Edito - Où est le videur ?

«T’as des baskets tu rentres quand même» le 10 octobre 2015 @ 15:002015-10-10T12:07:29+02:00" - 21 réaction(s)

Et si on s’était trompé ?

Le « on » utilisé ici remplit à merveille sa fonction à la fois impersonnelle et collective, puisqu’il désigne l’ensemble des joueurs, y compris, je dois bien l’admettre, moi-même.

A l’annonce des Xbox One et PS4, une des critiques qui a été formulée à l’encontre de la machine de Microsoft soulignait le faible catalogue de jeux indépendants, surtout comparativement à la concurrente PS4. Cette dernière, habilement, a même utilisé cette manne de jeux pour dissimuler une ludothèque alors encore plus faible que celle de la One, ce qui n’est pas peu dire. Ainsi, en un temps record, la PS4 est devenue la machine des jeux indés, et donc la machine sympa avec les créateurs. D’ailleurs ces derniers ne se sont pas fait prier pour le souligner. La méthode est simple : laisser les portes ouvertes. Sony a clairement affirmé que sa PS4 serait un PC de salon, et va au bout de sa logique en proposant un Sony-Steam.

En termes d’image, c’est (une fois de plus) une superbe réussite : Sony est le gentil qui laisse toute liberté à tout le monde pour avoir accès au plus de jeux possible. Autant dire que j’ai parfaitement cautionné cette position, agacé de ne pas profiter de quelques titres très intéressants sur ma Xbox One. J’ai même pesté contre Microsoft et sa désagréable habitude de vouloir mettre son nez partout. Ils ont raison ces créateurs ! Que MS aille se faire voir, on est mieux chez Sony !

Face à l’unanimité de la grogne, Microsoft a bien entendu réagi, en particulier sous l’impulsion de Phil Spencer, désireux de voir le catalogue de la One devenir le plus gros, y compris sur ce créneau de l’indé où tant de retard a été pris. Là encore, comme tout le monde je pense, j’ai vu d’un très bon œil l’explosion du programme ID@Xbox. Il faut dire que le résultat est spectaculaire : c’est une avalanche de titres qui s’est déclenchée. Certains étaient déjà sur PS4 depuis longtemps, d’autres débarquent en même temps, d’autres sont exclusifs à la Xbox. Maintenant, chaque machine a ses jeux exclusifs, mais comme pour les jeux classiques, les deux tendent de plus en plus à se ressembler. Quand je regarde les catalogues respectifs, je suis plutôt content de jouer sur Xbox One… Mais rien ne dit que je ne serais pas tout aussi content sur PS4, car plusieurs jeux indés que je ne trouve pas sur le Marketplace me font de l’œil.

Les vannes étant ouvertes, avec même en bonus le soutien évident de Microsoft pour son programme, je devrais donc être le plus heureux des hommes, tout comme l’ensemble des joueurs ayant réclamé exactement ce résultat.

Et pourtant.

Je me rends compte que je regrette terriblement le Xbox Live Arcade de la Xbox 360. Il faut savoir changer d’avis et reconnaître quand on s’est trompé… Au final je regrette que la Xbox One se soit elle aussi transformée en un Steam de salon. Que Microsoft accompagne des développeurs indés, voire qu’ils financent des projets plus ambitieux, cela me convient parfaitement, c’est ce qui nous permet d’avoir des merveilles comme Ori. Mais par contre, l’offre est devenue une sorte d’immense bordel. Quand j’enviais Sony au début des machines, je ne suis pas allé faire un tour sur son Store. Cela m’aurait sans doute mis de suite la puce à l’oreille. Ce qu’on voit maintenant, c’est l’effet pervers de l’absence de contrôle à l’entrée. C’est comme dans une soirée où l’organisateur a dit OK aux copains des copains des copains : n’importe qui entre, et l’ambiance devient désagréable, d’autant plus qu’il n’y a pas de videur pour mettre à la porte les fouteurs de merde.

Certes, l’offre est pléthorique, mais de quoi est-elle composée ? Franchement, n’y-a-t ‘il pas trop de jeux médiocres, voire pire que médiocres ? Le fait que je sois testeur n’aide pas, je m’en rends sans doute mieux compte… Il y a dans ces jeux indés beaucoup de titres qui n’ont pas le niveau. Des jeux qui n’auraient pas reçu de feu vert dans le cadre du Xbox Live Arcade… Non pas que tout était bien, loin de là, mais on ne descendait pas aussi bas qu’actuellement. J’imagine qu’il y avait une sorte de cahier des charges à respecter. De la même façon, n’y-a-t’il pas trop de jeux qui viennent directement de Steam, support sur lequel ils sont disponibles depuis déjà des lustres ? Ce n’est pas forcément une mauvaise idée de proposer ces jeux, mais peut-être pas en si grand nombre, ou alors ne faudrait-il pas qu’ils se fendent d’un lifting minimum avant d’être proposés au prix fort ?

