Edito - Sega me manque

«Un peu, en tout cas» le 20 mars 2016 @ 09:002016-03-26T09:16:23+01:00" - 18 réaction(s)

Toutes les annonces de Microsoft, qui se concrétisent en actes à peine évoquées, ne cessent de m’enchanter. J’ai déjà eu l’occasion d’expliquer pourquoi dans notre podcast Le Bruit de Fond, je ne vais donc que le résumer très vite ici en quelques mots.

Déjà, parce qu’il se passe enfin quelque chose dans un paysage vidéoludique que je trouve globalement bien morne avec cette génération de consoles. J’aime l’action, j’aime la nouveauté, donc quand quelque chose bouge, ça me plait ! Ensuite, parce que la convergence entre la Xbox One et le PC via Windows 10, quelle que soit sa forme, me semble être un bénéfice évident pour tout le monde. Les joueurs PC, puisqu’ils voient arriver des jeux qu’ils n’auraient pas eus, et pas des mauvais. OK, il y a peut-être à redire sur certains points techniques, mais j’ai envie de dire que cela restera de toute façon toujours mieux que quand le jeu n’existait pas. Mais bon, perso, je n’ai pas le PC qui va bien, je n’ai pas l’intention d’allonger la thune pour l’avoir, et surtout je reste avant tout un “joueur console” qui préfère poser ses fesses dans son canapé, allumer et jouer sans se prendre la tête. Ce n’est pas en 4K, ou même en 1080p ? M’en fout complétement, ça n’a jamais empêché un jeu d’être joli ou pas, et surtout d’être bon et agréable à jouer. Et pour le joueur console que je suis, le fait que le marché s’ouvre sans que la One ne soit abandonnée est une garantie supplémentaire de continuer à voir débarquer toujours plus de jeux. Enfin, l’idée même de se concentrer sur le jeu plus que sur le hardware qui le fait tourner ne peut que me ravir. Ce ne sont pas les machines que j’aime, en tant que joueur, ce sont les jeux. Cette mutation est à mon sens le grain de modernité qui peut éventuellement dé-scléroser une vision des choses qui n’a pas bougé depuis les consoles 8bits.

Bon, je pourrais développer beaucoup plus, mais ce n’est pas le sujet du jour, comme vous l’avez deviné en lisant le titre de cet édito. Je me suis plutôt posé la question, bien aidé par les commentaires divergents sur le sujet de la convergence, sur les raisons qui font que ce nouveau principe développé par Microsoft génère chez moi de l’enthousiasme. En y réfléchissant bien (c’est-à-dire après quelques bières), la réponse m’est apparue, de façon très claire (enfin, pas si claire que ça, puisqu’après quelques bières !) : je n’aime pas la Xbox One en tant que machine. Je crois que j’aime encore moins la PS4. Je ne veux pas dire par là que je leur en veux, c’est juste qu’en tant que machines elles m’indiffèrent. Or, si vous avez bien suivi mon argumentation, vous avez noté que je mets en avant le fait que les jeux sont plus importants que les machines. Et bien ça n’a pas toujours été le cas. Avec cette génération de consoles, la convergence existe déjà clairement au niveau du hardware. La Xbox One et la PS4 ne sont rien d’autre que des PC avec une interface pour jouer. On a récupéré tous les inconvénients du PC, avec les mises à jour et les installations. Reste une différence importante du fait de la simplicité du jeu sur consoles, mais plus aussi simple qu’avant malgré tout.

Attention, on va maintenant entrer dans la zone « c’était mieux avant ». Je prends donc le risque de passer pour un vieux grognon ressassant sur le passé, mais je pense qu’il est important de se pencher sur le jeu vidéo d’avant pour comprendre la logique de ce que fait Microsoft aujourd’hui. Il y a deux éléments qui me semblent capitaux : d’une part les jeux en eux-mêmes, et d’autre part la conception technique des consoles. Les deux se mêlent pour arriver à un résultat qu’on ne connait plus : les machines avaient une « personnalité » immédiatement identifiable.

