ores et déjà du double saut et de la projection avant (dash), ce qui finalement reste logique avec le postulat de départ. Un chaman se doit en effet d’avoir déjà acquis quelques compétences pour justifier son statut.

Pour autant, le gameplay reprend les codes établis par le genre tout en les enrichissant. Zau obtient donc six pouvoirs supplémentaires au cours de son périple. Il pourra les mettre en œuvre pour atteindre des zones jusque-là inaccessibles, mais également pour multiplier les approches possibles lors des affrontements. On peut, par exemple, geler les cours d’eau pour les remonter à pied, mais aussi figer les ennemis pour leur infliger des dégâts plus sereinement.

En complément, deux arbres de compétences permettent d’enrichir les techniques de combat en prolongeant les combos, en ajoutant les saisies au panel de coups ou en intensifiant les attaques spéciales. Celles-ci ne peuvent être déclenchées qu’une fois la jauge d’énergie spirituelle au maximum. Il faudra donc faire preuve de discernement dans son usage, car la régénération de la santé puise dans cette même ressource magique. Une gestion stratégique en découle puisque l’esprit des ennemis vaincus alimente doucement cette fameuse jauge.

Zau dispose également de deux masques lui octroyant des capacités physiques et magiques différentes. Celui de la lune permet d’effectuer des attaques à distance, tandis que celui du soleil est dédié aux affrontements en mêlée. Cela peut paraître un peu simpliste, mais au fil de l’aventure nous croisons des adversaires jouissant d’une protection à l’un ou l’autre de ces masques. Il faut donc judicieusement jongler entre nos deux facettes pour être le plus efficace possible lors des joutes. Cette mécanique enrichit grandement le volet combat et vient aussi gommer la pauvreté du bestiaire qui se limite à huit entités.

Enfin, lors de sa pérégrination, notre chaman pourra mettre la main sur divers bibelots après avoir complété des défis environnementaux. Une fois équipées, ces breloques apportent de légers avantages tels la bonification de l’énergie spirituelle collectée ou un bonus de santé par exemple. Le gameplay est donc bien riche et n’a rien à envier aux licences de renom. Ayant un penchant pour le genre, nous avons été captivés par le titre et, malgré notre habitude de ces mécaniques de jeu, a réussi l’exploit de parfois même nous surprendre agréablement.

Une DA chaleureuse et colorée

Dès les premières minutes de jeu, la direction artistique chatoyante tranche avec la noirceur du propos, fil conducteur de notre aventure. Ce choix n’est pas dû au hasard puisque Abubakar Salim voulait que le joueur prenne conscience que, malgré la douleur et la tristesse, le monde reste beau, chaleureux et joyeux autour de nous. Et quoi de plus coloré et accueillant que la culture africaine dans laquelle les développeurs ont puisé pour construire leur univers. Nous vous conseillons d’ailleurs de vivre votre expérience en choisissant la VO en Kiswahili pour une immersion totale, d’autant que les dialogues ne sont pas traduits dans la langue de Molière et que seul le sous-titrage des échanges et de la narration est disponible en français.

Cette richesse se retrouve également dans les décors ainsi que dans l’arrière-plan qui donne toute sa profondeur à la vue en 2.5D. Le level design reste classique dans sa construction verticale et horizontale, mais les six biomes que nous traversons au cours de notre quête apportent leur lot de secrets et de défis en tout genre. Nous regrettons cependant que le premier tiers de l’aventure soit relativement pauvre en nombre d’adversaires et que certains passages de plateforme soient quelque peu monotones. Cela résulte de la volonté d’accessibilité et de difficulté raisonnée mais, pour les habitués comme nous, la montée en puissance est un peu trop progressive.

Côté technique, le titre offre la possibilité de privilégier la qualité graphique ou la performance. Nous vous conseillons fortement ce dernier mode puisqu’en optant pour le rendu visuel on perd significativement en fluidité des animations, sans que le gap soit pour autant impressionnant. Inclure cette option est louable mais, dans les faits, le joueur choisira son camp sans hésitation.

Le soft n’a pas de réels défauts et il nous a convaincus de bout en bout. On sent que Surgent Studio œuvre dans divers médias, notamment au travers de la bande-son qui souligne parfaitement la narration tout en participant à l’immersion du joueur. Nous n’avons pas vu passer les douze heures nécessaires à l’achèvement de notre quête pour en connaître la conclusion étonnante. Les complétistes se régaleront d’une paire d’heures supplémentaires afin de découvrir tous les collectibles et d’obtenir les 1000 G.

Avec sa réalisation sans faille, son histoire prenante et son accessibilité, Tales of Kenzera : Zau s’inscrit parmi nos coups de cœur de ce début d’année. S’il fallait encore vous convaincre, son prix de 19,99 € ne laisse aucune hésitation possible à l’ajout de cette pépite à votre ludothèque.

Testé sur Xbox Series X|S.

Bilan

On a aimé :
  • La direction artistique et ses inspirations tribales
  • La bande originale et ses influences africaines
  • La difficulté accessible à tous…
On n’a pas aimé :
  • ... malgré le manque d’affrontement dans le premier tiers de l’aventure
Le lion est touché en plein coeur

Le deuil est un thème ayant été traité de nombreuses fois par des œuvres vidéoludiques. Tales of Kenzera : ZAU le fait de la plus belle des façons. Au travers de ce metroidvania, Surgent Studio a merveilleusement narré l’histoire personnelle de son fondateur, Abubakar Salim. Avec une direction artistique chaleureuse et une réalisation sans faille, cette première oeuvre rencontrera sans nul doute auprès des joueurs le succès qu’elle mérite.

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Tales of Kenzera : ZAU

Genre : Aventure/Plates-Formes

Editeur : EA Originals

Développeur : Surgent Studios

Date de sortie : 23 avril 2024

Prévu sur :

Xbox Series X/S, PlayStation 5, PC Windows

2 reactions

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Veidt

22 avr 2024 @ 18:51

Bon test ! Hâte d’y jouer !

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Zabal

23 avr 2024 @ 14:36

Merci pour ce test, allez hop on le rajoute à la liste, et vive les Metroidvanias, d’autres arrivent bientôt aussi !