Les prix, parlons-en… Je doute que ce soit Microsoft (ou Sony) qui les dicte, même s’ils prélèvent bien entendu leur part en passant. Sérieusement, n’avez-vous pas l’impression que les indés ne savent pas à quel prix vendre leurs jeux ? Quand un jeu dispo sur Steam depuis 2 ans arrive sur Xbox One, ne propose rien de plus, et est facturé 2 euros de bonus alors que le titre a déjà été bradé à plusieurs reprises sur Steam, et a surtout déjà été exploité… N’avez-vous pas l’impression d’être pris pour un aimable pigeon ? Cela est d’autant plus désagréable quand on parle de ces jeux qui viennent directement du mobile, et qui y sont parfois gratuits ou pas loin.

Quand on additionne tout ça, j’ai l’impression qu’on arrive à une situation totalement improductive et au final néfaste à la fois pour les joueurs et pour les (bons) développeurs. Le catalogue, énorme, continue d’être abreuvé chaque semaine de titres sympathiques, mais qui sont noyés en un rien de temps au milieu d’autres jeux bien plus génériques, ou juste très mauvais. De cette façon, ils passent magnifiquement inaperçus… Pour les joueurs, c’est pratiquement impossible de suivre le rythme. Les médias n’arrivent pas à suivre et à parler de tout. Et encore, puisque vous êtes sur Xboxygen, vous n’êtes pas sans ignorer qu’on fait ici un maximum d’efforts pour vous proposer le plus de tests possible. Et il faut bien ça, car comment faire autrement pour s’intéresser à ce foutoir ? Si on n’allume pas sa console pendant une semaine, on ne peut déjà plus voir des jeux pourtant récents sans naviguer pour aller les chercher. Autant dire que la mise en avant est nulle, et devient la même pour 90% des titres, quelle que soit leur qualité.

C’est pour toutes ces raisons qu’un travail éditorial me manque. Je préférerais un filtre à l’entrée, avec comme résultat moins de jeux, mais par contre avec des titres mieux soutenus, voire aidés. J’aimerais que les titres qui se foutent de nous n’arrivent pas jusqu’au catalogue, qu’on ne perde pas son temps à se renseigner sur n’importe quoi. A la quantité, je préférerais la qualité. Prétendre qu’on peut avoir les deux est une utopie : même si la qualité est bien là aujourd’hui, cet effet de masse médiocre mélangeant des jeux de niveaux très variés, avec une absence de cohérence jusqu’aux prix pratiqués, nuit terriblement aux meilleurs représentants. Ceux-ci sont assimilés à ce niveau moyen, et c’est bien l’ensemble qui provoque le désintérêt des joueurs, de ceux-là même qui réclamaient à corps perdu qu’aucune sélection ne soit faite. Avec un peu de recul, il aurait été plus malin de laisser Sony aller dans cette logique, et d’en adopter une autre, sans doute moins politiquement correcte, mais plus sélective et avec une vraie vision.

Des gammes de prix cohérentes, des catégories de jeux permettant de tout de suite savoir à quoi on a affaire… Oui, vraiment, le Xbox Live Arcade me manque.

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21 reactions

Maxattacks

12 oct 2015 @ 12:37

le concept de jeu indé a les défauts de ses qualités.

ça qualité première est de faire émerger un jeu innovant, des talents inconnus, ou des concepts différents mais accrocheurs. Bien entendu j’entends pas la des choses qui ne sont ou n’ont pas été faite dans le circuit traditionnel. Pour cela, il offre à des personnes hors du système habituel des studios, un espace de pour montrer leurs créations artistiques directement aux joueurs. Quoi de mieux que le jugement direct du consommateur sans le filtre des équipes marketing, qui croient savoir parfois mieux que nous ce que nous aimons.

il faut reconnaitre (même si je suis loi d’être fan des indés), que grâce à cela on a eu quelques perles, et que certains talent actuel se sont fait connaître par cette voie.

a coté de cela, et c’est le gros défaut du concept, combien de mauvais jeu pour sortir une perle ? La foultitude de cette production permet statistiquement par effet volume de sortir parfois des perles..... encore faut il s’y retrouver. le bouche à oreille me direz vous, pourquoi pas, mais je ne suis pas sur que cela soit possible, vu la quantité, que sans quelques « archéologues » passionnés le système soit efficace. en cela je suis plutôt favorable à un système de certification, histoire de réduire un peu le champ.

enfin et c’est une des raisons qui m’a fait regréter mon ps+ par exemple, c’est qu’en début de gen sony et microsoft n’ayant que peu de jeu next gen on ultra abusé de la promotion des jeux indè. quand on vend un abonnement online et qu’on prétend que c’est surtout l’offre de jeu qui permet d’amortir le dit abonnement, et qu’on fourgue de l’indé (même bon), on se fout un peu du consommateur je pense.

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