Du côté des jeux, les choses étaient très claires. Si on préfèrait l’arcade, on allait chez Sega. On y trouvait des représentants de tous les styles, mais c’était le genre dominant. Le fabricant était aussi un développeur de jeux, donc on avait l’assurance de voir débarquer de très nombreux titres avec la patte du concepteur. Si on aimait les jeux de plateforme et les jeux pour toute la famille, on allait chez Nintendo. On y trouvait des représentants de tous les styles, mais c’étaient les genres dominants. Là encore, le fabricant était un développeur, ce qui donnait de bonnes garanties. La question n’était donc pas tant de se demander qui était le meilleur, mais plutôt de se demander à quoi on avait le plus envie de jouer. Avec l’arrivée de Sony, le message s’est un peu troublé. L’argument de Sony sur ses jeux est plus sur la mode du moment. A chaque fois que je dis ça je me fais incendier car on perçoit cette appréciation comme négative. Il n’en est rien. Si les jeux de ce créneau vieillissent de fait plutôt mal, ils correspondent toutefois à une vraie demande et répondent à une vraie envie du public, ce qui est très respectable et pas évident du tout à réussir. Par exemple, pour la Playstation, c’était Toshinden. La mode était à la 3D, ils ont livré de la 3D, et ce même si techniquement c’était difficile de faire autre chose que des jeux moches. Bref, si on veut ce qui est en vogue, on joue chez Sony, qui n’est pas un développeur, donc qui n’a pas la même patte sur sa ludothèque.

Du côté hardware, la situation était totalement différente de celle d’aujourd’hui. Les consoles étaient plus conçues comme des cartes d’arcade que comme des ordinateurs. Ainsi, d’une machine à l’autre, il y avait de GROSSES différences. Pas juste une différence de définition ridicule, des textures plus ou moins fines ou des temps de chargement fluctuants. On pouvait bien sûr déjà argumenter sur qui avait la plus longue, mais c’était sans doute encore plus stupide qu’aujourd’hui. Les couleurs n’étaient pas les mêmes chez Sega ou Nintendo, et on savait immédiatement sur quelle machine on était. Les routines de programmation étaient plus ou moins efficaces, et reconnaissables. Par exemple le fameux mode 7 de la SNES, et de l’autre côté les scrollings sur plusieurs plans de la Megadrive. Les capacités mêmes des machines étaient définies par leur conception, avec comme meilleur exemple la Saturn, capable de prouesses techniques grâce à une architecture complexe typique d’une carte d’arcade, mais en même temps poussive avec certains effets 3D ou les transparences. Cette étrange machine n’est d’ailleurs toujours pas émulée sur PC. La Playstation est à nouveau la machine qui à mon sens a commencé à installer la normalité dans les consoles, avec ses capacités et surtout son rendu qui étaient plus ou moins ceux d’un PC de l’époque.

Là où je veux en venir, c’est qu’aujourd’hui les consoles n‘ont plus de « personnalités » aussi fortes que par le passé. Celles de Nintendo mises à part, mais, tout du moins pour l’instant, cette marque est hors-jeu. Microsoft et Sony ont leurs licences, des produits déjà connus, de très bonne qualité, mais dont l’identité n’a rien de particulier qui la rattache à une marque ou l’autre si ce n’est le nom écrit sur le chèque à débiter. Cette identité en retrait, c’est la raison pour laquelle je n’arrive même pas à m’intéresser à la PS4, vu que j’ai déjà une Xbox One. Si j’avais une PS4, j’imagine que l’inverse serait tout aussi vrai. C’est la première fois dans ma vie de joueur que je ne cherche même pas à jouer à tous les supports existants : m’en fout, je ne vois pas assez de différences pour faire cet effort. Cette identité en retrait, c’est aussi la raison pour laquelle je cautionne autant la direction prise par Microsoft. A partir du moment où les consoles ne sont plus que des supports, et plus les vecteurs de diffusion de jeux bien particuliers, pourquoi s’acharner à continuer de les considérer comme autre chose que de simples supports ?

