Ces dernières années, de nouvelles expériences vidéoludiques envahissent nos consoles avec des jeux en Full Motion Vidéo (FMV). On se souvient notamment de Late Shift, She Sees Red, ou plus récemment Telling Lies. C’est à présent le jeune studio français Burning Sunset qui nous présente The World After. Il s’agit de leur toute première production destinée au gaming et elle est éditée par PixelHeart. L’équipe se compose de trois Lyonnais passionnés de cinéma, à l’origine de plusieurs courts métrages ainsi que d’œuvres musicales. The World After est entièrement réalisé à partir d’images en prises de vue réelles auxquelles sont associées des mécaniques de point’n click. Les scènes ont été filmées en 2020, en pleine crise sanitaire, ce qui a servi d’inspiration au trio qui leur a ensuite infusé une touche de surnaturel. C’est avec beaucoup d’enthousiasme que nous nous sommes plongés dans ce titre intriguant.
L’air frais de la campagne, ça vous tente ?
Un récit centré sur un virus et la nécessité de se mettre en quarantaine, cela vous rappelle quelque chose ? Alors qu’on pensait en avoir fini avec le port du masque et les restrictions sanitaires, voilà que The World After nous replonge en pleine pandémie, suite à la propagation d’un nouveau virus.
Dans cette histoire, nous suivons Vincent, un écrivain parisien, qui décide de louer une vieille maison à la campagne. Son but ? Trouver l’inspiration pour écrire son livre tout en échappant à l’atmosphère urbaine oppressante due au confinement généralisé de la population française. Mais rapidement, Vincent est tourmenté par des nuits agitées et hantées par des cauchemars récurrents. Un matin, une enveloppe mystérieuse est glissée sous sa porte. À l’intérieur, la photo d’un édifice local, le château de l’Ours, accompagnée d’une annotation énigmatique lui dévoilant un secret dissimulé au sein du village. Intrigué, il se lance dans la recherche d’indices, fouillant les alentours avec minutie tout en interrogeant les habitants, à la manière d’un enquêteur professionnel. Cependant, il est loin de se douter que la révélation qui l’attend va bouleverser sa vie.
Lumières sur le cinéma français
Notre écrivain, avide de réponses, se met en quête du monument visible sur la photographie en explorant les ruelles du hameau et ses environs. Au fil de son périple, on découvre de belles images tournées au cœur des paysages champêtres et bucoliques d’Auvergne. Ces séquences vidéo procurent un dépaysement agréable et on se laisse emporter par cette visite guidée, tel un touriste curieux. L’atmosphère paisible des lieux contraste lourdement avec la gravité des événements en cours, offrant ainsi une bouffée d’air frais dans un contexte oppressant. La passion des créateurs pour le cinéma transparaît clairement à travers leur maîtrise technique, ce qui renforce notre immersion.
En ce qui concerne le casting, on retrouve en invité vedette l’acteur Jean-Claude Dreyfus (connu pour son rôle dans La Cité des enfants perdus). Il incarne, avec tout le talent qu’on lui connaît, un personnage à la fois fantasque et mystérieux. Les autres acteurs, quant à eux, offrent des performances globalement justes et spontanées, agrémentées d’une touche d’humour bien dosée, comme lorsque Marc, le garagiste, se plaint auprès de Vincent du fait que le confinement sans alcool n’a rien de drôle !
L’acoustique n’est pas en reste et, même sans être retentissante, contribue à l’atmosphère inquiétante du scénario. Lors de notre exploration campagnarde, nous sommes bercés par des mélodies composées sur mesure, qui accentuent l’ambiance mystérieuse émanant des lieux et accompagnant nos actions. En bonus, les bruits de la nature se font entendre, ajoutant une touche authentique à notre aventure en plein air. Vincent agrémente également chaque interaction d’un petit commentaire, ce qui renforce l’immersion dans l’histoire.
Un point’n click épuré et efficace
En ce qui concerne le gameplay, il n’y a pas besoin de tutoriel ici. Le jeu suit fidèlement les principes du point’n click : il suffit d’orienter le stick de la manette sur un élément et d’appuyer sur le bouton A pour interagir avec lui. Pour déplacer notre personnage, on utilise les flèches directionnelles affichées à l’écran, et il est tout à fait possible de revenir sur ses pas si nécessaire. Un gameplay simple, épuré, mais terriblement efficace.
L’exploration des lieux est une composante essentielle pour faire progresser l’histoire. Parmi ces décors, on découvre des QR codes cachés qu’il faut scanner à l’aide du téléphone portable de notre protagoniste. Ces QR codes permettent d’accéder à des extraits vidéo qui dévoilent les évènements en cours ou passés, offrant ainsi un aperçu de ce qui se trame. Cette mécanique se montre particulièrement intéressante et captivante.
En haut de l’écran s’affiche notre inventaire et il suffit d’interagir avec un objet pour qu’il s’y place et reste toujours visible. Cette fonctionnalité est pratique, un simple coup d’œil nous permet de visualiser les objets en notre possession et les perspectives qui s’offrent à nous. Il est bien sûr possible de les combiner entre eux. L’interaction avec les décors et les personnages est facile, rapide et les séquences cinématiques se déclenchent de façon fluide et sans aucun bug.
La vérité au bout du chemin
Lorsque l’on croise les habitants du village, on a l’opportunité de collecter des informations qui se montreront utiles pour résoudre les énigmes qui parsèment l’aventure. Chaque conversation propose des options de dialogues simples et naturelles, il suffit de choisir l’une des phrases pour orienter la conversation et lancer les scènes cinématiques correspondantes des acteurs et actrices concernés.
Le scénario est habilement construit autour d’une pandémie, mais il bascule rapidement dans le domaine de la science-fiction avec la découverte d’un code temporel. Sans trop en dévoiler, sachez que le récit propose plusieurs dénouements alternatifs, chacun résultant des choix que vous ferez. Ces divers embranchements jouent sur la rejouabilité du titre, car seule la bonne fin répond à toutes nos questions.
Une progression simpliste
Enfin, concluons sur une note moins favorable en ce qui concerne la simplicité des énigmes proposées. Non seulement elles ne présentent pas de véritable défi, mais elles sont également assez prévisibles, ce qui est regrettable. Prenons l’exemple de la scène de la mallette à ouvrir avec un code secret. Cette énigme est enfantine et convenue, nous aurions préféré de vrais challenges et une dose d’originalité, c’est dommage !
Par ailleurs, les incessants allers-retours, nécessaires à l’accomplissement de nos objectifs, finissent par casser le rythme de l’intrigue, créant un sentiment de déjà-vu. On se retrouve parfois à agir comme un automate, appuyant machinalement sur les flèches directionnelles sans réelle conviction.
Malheureusement, l’aventure se conclut rapidement et il ne faut pas vous attendre à des dizaines d’heures de jeu, mais plutôt à quelques-unes seulement. En moins de trois heures, nous avons achevé l’aventure en débloquant deux des trois fins alternatives disponibles. Cette brièveté peut donner un sentiment d’inachevé. Toutefois, il est important de noter que le titre est proposé à un prix très abordable.
The World After nous offre un doublage intégral, à la fois en français et en anglais. Les concepteurs manifestent une réelle volonté de rendre accessible leur œuvre aux joueurs internationaux et cet effort mérite d’être salué.
Le jeu est jouable depuis le 12 avril 2024 sur Xbox Series, Xbox One, PlayStation 4 et 5, Nintendo Switch, et depuis le 5 mai 2021 sur PC.
Testé sur Xbox Series X