Et c’est pour ça que Sega me manque ! Leurs machines n’étaient pas juste des supports, mais aussi des bécanes conçues d’une certaine façon, pour un résultat à l’écran immédiatement identifiable. C’était aussi le cas pour Nintendo, mais bon, je suis un gars de chez Sega, le patron de l’arcade. Il est très probable que je n’aurais pas pris avec autant d’enthousiasme la convergence qui prend forme pour la marque Xbox si cela était arrivé pour une machine Sega, j’y aurais vu un risque de perte d’identité. Et d’ailleurs, c’est bien ce qui s’est passé quand Sega est devenu un simple éditeur. Leurs jeux n’ont cessé de se banaliser, ne se distinguant plus du tout-venant. Cette nostalgie de la machine définie par sa ludothèque et par le rendu technique qu’elle permet, ce n’est rien d’autre que ça : de la nostalgie. Soit on reste passéiste en recherchant cette configuration, et Nintendo est alors le seul choix cohérent, soit on accepte son époque avec des machines dont les différences sont tellement minimes qu’on n’est plus capable de deviner sur quel support un jeu tourne si on ne voit pas la machine qui est à côté de l’écran. On peut toujours se lamenter en disant que c’était mieux avant. C’est sans doute vrai pour certaines choses, mais aussi faux pour d’autres. Ce n’est ni mieux, ni moins bien, c’est juste différent. Comme dans Arnold et Willy, acceptons cette différence, et projetons-nous plutôt vers le futur : l’entretien d’un modèle dépassé, ça ne marche jamais, et l’évolution est une chose contre laquelle on ne peut de toute façon pas lutter. Plutôt que de grogner, et si on se contentait d’en profiter ?

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18 reactions

jmabate

20 mar 2016 @ 09:58

c’est au vieux con de d’adapter à un marché qui ne leur ressemble plus ! toi et moi somme une génération des années 80/90 ! nous avons connu une grande partie de l’histoire naissante des jeux vidéos et maintenant, il faut se laisser bercer par celle des générations suivantes (nos enfants) !

j’aime le jeux vidéo, mais dans l’état actuel, cela ne me ferais rien de ne plus le suivre...c’est une sorte de burnout, comme pour beaucoup d’autres choses, musique, cinéma, mode vestimentaire, consommation, etc. cela tourne en rond !

mes enfants découvrent de jours en jours le monde et l’interprète différemment car tout est nouveaux ! c’est à eux maintenant de vivre le jeux vidéo...ils ont juste un vieux con qui les assistes et un coffre à voyager dans le passé si ils le désirent ;-) je me dois donc d’être présent pour eux et de ne pas être un boulet, celui qui ne comprend rien :’-))

à l’inverse, Sega ne me manque pas plus que çà ! quand je regarde ma collection, c’est clairement la megadrive qui me rend le plus nostalgique (c’est du à l’age aussi...15 ans à l’époque), mais la saturn et la dreamcast ne m’ont pas autant marqué comme à pu le faire la genesis ou même la xbox qui a était une vrai étincelle qui a ravivé la flamme jeux vidéo qui sommeillait en moi depuis les PS1, saturn, dreamcast, n64. la 360 à clairement continué à alimenter le feu, mais ce n’est pas le cas de la One et de la PS4 ! par contre Sega a été un acteur important pour la xbox (shenmue 2, panzer dragoon orta, otogi, gun vlakyrie) et c’est peut être cela aussi qui a fait que j’ai adhéré à cette machine ;-)

la One n’est pas une mauvaise machine et comme tu le dis, c’est le jeux qui est le plus important ! mais il est d’autant plus important que le choix de la machine est le point sensible de ce choix ! il n’est pas concevable de ce dire : « pas de soucis, j’achète tous les supports ! » ce n’est pas impossible dans les faits, mais ce n’est pas ce que je veux leurs enseigner !

electroforez

20 mar 2016 @ 10:06

Amen.

Très bon texte.

Blondin

20 mar 2016 @ 12:20

’est la première fois dans ma vie de joueur que je ne cherche même pas à jouer à tous les supports existants : m’en fout, je ne vois pas assez de différences pour faire cet effort.

Très vrai. Quand j’avais 15 piges, c’était une question de moyens ; je ne pouvais pas me permettre d’acheter tous les supports existants, donc je devais faire un choix (difficile).

Aujourd’hui, je bosse et je gagne correctement ma vie, mais finalement comme toi, je ne vois pas assez la différence entre les machines pour être intéressé ; je me disais que j’achèterais la PS4 le jour ou il y aura assez de jeu qui le justifie : plus ça passe, plus je me dis que ça n’arrivera jamais (pas qu’il n’y ait pas de bons jeux, mais pas assez de jeux intéressants que je ne puisse trouver sur One (ou PC dans mon cas)).

Dans ce sens, je suis d’accord avec toi, moi aussi je regrette Sega (ou plus généralement le temps où les consoles offraient de vraies différences), mais comme le dit en substance jmabate, c’est l’époque qui veut ça. Le modèle de l’époque n’était plus viable (le matériel évoluant tout simplement trop vite (à l’avantage du PC), la demande n’étant plus la même et... L’arcade ayant dépéri), il a évolué vers quelque chose de plus globale (et donc de plus rentable).

Ceci dit je vois tout de même du positif ; je joue toujours énormément, et je n’arrive pas à faire tous les jeux que je veux faire, ce qui prouve bien qu’on me propose des jeux (et des consoles) qui me plaisent. D’ailleurs c’est peut être une coïncidence, mais j’ai l’impression que pas mal de gens ici qui ont une Xbox ont étés Sega à un moment où le marché était dominé par la PS1 ou la PS2. Sans vouloir dire que MS a hérité de l’esprit Sega (ce qui est loin d’être le cas), il a au moins hérité en partie de sa clientèle qui voulait quelques chose d’un peu différent (différence qui est beaucoup moins flagrante que par le passé, mais je pense que ça montre qu’elle existe toujours).

Mattanys

20 mar 2016 @ 12:30

Sega me manque aussi ! Et c’est peut être un peu pour cela que j’ai opté pour la Xbox One.

Je ne saurais vraiment l’expliquer mais les Mechas de Titanfall me rappellent les joutes endiablées d’un Virtual On, Sunset Overdrive me renvoie direct au début des années 2000 et ses jeux très arcades et colorés tels Crazy Taxi (ya ya ya ya ya ) ou Jet Set Radio, Ryse, un bon beat ’em all bien bourrin à l’ancienne avec ses giclées de sang rouge vif, Forza Horizon 2, Crimson dragon...bref de la couleur, du fun, de l’arcade, de la nostalgie...

Je veux une Dreamcast 2 et en attendant, je vais me refaire tous les Alex Kidd d’une traite, sans perde un seul « papier, caillou, ciseaux » !!!

mika450

20 mar 2016 @ 12:56

quel coincidence que vous parlez de sega j’ai rêver avant de me révéiller aujourdhui que sega avait sorti une nouvel console et des nouveau jeux:-P j’ai rêver aussi que mes cheveux été plus court que maintenant....:-/

raziel691

20 mar 2016 @ 13:11

Très bon article avec une bonne analyse que je partage (ca fait du bien de lire quelques choses d intelligent et réfléchi sur les jeux video sur le net...)

Félicitations ☺

cedkiller

20 mar 2016 @ 14:47

C est vrai que sega manque énormément dans le monde du jeux vidéo .fan de la première heure de la dreamcast et vue le nombre de bon jeux sortie en 2 ans d existence je me demande toujours pourquoi sega on pas continué sur leur lancé sur les autres consoles (sega rally, crazy taxi, f355 , head Hunter, shen mue , jet set , pso maintenant limité qu au japon ... et j’en passe...

On nous sort des remakes de j eux qui ont 2-3 ans mais perso je suis plus intéressé par des jeux qui ont 15 ans . Je dirais pas non à quelque remaster sega de cette époque la !!

mika450

20 mar 2016 @ 14:56

@ cedkiller : hum un bon sega rally, ou le shinobi qui était sorti sur nintendo 3ds il était bon:-) pourquoi ils ont pas resorti sur xbox live arcade, ou un remake du shinobi sorti sur ps2 autrefois, sega manque beaucoup:’-(

jmabate

20 mar 2016 @ 15:20

la ninja team est pour moi un héritier de Sega avec la série Dead or alive qui doit beaucoup à Virtua Fighter et Ninja gaiden qui est un très bon shinobi ;-) même si cette IP a le même age. Drive club, rallysport challenge sont en sorte un sega rally, sunset overdrive une sorte de jet set radio voir même d’alien storm :-)), Ryse un bon golden axe, motoGP un bon manx TTsuperbike road rash étant un jeux de 2 roues vraiment à part :’-))), etc.

Sega reste et restera une inspiration pour notre génération de joueurs et les suivantes ! mais n’étant plus une marque qui est associé au mot « innovation » (arcade, technologie, éditeur), il lui est difficile de remettre au gout du jour des IP qui n’existent que part une certaine nostalgie...

aujourd’hui, si Sega doit sortir leurs anciennes IP, je souhaite qu’il les traite comme MS avec les anniversary de Halo !

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wade

20 mar 2016 @ 15:44

C’est Beau ! ...sniff... me suis reconnu dans ce texte !.....

VIVE SEGAAA.......sniff.... (du coup je retourne sur ma Megadrive me faire un Silphed..)

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